Un truand marseillais, un détenu en cavale et un ancien policier mettent au point le hold-up du siècle. Le commissaire Mattei, de la brigade criminelle, leur tend une souricière.
Le Cercle Rouge – 1 Octobre 1970 – Réalisé par Jean-Pierre Melville
« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
C'est le deuxième film de Jean-Pierre Melville que je découvre et c'est une fois de plus un très grand film. Un polar dans la droite lignée du film « Le Samourai » qui continue cette plongée dans le monde du grand banditisme. Avec une approche qui va bien au delà du simple constat gentil/méchant que l'on pourrait croire. Melville et son style minimaliste dresse avec minutie le portrait d'homme face à l'inévitable fatalité de la vie.
Le scénario écrit par Jean-Pierre Melville en personne se base principalement sur la citation que l'on trouve au début du film. On a quatre personnages principaux, le truand qui sort de prison (Corey) celui qui est en cavale (Vogel), l'ex policier (Jansen) et le commissaire (Mattei). Quatre « Samourai » qui suivent leurs chemins, avec leurs propres codes. Des règles de vies essentielles pour survivre dans un environnement ou la traîtrise et la lâcheté sont les maîtres mots de ceux qui veulent vous voir à terre. La solitude devient ainsi l'armure la plus efficace pour se préserver, que cela soit pour un policier, un ex-flic ou encore pour deux criminels qui vont collaborer parce que le destin l'a décidé ainsi. Un choix de vie qui cache des hommes bien plus complexes qu'ils en ont l'air, ils sont loin de tout manichéisme, personne n'est ni blanc, ni noir, mais plus une infinité de nuances de gris, ou l'intelligence n'est pas l'apanage du « gentil », ou la cruauté n'est pas forcément réservé au criminel et ou le respect existe entre eux.
Une richesse que le réalisateur cultive et nourrit, notamment par une mise en scène épurée, proche du muet par instant, ou seul les actes comptent, ou les regards parlent autant que mille mots. L'amitié entre Vogel et Corey n'a pas besoin de justification, car elle est naturelle: le sacrifice de Jansen est tout autant un acte de bonté qu'une échappatoire libératrice qui laisse remonter la rancœur d'une mise au placard injuste. Une justesse dans le ton que l'on doit à la mise en scène particulièrement inspirée de Melville qui n'en fait jamais trop, qui a toujours le mouvement de caméra qu'il faut et cela avec un sens de la retenue que je trouve admirable. Le rythme est maîtