Les Oubliés



LAND OF MINE (les Oubliés) de Martin Zandvliet


Land of Mine est un film danois, ce qui est rarement le cas des films que je regarde. Land of Mine est un titre parfait pour le film dont je vais vous parler, mais un traducteur fou est passé par là et l'a transformé en les oubliés. Titre qui ne fait pas vraiment sens à la vue de ce long métrage.

Ce film nous ramène en 1945 lorsque la guerre se termine et que le Danemark doit déminer ses cotes ou ont été enterrées 2,2 millions de mines, plus que nulles part ailleurs en Europe. Pour rendre les cotes à nouveaux accessibles, les soldats danois décident d'utiliser les prisonniers de guerre allemands avant de les renvoyer dans leur pays. Dans L'Histoire ils furent deux milles à déminer et la moitié furent tués ou blessés. Cette histoire suit une quinzaine de soldats et nous nous attardons sur un petit groupe. Le réalisateur n'est jamais dans la complaisance. Et surtout pas avec l'histoire de son pays, ce qui est assez rare quand ça concerne les films qui traitent de la seconde guerre mondiale et de ce qui s'est passé après.

Il dessine l'animosité qui confine à la haine du soldat allemand par touches, créant un contexte et dépeignant un climat. Ceci dès la scène d'ouverture très explicite sur les sentiments du sergent qui va encadrer les soldats germaniques. Ou par le biais de la haine et la peur d'une mère (probablement veuve) au quotidien. Elle qui aux allures si douces semblent capable de souhaiter le pire pour des enfants tant qu'ils sont allemands. Ou encore en montrant comment les soldats victorieux prennent les perdants pour leurs jouets voir des sous hommes.
Ensuite il utilise les décors naturels somptueux de bord de mer. Il les filme sous la pluie. Donnant ces images en hiver ou tout est kakis et les gris, on ressent l'humidité le froid et la crasse. Mais lorsque le temps s'éclaircit, la réalisation desature toutes les images. Il créé un univers particulier, ou les uniformes ont un aspect délavé et passé. la luminosité est blanche et froide, même le sable devient blanc.

La chose la plus marquante de ce film est le choix de ces acteurs. A la fin de la guerre l'armée allemande est décimée, et partent au front des enfants, des jeunes adolescents. C'est eux qui sont capturés et qui vont déminer les plages. la majorité de ces soldats n'ont jamais été au combat. Il ont des envies d'enfants. Le parti pris est donc de caster que des jeunes hommes, aux teints de lait et aux yeux translucides. Cela créer des moments en complet décalages avec la cruauté de ce qui les entoure. Par exemple lors des interactions avec une petite fille blonde et pleine de candeur et d'innocence. Ces relations sans idées préconçues sont un contrepoint à la situation qu'ils vivent.

Le film n'est pas rythmé par une musique ou tout autre chose, il n'est habillé que par des voix pas encore matures et des explosions par ci ou par là. Je pense que je n'ai jamais autant sursauté devant mon écran. Cette ambiance sonore, et l'économie des dialogues font ressortir le peu de mots prononcés. Et ils revêtent une importance particulière mettant en exergue la jeunesse de ces soldats et leurs rêves d'avenir.
Les acteurs sont incroyables si jeunes et pourtant si doués. Je ne vais en citer que deux, mais j'aurai pu m’arrêter sur chacun d'eux. Il y a l'adulte, le sergent allemand qui évolue tout le long du film, interprété par Rolland Moller.  Puis il y a l'un des jeunes soldats des plus charismatique, il mange l'écran, et nous fracasse l’âme. Il est interprété par Louis Hofmann. C'est la première fois que je le vois dans un film, mais il a déjà une longue carrière. Il est extraordinaire.

Ce film m'a séduit car il n'est pas manichéen. Il est à la fois épuré, et fort. Il n'est pas étonnant qu'il soit nommé aux oscars dans la catégorie « best foreign language film » car il est à la fois une bijou technique et nous rappel une par de notre histoire à laquelle on n'aime pas être confronté.


Silence


SILENCE de Martin Scorsese

A l'heure de l'annonce du partenariat entre Netflix et Scorsese pour la production de son nouveau film. Il est temps de parler du dernier opus de son œuvre silence qu'il a mis vingt ans tourner. Ce film est tiré du livre éponyme de Shusaku Endo. Bizarrement ce film majeur dans sa filmographie, si épuré a fait l'unanimité dans notre maison alors que nous avions tous les deux une vision différente du message religieux que voulait faire passer le réalisateur. Cet écrit encore plus que d'habitude est juste l'expression de mon sentiment.
L'histoire se situe au XVIIeme siècle. Au japon, les jésuites qui évangélisés l’île ne sont plus les bienvenus. Le père Cristovao Ferreira a disparu. Il est un missionnaire de premier ordre. Au détour d'un convoi marchant et maritime une lettre arrive ou il renie Dieu, et son engagement dans les ordres.

Face à ce courrier deux frères qu'il a formé, décident de s'embarquer pour le Japon. Ils ont conscience d’être les derniers missionnaires à y partir, leur but est de trouver le père Ferreira. Mais des qu'ils arrivent, ils se retrouvent face à une population évangélisée en pleine détresse car elle ne peut pas exercer son culte. Ils se mettent à dire des messes, donner des sacrements, et sont vites confrontés à l'inquisition japonaise. Il y a des films qui vous touchent par leur beauté. La beauté sans fioriture de ce film m'a ému. Scorsese pause sa caméra de ne manière à ne laisser de la place qu'à l'histoire. Certaines images sont très légèrement desaturées, d'autres sont très contrastées. Les scènes de nuits sont aux flambeaux. Il n'y a jamais une lumière ou une image qui est facile. La maîtrise du maestro est totale.

Tout est beau et il est bon de se laisser mener par le réalisateur. Et il faut avouer que c'est assez prodigieux, car c'est un film fleuve de 2h40 et une partie est consacrée à regarder appliquer des tortures aussi bien physiques que morales, mais à aucun moment il y a de l’ennui. Il y a une alchimie parfaite entre ce film et son spectateur. Puis il y a cette manière de filmer l’Asie fantasmée de cette époque; ses couleurs ses habits, ses tissus ses habitations. Le pauvre et le riche, celui qui vit dans les petits villages, et ceux qui vivent dans un lieu un peu plus urbain; ce sont des films dans le film. Tout est remis en cause et filmé différemment avec une maîtrise parfaite. J'aime son choix d'acteurs, ils sont tous très bons. Mais le tandem Adam Driver et Andrew Garfield est un pur bonheur. On a l'impression qu'ils sont nés pour avoir ces rôles. Et même si je suis pour plus d'Adam Driver dans ma vie de cinéphile. Je trouve qu'il a un corps pour incarner le frère Francisco Garupe.
Son aspect longiligne, ses cheveux bruns et raides donnent corps à sa vision de la religion. Sa volonté d’être intègre face à ce qu'il a appris. Il y a dans cet homme d'un profond sentiment religieux qui va de paire avec le respect des règles qui lui ont été enseignées; et une volonté d'aider les autres. Il est probablement le personnage le plus attachant de ce film car il est le plus déchiré. Andrew Garfield quant à lui est le frère qui est le plus apte à détacher sa foi des rituels qui accompagnent son culte.

Très rapidement il montre comment il peut passer sur certaines choses, et démontre une aptitude à prioriser des événements même les plus inacceptables à nos yeux. Puis il y a la manière dont il apparaît spécialement en seconde partie du film, avec ses cheveux souple coiffés, ses kimonos. Tout, même dans les pires moments respire en lui, la réflexion,et la force de ses convictions et son adaptabilité. Le sujet du film nous amène aussi à parler de l'inquisition japonaise. Je ne connaissais rien de ça. C'est un peu l'anti thèse de ce qui s'est passé en Europe, avec une seule constante la torture. Le but ici est que les japonnais abjurent la religion catholique et soient tous bouddhistes. On pourrait parler pendant des heures sur le fait que le bouddhisme est la religion pacifique par excellence et que c'est pas compréhensible qu'elle se retrouve au milieu de tout ça. Mais elle apparaît tout autant utilisée que l'est le catholicisme.

L'inquisition ici , permet de poser des question sur la torture. Elle est mise en scène en reprenant l'imagerie de la religion catholique. Et alors qu'en Europe les historiens la décrivent comme plutôt physique, ici quand le but est de faire céder un prêtre la torture est morale, et menée par quelqu'un qui connaît les mécanismes des religieux.
Mais ce film est aussi un questionnement sur la religion, et à bien des égards il ressemble au questionnement d'un croyant sur sa foi et sur l'église. Chaque moment du film semble toucher interroger un thème précis. Que ce soit la place du religieux dans l'institution? qui est le plus important l'individu ou l'institution? Ou encore est ce que dieu est dans l'église ou dans les silences? Ce ne sont que quelques uns des thèmes de réflexion abordés

Ce film m'a fasciné. Mais je suis athée et j'ai une culture catholique de base. J'ai pu avoir la distance parfaite pour l'apprécier. Alors que d'autres personnes, pour différentes raisons y seront insensibles. Mais a minima c'est un très bel objet cinématographique.

Cien anos de perdon


Pete, braqueur réglo et très pro, se lance avec cinq de ses hommes sur un gros coup : le casse d'une grande banque internationale. Ils doivent maîtriser une dizaine d'otages et vider un maximum de coffres-forts avant de s'échapper par un tunnel souterrain. Mais l'opération se complique lorsqu'ils réalisent que leur unique voie de sortie est inondée. Pris au piège de cette forteresse, les braqueurs finissent par découvrir que l'un des coffres renferme bien plus que de l'argent. Et si leur mystérieux commanditaire ne leur avait pas tout dit ?

Cien anos de perdon – 31 Janvier 2017 – Réalisé par Daniel Calparsoro

[EDITO] Depuis la généralisation du piratage des œuvres cinématographiques et l’échec des diverses politiques de répression qui ont été mises en place; il y a toujours un problème majeur qui se pose, la disponibilité du film dans le cadre d'une offre légale face au piratage. Globalement (C'est un exemple général, pas une généralité), un film est disponible en dvd/bluray au bout de quatre mois après sa sortie en salle, dépassé ce délai, le film se retrouve (Presque automatiquement) alors sur la toile dans une qualité équivalente. De ce fait, un film qui met plus de quatre mois entre ça première date d'exploitation et l’hypothétique date de sortie chez nous à donc plus de chance de se faire pirater, car il sera d'une meilleure qualité et qu'il sera ainsi plus intéressant pour l'internaute. Un bémol qui devrait faire réfléchir tout les acteurs du marché, car ça les pénalise tous et qu'au final si nous consommateurs on veut faire un effort, il faut aussi que ça suive de l'autre coté … [FIN EDITO]

Cela fait plusieurs années que je reste à l’affût de la moindre sortie d'un film espagnol, du moins j'essaye et quand j'y arrive je ne le regrette que rarement. Mais ce qui est difficile quand on apprécie le cinéma espagnol, c'est qu'en plus de ne pas être bilingue, c'est de devoir attendre que le film sorte en France, soit directement en vidéo, soit au cinéma (Le Graal) et la c'est un chemin de croix. Ici j'ai attendu entre la sortie espagnole du film de Calparsoro et la sortie chez nous en VOD, dvd et blu-ray presque onze mois et diantre qu'est ce que c'est long …

C'est un jour comme un autre à Valence, enfin presque, si ce n'est les trombes d'eau qui s'abattent sur la ville en discontinue et qui donne à la ville un air de fin du monde. Malgré tout la vie continue, les gens se rendent au travail, comme ceux d'une banque du centre, ou mobilisés autour de leur patronne, ils commencent une nouvelle journée. Les clients arrivent avec leurs lots d'interrogations et d'agacements, une nervosité ambiante qui fait partie de leur travail. Une journée qui va alors prendre une tournure étonnante, une bande de braqueurs arrivent dans la banque et les prennent en otages. L'équipe à l’œuvre est menée par « El Uruguayo » et « El Gallego » qui ont un plan extrêmement bien pensé qu'ils développent sans encombre, se montrant même courtois avec les otages. Alors que chacun sait ce qu'il a à faire, que tout semble aller pour le mieux, une imprévue s'invite dans l'équation, la pluie ! « El Gallego » qui s'occupe de l'issue de secours pour s'échapper, trouve leur sortie remplie d'eau et comme il n’arrête pas de pleuvoir, le timing devient de plus en plus court. Et quand enfin ils se décident à filer, ils sont dans l'incapacité de partir de la banque … 

Sur le papier, comme avec les bandes-annonces, « Cien anos de perdon » promettait un divertissement de qualité, un « Inside Man » espagnol avec toute la particularité de cinéma, inventif, puissant et audacieux. Hélas à mon grand regret, le dernier film de Daniel Calparsoro se prend les pieds dans le tapis, par un excès de générosité manifeste qui ne rentre pas dans les 97 minutes que dure le film.

Au scénario on trouve « Jorge Guerricaechevarria », un scénariste de renom qui est un collaborateur régulier de « Alex de la Iglesias » (El dia de la bestia, Perdita Durango) et de « Daniel Monzon » (Celda 211, El Nino). Son histoire est au départ un braquage classique, avec plan établi, prise d'otages, fuite, mais il complexifie cela en ajoutant une seconde intrigue impliquant un homme politique. Dans sa seconde partie, le film ressemble alors à « The Bank Job » de Donaldson ou les braqueurs se retrouvent face a quelques de choses d'inattendu et de bien trop grand pour eux, mais ceux du film s'en servent comme d'une monnaie d'échange pour s'assurer une fuite tranquille. Un jeu de dupes intéressant jusqu'au final qui met en lumière la corruption dans le milieu politique espagnol.

Sauf que cela n'est intéressant que par intermittence, car le scénariste a multiplié les intrigues jusqu'au point qu'on ne comprenne plus qui est qui, qui fait quoi et pourquoi. Le film se noie littéralement sous ses propres sous-intrigues, entre deux braqueurs en conflit, les braqueurs et la police, les braqueurs et les services secrets, la police et les politiques ou encore la police et les services secrets. C'est confus, énervant, inintéressant, frustrant et cela gâche le potentiel de départ, surtout que dès que le récit se recentre sur son intrigue principale, le film revit et les acteurs peuvent s'exprimer pleinement.

C'est la que le film n'a pas grand chose à se reprocher, car le réalisateur Daniel Calparsoro sait tenir sa caméra pour mettre en valeur ses décors et ses comédiens. La photographie de Josu Inchaustegui est impeccable même si un peu simple dans l'idée (bleu/gris pour la pluie et jaune pour le beau temps), elle ne manque pas d'intensité ni de contraste et couplé au travelling aérien ample de la ville de Valence c'est juste magnifique.Une précision que l'on retrouve à la fin, ou débarrasser du superflu, le cadre est précis, les mouvements assurés et le suspense se fait sentir peu à peu. Mais c'est trop peu pour relever le niveau du film auquel il manque au moins 30 minutes pour fonctionner correctement. Ceci dit il peut compter sur un casting de choc, avec entre autre Rodrigo de la Serna, Raul Arevalo, Jose Coronado, Joaquín Furriel, Patricia Vico et l'excellent Luis Tosar. 

Décevant !


Le Criminel


LE CRIMINEL de Orson Welles


Nous avons du voir trois ou quatre films d'Orson Welles d'affilés. Ils m'ont tous touchés de manières différentes. Lorsque Fred a décidé que j’écrirai sur The Stranger, son titre original, ça me convenait très bien. Alors que je récupérais les informations fonctionnelles sur le film, j'ai été surprise par la manière dont il était perçu,entre maillon faible de la filmographie du réalisateur et un film sur commande pas bien aboutit. Je n'ai pas eu ce sentiment et c'est de ça dont je vais vous parler. Avant tout je suis pleinement consciente de ne pas avoir les connaissances que d'autres ont, et que sûrement que les personnes qui ont une culture cinématographique plus étoffés que la mienne auront une autre vision de ce film. Mais pour moi il est une référence. 
L'histoire commence à la fin de la guerre. L'inspecteur Wilson, homme rondouillard qui fume la pipe est à la recherche de Frantz Kindler, un nazi de première importance.
Il est suspecté d'avoir théorisé et organisé la solution finale. Mais ce criminel de guerre a préparé son départ. Il est impossible de trouver son dossier militaire, une photo de lui, ou ses empruntes. La seule solution est de laisser filer un criminel moins important que lui, de le suivre, et il les amèneront à lui. C'est comme cela que le commissaire et l'ancien prisonnier se retrouvent dans un petit village américain. Le jour du mariage de Charles Rankin et de la fille du juge Mary Longstreet. Ce film a été tourné alors que s'ouvrait le procès de Nuremberg. Il aborde à chaud la fuite des criminels allemands, les camps de concentrations... je suis assez admirative de la rapidité avec laquelle ce film a été écrit, et réalisé et cependant le propos et mature et réfléchi, ça sonne juste, et l 'histoire reste efficace. L'une des autres richesses du scénario sont les ressorts psychologiques qui sont développés.

Même si dans tous les films que j'ai pu voir de ce réalisateur, elle a une grande place, ici elle est expliquée et développée « in vivo », ça met le spectateur dans une position d'observateur, voire de sentinelle, très agréable. A l'image , moi qui aime les films en noir et blanc avec de forts contrastes, j'ai été ravie. ils sont poussés à leurs maximums, en particulier à la fin du film. Ils viennent enrichir la construction de l'image, toujours si riche dans les fils d'Orson Welles. Elles se découpent en plusieurs plans avec une richesse géométrique et de profondeur que je n'avais jamais vu ailleurs. J'ai un vrai plaisir visuel devant ces films. Si celui ci n'est pas aussi bouleversant que ce que j'ai ressenti devant Citizen Kane,j'avoue que ça a été une magnifique expérience.


Ceci est majoré par tous les partis pris sur les éléments symboliques qu'il met en scène. Il est difficile d'en parler sans dévoiler le fil narratif de l'histoire. Mais la manière dont il exploite les symboliques autour de l'horlogerie, du temps, et de la vengeance m'a captivé, sa mise en image est tout aussi fascinante.
L’autre choix très courageux de la réalisation est très engagé. Orson Welles intègre à son film le visionnage d'une pellicule tournée au moment de la libération des camps de concentration. Ces images nous font encore détourner les yeux quand on les voit. On les connaît. On est conscient de l'horreur de ce qui s'est passé. Mais ici le film devient un témoignage historique. Et je me demande comment le spectateur de 1946 a vécu cela. Il est remarquable de voir comment ce passage est amené, comment le visionnage est encadré et expliqué,

presque de manière pédagogique. En tant que spectateur on n'est jamais laissé seul face à ces images. Je ne me souviens pas avoir vu cette manière de faire ailleurs. Et tout ceci est exécuté dans un cadre tout a fait classique. Une leçon de savoir faire. Le casting est mythique et je ne sais ce que je pourrai dire si ce n'est que, Orson Welles est à la fois inquiétant et charismatique. On comprend ce qui fascine sa nouvelle femme. Cette épouse est interprétée par Loretta Young. Elle excelle dans ce rôle de femme forte en plein déni. Puis Edward G Robinson est un policier psychologue assez anachronique mais fascinant.

Le Criminel ou The Stranger a été une découverte pour moi. Une leçon sur comment faire un film engagé en l'enrobant d'une forme pour le moins classique d'un polard. Pour moi le visionnage de ce film a été un moment privilégié.


I comme Icare



A la suite de la mort d'un Président d'un Etat fictif, le procureur Henri Volney qui s'est penché sur ce décès refuse les conclusions de l'enquête. Il parvient à interroger un témoin qui lui dévoile la part d'ombre de cette histoire, mais les auteurs du meurtre ne souhaitent pas qu'il découvre la vérité.

I comme Icare - 19 Décembre 1979 – Réalisé par Henri Verneuil

Découvrir un film cela tient parfois à peu de choses, à l'envie, un nom ou alors une conversation. C'est ainsi qu'il y a quelques mois, après avoir découvert l'excellent film de Costa-Gavras « Z », on m'a conseillé au détour d'un échange sur twitter de me pencher sur un film de Henri Verneuil qui pourrait me plaire, car étant de la même veine que « Z ». C'est « I comme Icare », un film qui reprend à sa manière les grandes lignes sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, soit 12 ans avant le chef d’œuvre de Oliver Stone « JFK ».

Marc Jarry est le président fraîchement réélu d'un pays dont on ne connaît le nom, mais qui rappelle fortement les USA. Une parade se prépare pour fêter sa réélection et pour aller à la rencontre de ses administrés. Tout se passe bien jusqu'au moment ou le président est atteint de trois balles dans le corps. Une enquête est vite diligentée, un suspect arrêté et des conclusions rendues promptement. Une chose qui convient à tout le monde sauf au procureur Henri Volney qui ne croit pas dans les affirmations de la commission. De ce fait on lui attribue les pleins pouvoirs pour enquêter sur la mort du président et faire la lumière sur cet événement tragique. Pour ça, il va reprendre avec ses collaborateurs les investigations au début, des témoins oculaires, aux images amateurs de vidéastes se trouvant sur le parcours du président défunt.

« I comme Icare » est au final un film assez bluffant ! Car au delà de la première impression qu'il nous laisse, c'est à dire une interprétation de l'assassinat de JFK et des différents éléments attachés à cette affaire, c'est aussi un film qui nous interroge sur notre capacité à croire ou non ce que l'on nous montre et à faire confiance à des vérités que l'on nous impose comme une évidence.

Henri Verneuil travaille son scénario avec le romancier Didier Decoin et livre une histoire qui synthétise à merveille ce fait tragique qu'est la mort de JFK. On retrouve un grand nombre d'éléments connus de tous, une enquête rapide et bâclée par une commission, un « coupable idéal », des preuves truquées, le film d'un témoin (Celui d'Abraham Zapruder), l'homme au parapluie, la possible participation des services secrets … Une connaissance du sujet qui ne fait aucun doute et en ne le nommant pas, en éludant le nom des USA, Henri Verneuil rend ça encore plus universel, car on a aucun mal à s'imaginer à la place des différents protagonistes et à voir cela arriver chez nous en France ou ailleurs. Par ce biais on ressent tout le trouble qui agite le monde dans les années 70, des différents coups d'états qui ont eu lieu à travers le monde, comme en Amérique du sud par exemple; mais on peut aussi citer l'affaire du Watergate qui a ébranlé les USA en leurs temps ou alors l'assassinat d'Aldo Moro en Italie. Des actes qui ont toujours remis en cause notre regard critique sur les pouvoirs qui nous gouvernent. Un changement que le personnage principal du film incarne !

Toute l’enquête est une remise en question permanente, chaque pas que fais Volney nous oblige comme lui à voir les faits d'une façon différente, à accepter que trois douilles ne se rangent pas cote a cote après trois coups de feu, à ne pas croire en l'authenticité d'une photo qui à l'air pourtant authentique, à envisager qu'un tel assassinat ne peut pas être le fait d'un seul homme.

Tout comme notre rapport à l'autre qui s'en trouve changé quand on assiste à une reconstitution de l'expérience de Milgram. Une ultime mise en garde avant de faire comme Icare. C'est un scénario extrêmement bien ficelé que Verneuil s'empare pour livrer un film au suspense indéniable et à la réalisation soignée. Le réalisateur privilégie même une forme d'épure à l'écran, rien n'est superflu et seul les décors essentiels sont là. Un travail remarquable tant on se croit dans un Dallas imaginaire. Puis peu à peu, la tension va aller crescendo, le suspense se resserrer sur notre procureur, c'est précis, admirablement rythmé et sans concession. Une ambiance amenée avec tact par Verneuil, qui peut faire confiance aux gens qui l'entourent, comme avec Ennio Morricone à la musique, Jean-Louis Picavet à la photographie ou encore le compétent Jacques Saulnier aux décors.

Quant au casting, je ne retiendrais qu'Yves Montand. Cet acteur habite son rôle avec beaucoup de talent et de force; un procureur opiniâtre qui à ne pas en douter, inspirera certainement Oliver Stone pour "J.F.K". 



Un excellent film !


Poster par Leszek Drzewinski

Gangster Squad




GANGSTER SQUAD de Ruben Fleischer

Dans la foulée de l'engouement pour La la land, et de mon coup de cœur pour Crazy, Stupid,Love, nous avions envie de rester encore un peu avec le tandem Gosling-Stone. Rajoutez à cela nos sempiternelles rendez-vous manqués avec Live by Night qui nous ont laissé sur notre faim et qui ont nourri notre envie de voire un film de gangsters ; alors on a finalement décidé de regarder ce film.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, le sergent O'Mara rentre chez lui et trouve un Los Angeles bien différent de celui qu'il a quitté. La douceur de vie qu'il chérissait s'estompe peu à peu, et un mafieux du nom de Mickey Cohen règne sur la ville. C'est un ancien boxeur qui aime terroriser ses ennemis et éliminer les éléments défaillants de son organisation.

Un jour le sergent O'Mara décide de débarquer seul dans un de ses hôtels de passes. Il explose des portes, casse des nez, ouvre des arcades sourcilières et empêche une jeune fille de se faire violer. Il en profite pour libérer les jeunes femmes que l'on forçait à se prostituer. Loin, d’être félicité par son chef, les proxénètes sont libérés . Repéré, par le grand chef de la police, il se voit donner carte blanche pour former un groupe qui aura pour but d’empêcher les affaires de Mickey de tourner rond.
Le gardien des clés de ce blog a décrit ce film comme les incorruptibles qui aurait rencontré Guy Ritchie. Moi je ne dirai pas ça. Sûrement car j'ai un plaisir modéré à voire ses films. En plus je n'aime pas les anachronismes utilisés pour faire « cool ». mais c'est indéniable que ce film fait penser au chef d’œuvre De de Palma. Ou Eliott Ness aurait eu le droit de jouer les mêmes cartes que Al Caponne.

Comme très souvent il y a une base qui se veut classique . Toute l'imagerie des films des années 50 est convoquée. La voix off du héros. Les chapeaux mous et les costumes trois pièces sont les uniformes de ces policiers. Les femmes sont élégantes et ont ces coiffures si particulières à cette époque. Les verres d'alcool se vident et les cigarettes se consument en continue. Le mobilier est symbolique de son époque et le plus souvent dans les tons acajou et ocre. Les décors des lieux sont constitués avec minutie. Les personnages sont aussi très stéréotypés, il y a le jeune sans illusion, le brun ténébreux, le père de famille, l'homme qui transmet un flambeau, celui qui est annonciateur d'un changement sociétal, les corrompus, les méchants très mafieux, une rousse incendiaire, une femme enceinte. Un vrai répertoire de personnages codifiés.

Tout cela m'aurait profondément ennuyé si il n'y avait pas eu l'action .des moments transgressifs,bourrins à souhait, ça écartèle, tire dans les genoux, et autre petites réjouissances toutes les cinq minutes. Ça fait imploser ce classicisme et ce n'est que jubilation. C'est palpitant, bien que parfois cousu de fil blanc. Il n'y a pas eu un moment ou je me suis ennuyée.

Le casting est luxueux. On y retrouve entre autre, Michael Pena , trop rare dans ma vie de cinéphile, car à chaque fois que je le croise, j'adore le film ou il est. Anthony Mackie que l'on ne présente plus, Josh Brolin en vieux routier, mène le film avec classe et sobriété. Puis il y a le tandem, Ryan Gosling et Emma Stone toujours juste dans leurs jeux, et lumineux lorsqu'ils partagent l'écran. Puis il y a Sean Penn qui bizarrement pour moi est l'erreur de casting. Alors que personne ne connaissait le mafieux qu'il interprète, pour qu'il lui ressemble un peu on lui a posé des prothèses. Mais ce n'est pas une réussite, ça lui donne l'aspect d'un monstre de foire. De plus il surjoue le coté nerveux et excessif ce qui est peu convaincant. Il ressemble a un ex boxeur sur le déclin autant qu'a un troll anorexique.

Gangster Squad n'est certes pas le film de l'année, mais il est honorable et permet de passer un moment agréable.


Citizenfour


En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code « CITIZENFOUR », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel CITIZENFOUR, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.
Citizenfour – 4 Mars 2015 – Réalisé par Laura Poitras

Quand j'ai découvert « Snowden » de Oliver Stone l'an dernier, j'ai pensé irrémédiablement à « Citizenfour » que je n'avais pas encore vu et que beaucoup brandissaient pour le dénigrer. Car le film de Laura Poitras aurait tout dit et que le travail d'Oliver Stone ne faisait qu’effleurer ce qu'elle avait abordé. Sauf que les opposer est réducteur tant il sont au final complémentaires, car la ou Stone s'intéresse seulement à l'homme « Snowden », la réalisatrice de « Citizenfour » se concentre quant à elle sur les révélations qu'il leur livre à Hong-Kong, à Glenn Greenwald, Ewen MacAskill et à elle même.

Des le début du film on est plongé dans une atmosphère de film d'espionnage, pas du genre « James Bond » mais plus du style de « Tinker, Taylor, Soldier, Spy » réalisé par Tomas Alfredson. On ne peut faire confiance à personne, c'est austère, lent et il n'y a aucune gloire à en tirer. Une motivation qui à guider un analyste de la NSA à se mettre hors-la-loi pour dénoncer les pratiques de son gouvernement, mais aussi celle de gouvernement allié aux USA et qui se met en tête de contacter la journaliste et réalisatrice de documentaire Laura Poitras. Ils vont échanger pendant un certain temps et une relation de confiance s'installera peu à peu, jusqu'à la rencontre cruciale à Hong-Kong.

Snowden ne choisit pas Laura Poitras par hasard, c'est aussi une femme qui est dans l’œil des services de renseignements américains, car le choix des sujets pour ses documentaires dérangent. Elle a même été mise sur une liste de surveillance de la sécurité intérieure après son documentaire « My Country, my Country ».

Une femme de conviction qui sait que son travail peut la mettre en danger et qui comprend les problématiques de surveillance de masse, mais qui n'a pas encore la vue globale que va lui offrir Snowden. Une fois à Hong-Kong, on va assister avec recul et pudeur a ce séisme mondial que déclenche ces révélations. Elle saisit ainsi pendant sept jours, les failles et les doutes d'un homme qui a tout abandonné, pas pour la gloire mais par conviction et qui va faire vaciller des millions de gens dans le monde. Ce film montre l'envers du décor, sur le risque que prend Snowden en se montrant au monde, sur le risque des journaux impliqués qui ne savent pas si ils peuvent ou non publier les révélations et sur les conséquences que cela aura sur leurs vies.

Les révélations quant à elle ne montre pas seulement que la NSA surveille qui elle veut, quand elle veut ! Elle montre aussi que les gouvernements dans le monde font ce qu'ils ont envie. De la surveillance des téléphones portables en passant par la collecte des données sur internet, ils n'ont que faire de l'opinion publique et les USA par exemple s'arrange pour légaliser leurs écoutes en s'appuyant sur une cour parallèle appelée « FISA Court ». Un reniement en règle de nos droits les plus fondamentaux, pourquoi ? Pour qui ? Certainement pas pour nous et cela se vérifie quand aucun pays de l'U.E ne veut accueillir le lanceur d'alerte qui à juste eu le tort de mettre en lumière des pratiques illégales qui nuisent à notre liberté.

Un documentaire qui vise juste et qui alterne entre moment de sidération et des scènes plus simples avec Edward Snowden. Ce qui démontre à la fois la particularité de son geste, du simple quidam qui veut servir son pays aux montagnes qu'il à réveiller en dévoilant leurs actes. Un combat qui semble impossible à gagner, sauf que Laura Poitras avec son « Citizenfour » montre qu'il ne nous faut pas nous résigner et que c'est à nous de reprendre ce que l'on a perdu …

.

Inside Llewyn Davis



INSIDE LLEWYN DAVIS de Ethan et Joel Coen


J'aime les films des frères Coen, je les aime d'amour depuis toujours. J'aime leurs tons décalés, leurs univers toujours marqués. Je n'avais pas été le voir au cinéma, je l'ai donc découvert chez moi.

Ce film suit un chanteur de folk au début des années 60 à New York. Il cachetonne dans les bars miteux et dort en squattant les canapés de ses amis les uns après les autres. Un soir après avoir chanté dans un bouge ou différents groupes ont l'habitude de jouer. Un homme en costume et stetson l'attend dans l'arrière rue et lui colle un coup de poing. C'est là que commence l'histoire.Un film des Coen c'est toujours une question d'immersion. Si le thème l'ambiance vous touche c'est un moment de grâce, sinon ça devient compliqué. Ça a été le cas pour moi ici.

Du folk je ne connais que Bob Dylan, si j'aime en entendre, je ne peux pas dire que j'en écoute et que je connaisse cet univers. Ce film n'est que folk, il est écrit par des gens qui l'adorent, il est bourré de références à ses musiciens. Au point ou il a le même rythme et le même fond triste.. Car ce personnage n'est pas aidé par la vie. Les scénaristes qui sont aussi les réalisateurs ont bourré ce film de références.D'abord Llewyn Davis est directement inspiré des mémoires de Dave Von Rock. Et si l'on creuse un un peu on voit a quel point s'est documenté. La tenue d'oscar Isaac est directement copiée sur une pochette de disque de ce musicien. Tout y est même un chat! Chat qui dans ce film est roux et qui même peut être une chatte.

Les autres personnages sont aussi inspirés par d'autres musiciens dont on a changé le nom mais pas les titres qu'ils interprètent et ils tendent à leurs ressembler par des détails. Pour le moins toutes ces musiques donneront un air familier à l'univers du film; pour le plus ceux qui connaissent bien ce genre musical reconnaîtront les références. Là on arrive à l'un des points noirs du films,ce moment ou l'ont perçoit qu'il y a des références, des sens cachés, et qu'on ne les comprend pas. C'est frustrant, et ça se répète tout le temps. Même le chat qui est un élément récurent; je ne suis pas certaine de toujours avoir compris s'il était là comme contrepoint à la noirceur de ce qui l'entourait, ni quelle était la symbolique de tout ce qui lui arrivait. Tout est source de questionnement, le fin et son interprétation également.

Cela n’enlève rien aux qualités visuelles de ce film. Il est très beau. New York en hiver est filmé avec amour. Le plus souvent les réalisateurs choisissent des décors urbains assortis aux protagonistes. Souvent dans les intérieurs les perspectives sont poussées et ils créent des superpositions géométriques qui rajoute au cachet urbain du film. Puis il a une pléiade d'acteurs tous plus talentueux les uns que les autres, qui donnent chacun quelque chose à l'histoire. Mais c'est Oscar Isaac , qui tient le rôle titre qui m'a le plus bluffé. Il sait créer une empathie avec le spectateur. Il arrive à nous capter et à nous garder même lorsque le film nous perd.
Ce film est fort, beau, mais je suis passée à coté. Je ne garderai que la mélancolie, et la tristesse que dégage l'acteur et une énorme frustration due à mon manque de connaissance et d’intérêt pour le folk et peut être à cause d'autres paramètres sur lesquels je n'ai pas su mettre le doigt. Ça ne m'a pas permis d'explorer parfaitement cette œuvre mais je suis sure que d'autres seront parfaitement capables de le faire mieux que moi..

Queen of Katwe


Queen of Katwe – Réalisé par Mira Nair

Si je n'avais pas une compagne exceptionnelle, je serais passé probablement à coté de « Queen of Katwe ». D'une parce qu'il n'est pas sorti au cinéma, ni en dvd, ni en blu-ray ou encore en VOD en France, mais aussi a cause d'un certain manque de visibilité. Car il ne faut pas se leurrer, chez Disney si vous n’êtes pas un film d'animation, une adaptation d'un classique Disney, un Marvel ou maintenant un Star Wars, vous n'avez pas la place pour exister et donc d'avoir votre chance de conquérir un public plus large (Si et seulement si il n'y a que ça qui rentre en compte bien sur … ). Une erreur à mon humble avis surtout quand on a une histoire au potentiel sympathie aussi fort que « Rasta Rocket ». Alors certes ce n'est que l'histoire d'une modeste jeune fille ougandaise et pas celle d'une équipe au Jeux Olympiques, mais ce n'en est pas moins fort, ni important !

C'est l'histoire de Phiona Mutesi, une jeune fille de 10 ans qui vit avec sa famille dans le bidonville de Katwe, un des faubourgs de la capitale ougandaise Kampala. Avec son frère, ils aident leur mère à vendre les produits du marché, un labeur éreintant qui permet à peine à la famille d'avoir un toit et de quoi se nourrir. Une vie extrêmement rude qui ne fait que peu de cadeau et Harriet la mère se bat sans cesse pour éviter que ses enfants fassent des mauvais choix. Robert Katende attend qu'un poste d'ingénieur se libère et pour patienter il s'engage dans une association au près des enfants du bidonville. Cet homme qui a eu la chance de pouvoir s'instruire se retrouve face à des enfants désœuvrés et qui ne mangent pas à leur faim. Il va s’avérer être un vrai soutient pour une partie d'entre eux, une figure positive qui va leur apprendre les échecs, avec la promesse qu'il battront les gens de la ville. Phiona se retrouve par hasard dans le lieu ou Robert Katende apprend ça aux enfants et elle découvre un jeu qui va la sortir peu à peu de son quotidien. Elle se découvre vite un talent pour ça, des facilités rares que Robert Katende décèlera, voyant en Phiona Mutesi les prémices d'une grande championne en devenir. Mais avant ça, il faudra dépasser les craintes d'une mère et les inspirations d'une jeune fille de plus en plus grande.

Au final j'ai été bluffé ! Pas spécialement par la trame narrative du film, mais par la fraîcheur et la sincérité qui se dégage de cette nouvelle réalisation de Mira Nair. Cette réalisatrice indienne récompensée par une caméra d'or à Cannes ou encore par un Lion d'Or à la Mostra de Venise a débuté par des documentaires et elle apporte ici le réalisme que l'on peut y trouver. Ce n'est pas en soi un documentaire, mais le quotidien qui est dépeint n'est pas édulcoré et cela apporte un réel plus à cette œuvre, donnant tout de suite plus de corps à un ensemble positif et optimiste … 

Le scénario se base sur le livre de Tim Crothers « The Queen of Katwe : A Story of Life, Chess, and One Extraordinary Girl’s Dream of Becoming a Grandmaster » et il est écrit par William Wheeler. Le récit à le mérite d'éviter une narration linéaire et sans intérêt, en adoptant les mécanismes du film de sport (point Rasta Rocket). On suit donc une jeune fille que rien ne destinait à cette carrière découvrir une discipline qui va la révéler, ou elle apprendra au près d'un coach les rudiments de cet art avant de connaître ses premières victoires comme ses premières désillusions avant d'atteindre son objectif final. Les différentes étapes sont des moments bien précis de sa vie, comme sa première victoire en 2007, sa participation à un tournoi au Soudan du Sud ou encore au 39ème Olympiades d'Echecs en 2010 qui eu lieu en Russie. Une dynamique forte en émotion qui permet de dépasser l'aspect « biopic », de rendre palpitant la vie intéressante de Phiona Mutesi, de nous faire apprécier les échecs et de rendre instantanément sympathique tous les personnages que l'on rencontre.

La réalisatrice met en valeur cette histoire avec beaucoup de soin. Mira Nair conjugue avec subtilité l'optimisme du récit à la dureté de la vie dans le bidonville. Car en parallèle de l'histoire de Phiona et l'espoir qu'elle incarne, la réalisatrice ne nous épargne rien que cela soit les accidents, les inondations, la misère, la famine, l'inégalité entre hommes et femmes, entre riches et pauvre ou encore l'exploitation des femmes, la vie dans le bidonville est tout sauf facile. Un équilibre primordial pour ne pas basculer dans le pur conte de fée à la « Disney »

C'est bien rythmé, monté avec soin et les parties d'échecs sont mis en scène comme des vrais matchs de boxe. L'accent est mis alors sur les acteurs qui ont la lourde charge de faire passer avec leurs expressions ce qui se joue à l'instant, un vrai duel ou le vaincu fini littéralement sonné. Il faut ajouter à cela la direction artistique vraiment belle, qui fait la part belle aux couleurs chaudes, mais sans que cela ne soit outranciers ou de mauvais goûts. Une vrai prouesse que l'on retrouve dans le travail de Mobolaji Dawodu aux costumes qui sont justes somptueux et qui habillent les comédiens avec justesse. Puis il y a aussi la photographie de Sean Bobbitt qui rend ça chaleureux, ainsi que la musique de Alex Heffes, un compositeur qui a beaucoup travaillé avec le réalisateur Kevin MacDonald et qui tape là ou il faut quand il le faut.

Quant au casting, il est d'une incroyable justesse ! Tout d'abord parlons de la jeune Madina Nalwanga qui interprète Phiona Mutesi. Une actrice débutante qui nous transporte dans son monde des sa première apparition à l'écran. On ressent sa timidité, sa fragilité, mais aussi toute sa force, une vrai petite guerrière qui ne s'en laisse pas compter, ou la spontanéité de l'actrice fait merveille, tout comme le reste des enfants présent à l'écran. Puis on trouve deux acteurs qui ne cessent pas de monter, avec Lupita Nyong'o et David Oyelowo dans les rôles de Hariett Mutesi et Robert Katende. C'est le premier film ou je découvre Lupita Nyong'o en chair et en os, oui car Maz Kanata dans Star Wars ça ne compte pas trop. Elle livre ici une performance de premier choix, ou elle fait preuve d'énormément de nuance et de subtilité. C'est à la fois une femme, une mère et une amie, un rôle complexe et puissant qu'elle fait vivre avec talent. David Oyelowo joue le professeur d’échec. Un personnage dont la bonté n'a d'égal que sa profonde dévotion envers sa communauté et que l'acteur incarne avec brio, rendant les échecs beaucoup moins austères, avec une dose de sérieux et de dérision.

Le fond de l'histoire est quant à lui d'une puissance incroyable. Phiona Mutesi est un exemple de persévérance, d'abnégation et de courage. Elle n'a pas seulement appris à jouer aux échecs, elle a eu aussi accès à l'éducation jusque la réserver en priorité aux garçons et aux gens aisés. Elle a dépasser sa condition de jeune fille qui vit dans un bidonville, elle à put s'élever, car elle le souhaiter mais aussi car on lui tendait la main, une chose qu'elle à su accepter avec modestie, malgré les interrogations que cela pose. Un rôle qui revient à la fabuleuse Harriet. La mère de Phiona Mutesi est un personnage qui m'a beaucoup touché, car elle m'a rappeler ma mère. Alors les situations n'étaient pas équivalentes, mais comme le personnage interprété par Lupita Nyong'o, elle était veuve, elle s'est retrouvée assez jeune à nous élever ma sœur, mon frère et moi, à se battre pour nous donner une éducation, un toit ou encore de la nourriture et ça quelques soit les épreuves, la maladie ou encore les ennuie financiers qui se poser devant un elle. Un vrai exemple de courage pour qui la famille passait avant tout et quelle protégeait d'un amour inconditionnel. Deux personnages essentiel qui forme le cœur du film, avec ce qu'il transmet, l'espoir, l'abnégation et le courage qu'il fait naître, une histoire qui pourra toucher tout le monde tant cela invoque des valeurs simples et universelles. 

Beau, simple et touchant.

.

Detour [Bande-Annonce V.O.S.T]



Le réalisateur anglais Christopher Smith revient avec son nouveau film "DETOUR". Auteur des films "Creep", "Severance" ou encore "Black Death", il ne sort hélas comme ces précédents films directement en vidéo. Et la bande annonce laisse transparaître un film au pitch de départ simple, mais au ramification complexe et prenante comme pouvait l’être l'un de ces films précédents "Triangle".

Harper, jeune étudiant en droit, tient son beau-père pour responsable d’un accident qui a plongé sa mère dans le coma. Un soir, dans un bar, alors qu’il noie son chagrin dans l’alcool, il rencontre un voyou et une stripteaseuse. Ensemble ils élaborent un plan machiavélique pour se débarrasser de lui.Commence une virée vengeresse, qui va contraindre Harper à assumer ses choix…

"DETOUR" sort en VOD le 17 Février 2017 et sera disponible en DVD et Blu-Ray le 14 Mars 2017 chez l'éditeur "L’ATELIER D'IMAGES"
.

Crazy, Stupid, Love




CRAZY STUPID LOVE de John Requa et Glenn Ficarra


Je ne suis pas une grande adepte des comédies sentimentales, la seule que je cite régulièrement est "You've got Mail". Ensuite je crains toujours un peu des films chorales car je me méfie des guerres d'égo qui gâchent les histoires. Autant vous dire que si la veille je n'avais pas vu La la land je ne lui aurai pas donné sa chance. Et j'aurai eu tort.

Crazy stupid love est avant tout une vraie potion magique, d'un équilibre parfait.
Les personnages sont nombreux mais malgré tout il y a du temps accordé à chacun d'eux. L'écriture est telle que leurs présences dévoilent toujours quelque chose d'eux et ils ont une réelle épaisseur. Et même si Steve Carell est celui sur qui on s'attarde et qu'il nous permet de switcher d'un personnage à l'autre, sa présence n'écrase pas le récit.
La finesse du scénario se dévoile dès les premières images du film. Lorsque l'on comprend que le point de départ est une crise de la cinquantaine et qu'elle est déclinée à l'inverse de ce que l'on a pu voir en général au cinéma. C'est la femme qui trompe et qui est perdue entre un amant et un époux perclus d'amour pour elle. C'est cette situation qui créée un déséquilibre ou peut s'engouffrer l'humour et casser certains codes de la romcom . Je n'aime ni les scènes mélodramatiques, ni celles ou les personnages sont ridiculisés. Ici tout est traité avec finesse et dérision. Aucune mise en écho douloureuse, aucun moment dérangeant tout est harmonieux, bien fait et à mourir de rire.

Pour moi la vraie bonne idée est le rôle que tient dans l'histoire le fils des protagonistes. Robbie est le personnage touchant du film il oscille entre désillusions et le désir de croire en ses rêves et dans le grand amour. A l'image il est incarné par Jonah Bobo. Il est l'adolescent que l'on veut connaître.


Oui car la réalisation est à la hauteur de son scénario. Je trouve que l'exemple le plus marquant de la manière dont sont abordés les personnages est Jacob (Ryan gosling). Il y a des moments dont je vais me souvenir longtemps comme celui dans les vestiaires ou lorsqu'il sort sa chevalière. Ils sont à la fois Adrôles mais ils amènent quelque chose à l'histoire. Les réalisateurs arrivent à dynamiter son aspect de gendre idéal et au final à créer un homme encore mieux. Il est aussi symbolique du travail qui a été fait pour transposer l'état d'esprit des personnages dans la décoration de leurs appartements de leurs bureaux ou de leurs chambres. Les décors sont des sources d'informations en continue


Ce film m'a impressionné par son coté « sans prétention » , alors qu'il aurait tout à fait pu fanfaronner. Arrêtons nous cinq minutes sur le climax je ne crois pas avoir déjà été étonnée par un comédie romantique. Très souvent je vois vite les tenants et les aboutissants de l'histoire. Mais là, j'ai été menée par le bout du nez et je me suis fait cueillir. Et ce qui est incroyable c'est que cette coupure très fine dans le fil narratif débouche sur une scène de bagarre hilarante digne des films muets. Ça a été un vrai bonheur. Pour finir je reviendrai sur l'extraordinaire casting. Il convoque en plus de Steve Carell toujours aussi bon et attachant dans ce style de rôle, et Ryan Gosling parfait dans chacune des facettes qu'il porte avec aisance et naturel, les merveilleuses Julianne Moore et Emma Stone. Elles sont subtiles et discrètes mais pourtant elles dégagent force et présence à l'écran. Elles habitent vraiment leurs rôles.

Je reverrai ce film probablement bientôt. Il est tout ce que j'ai besoin lorsque j'ai envie de me blottir dans les bras de fred devant un film bien mené, bien écrit, et drôle. La promesse d'un bon moment.



La la land



Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?
La la land – 25 Janvier 2017 – Réalisé par Damien Chazelle

En trois films, le cinéaste de trente deux-ans Damien Chazelle a mis Hollywood à genoux! Oui rien de moins! A genoux devant un talent hors norme qui à éclater il y a de ça trois ans avec l'éreintant « Whiplash ». Un film que personnellement je n'ai pas apprécier, notamment à cause de son propos; mais malgré ça, le film possède une force, une énergie, un tempo, une musique et une mise en scène à la précision chirurgicale. Des qualités encensés par la presse, par les diverses cérémonies et surtout par le public. Et il récidive trois ans plus tard avec encore plus d'audace, en ressuscitant brillamment un genre au combien galvauder « la comédie musicale » …

Coincée dans un énième embouteillages sur l'une des bretelles de l'autoroute à Los Angeles, Mia jeune actrice en devenir répète comme elle peut pour sa prochaine audition. Brusquée par un conducteur peu aimable qui lui klaxonne en non-stop, elle continue cependant sa route. Hélas cette journée ne fut pas celle qu'elle espérait, l'audition fut infructueuse et la soirée dans laquelle ses amis l'embarquent ne fut que futilité entre gens qui cherchent juste « le contact » qui les fera décoller. Pire en partant de là, elle ne retrouve plus sa voiture. Mia déambule ainsi seule dans Los Angeles, quand elle entend des notes de piano, une mélodie mélancolique et pleine de charme qui vienne d'un pianiste en colère. Quelques mois plus tard, alors qu'elle est dans une fête sur les hauteurs de L.A, Mia rencontre à nouveau ce pianiste qui se nomme Sebastian. Toujours aussi désagréable, il ne semble pas insensible au charme de l'actrice. Tous les deux quitte la fête ensemble et la magie commence à prendre entre ces deux rêveurs …

4minutes et 45 secondes !!! C'est exactement le temps qu'il a fallut au film de Damien Chazelle pour me convaincre de le suivre dans cette nouvelle aventure. Juste ce qu'il faut pour livrer un pur hommage à l'age d'or des comédies musicales ou en un temps minime, la réalisation de Damien Chazelle par la grâce d'un plan séquence millimétré danse au rythme de la chanson et des danseurs. Un prologue sensationnel que Robert Wise aurait apprécié et qui met en exergue bien des problématiques que le film soulève. Car si au bout de quatre minutes, on a un grand sourire sur le visage, le réalisateur n'oublie pas ce que doit être une bonne comédie musicale, à savoir le reflet d'une situation donnée que la danse, le chant et la comédie seront nous transmettre sans en avoir l'air.

« That now our dreams They've finally come true »

A l'écriture on retrouve Damien Chazelle qui continue avec « La la land » d'explorer certaines thématiques abordées dans « Whiplash », notamment par le prisme du jazzman blasé qui sacrifie presque tout pour une réussite tout aussi incertaine. Une redondance qui ne gène pas, car c'est bien plus nuancé et que surtout la romance est une pure histoire de comédie musicale. Alors j’arrête tout de suite les esprits chagrins et leurs arguments en cartons comme « c'est naif », « niais » ou « gnangnan », car d'une cela doit être la première comédie musicale que vous regardez et de deux ce ne sont pas des arguments, mais bien des éléments propre au genre que Chazelle s'approprie.

En 25 minutes le film pose les bases du récit qui se déploie devant nous, on fait connaissance avec les deux personnages et leurs univers ainsi qu'avec les problématiques que la vie leur pose à « La la land ». Comme nous sommes dans une comédie musicale, l'extravagance est permis, le réel n'est plus celui qu'on connaît mais celui posait par le réalisateur en 4 min au début, un monde fait de danses, de couleurs, de chants et de sentiments exacerbés ou tout est possible. Un univers onirique ou Damien Chazelle nous conte une romance pleine de charme, avec des hauts et des bas, certes qui peut sembler sans surprises, mais l'originalité se mérite et cela viendra à la fin par un épilogue à la fois tendre et d'une cruauté sans pareille. On y trouve aussi des références diverses et assumées, comme le cinéma de Demy, Chantons sous la pluie, West Side Story, Tous en scène ou encore certains films avec Fred Astaire et Gingers Rogers, sans que l'on ai l'impression de la citation pour la citation. Chaque pas de danse ou notes de musiques à un sens et apporte sa pierre à l'intrigue.


« They worship everything and they value nothing »

Comme « Chantons sous la pluie » qui parlait du déclin du cinéma muet et de sa transformation, comme « Cabaret » qui parlait de la montée du nazisme, ou encore « West Side Story » qui abordait l'immigration aux USA, l'histoire de « La la land » ne s’arrête pas à celle de Mia et de Sebastian. Le film fonctionne sur des dualités, homme/femme, passé/futur, nostalgie/modernité, cynisme/innocence, originalité/mainstream, amour/solitude et bien d'autre qui exprime pour ma part (et avec une dose de subjectivité) deux choses.

Damien Chazelle creuse encore plus le coté cathartique que représente la fiction pour parler de lui. Si la jeunesse du réalisateur comme apprenti batteur de jazz résonnait dans « Whiplash », Mia et Sebastian sont ici les deux faces d'une même pièce et se pose comme deux aspects de la personnalité du réalisateur. Cela représente ainsi le dilemme qui s'impose à Chazelle depuis qu'il est dans le milieu; d'un coté est ce qu'il faut déclarer une fois encore son amour au jazz, à ce qu'il aime ou alors est ce qu'il faut qu'il revienne à des choses plus basiques quitte à faire ce qu'il n'aime pas, mais qui capteront à coup sur un public plus large ? Un choix cornélien qui nécessitera forcément des sacrifices entre une réalité qui ne fait pas de cadeau et l'intégrité artistique.

Ce qui m’amène à revenir sur l'une des phrases dites par le personnage de Ryan Gosling « They worship everything and they value nothing » qui veut dire « Ils admirent tout, mais ils ne respectent rien » qui s'adresse directement à l'industrie hollywoodienne, dont le titre se fait l'écho. Oui « La la land » est autant un titre, qu'un surnom de Los Angeles, qu'un surnom négatif qui pointe la superficialité d'Hollywood et de facto ce qu'il en sort actuellement.
C'est une industrie qui a presque plus de respect pour les billets verts que pour les différents acteurs qui lui permettent d'exister. Elle ne respecte plus les acteurs, les actrices, les réalisateurs …
Elle peut faire l'ingérence dans la production d'un film ou encore ne pas payer les employés d'une compagnie d'effets spéciaux, du moment qu'on ne les vois pas pendant les cérémonies.
Et elle n'hésite pas à recycler des vieilles recettes, sans jamais se poser la question de la plus-value que l'on peut y apporter. Les come-back récents de certaines franchises comme Star Wars, Jurassic Park ou encore Ghostbuster portent en eux toutes les qualités et les tares de ce système, qui coincé entre la nostalgie et le présent, entretient une usine à rêves florissantes, attirantes, mais ou l'originalité se fait de plus en plus rares …

« People love what other people are passionate about »

C'est insolent à trente deux ans d'avoir autant de talent que Damien Chazelle. Alors ce n'est pas un reproche, mais un constat et de ce coté là, il réitère tout ce que j'ai pensé sur lui de bien avec « Whiplash ». Bon j'ai quand même deux, trois bémols à dire, notamment sur le début et la fin du film qui force un peu sur les références (l'épilogue dans son genre est presque indigeste), sur la transition entre le point de vue de Sebastian et Mia dans les 25 première minutes que je trouve un poil facile et sur un léger manque de rythme dans le dernier tiers (un autre numéro de danse ou de chant n'aurait pas était de trop) mais sinon c'est un sans faute. On retrouve un réalisateur qui sait ou il va, c'est précis, admirablement bien découpé, rythmé, le cadre est magnifié par l'usage du cinémascope, c'est grand, large, il occupe ça dans sa totalité pour des scènes d'une ampleur phénoménale. Son travail s'accorde parfaitement avec ce qu'il raconte, rien n'est superflu, chaque chansons à une utilité et un sens dans l'histoire. Le prologue est un manifeste vivant et vibrant qui nous introduit dans « La la land », la chanson « Someone in the Crowd » est un état des lieux moral de Mia et « A lovely night » une sérénade sous les étoiles qui voit naître une amitié franche, un échange amical qui selle leur amitié.

Mais à la poésie des mots, il faut ajouter celle des corps que Mandy Moore prend en charge. Cette chorégraphe livre un travail presque aussi important que celui de Damien Chazelle, avec des chorégraphies titanesques comme pour le prologue du film. Une séquence qui a demandé des mois de labeurs et de préparations pour une séquence dynamique et enivrante dont on se souviendra longtemps. Elle est aussi à l'aise pour les numéros plus intimistes, notamment avec le duo Gosling/Stone ou les chorégraphies sont en adéquations avec les chansons, c'est soit plein de rondeurs et de douceurs ou alors bien plus énergique; on sent ainsi aisément les émotions qui les traverses quand ils exécutent les pas qu'on leur a appris.

Si il ne faut pas oublier la photographie soignée de Linus Sandgren, pleins de couleurs chaudes et tons pastels qui d'un coté fait de Los Angeles une ville de rêve pour des rêveurs, mais de l'autre cela ne fait qu'accentuer l'aspect factice de l'endroit ou l'on se trouve. Le troisième élément indispensable et qui fait mouche dans « La la land » c'est la bande originale. Pour la composer Damien Chazelle retrouve son complice de la fac, le compositeur Justin Horwitz. Il signe une composition magnifique, pleine de joie, d'ivresse et de mélancolie qui vous restera bien des heures dans la tête après la fin du film. Un travail d'une immense qualité, pour un acteur essentiel dans la réussite de ce long métrage.

Quant au casting, il tient en deux acteurs, les incroyables Emma Stone et Ryan Gosling qui ne font littéralement qu'un à l'écran. Un duo dont je me réjouis de voir ici, surtout quand le réalisateur avait prévu Emma Watson et Miles Teller à la base. Ces deux acteurs se retrouvent ensemble une troisième et leur complicité éclaire les deux heures que dure le film. On ne croit pas seulement à leur histoire, on souhaite simplement que cela deviennent réalité. Si j'ai une préférence pour Ryan Gosling que je trouve de plus en plus épatant, la pétillante Emma Stone irradie de sa sensibilité la pellicule. Bref je ne sais pas si ils seront un duo mythique dans trente ans, mais à l'heure actuelle c'est certainement l'un des duos à l'écran des plus complémentaires qui puissent exister.


Une vrai perle !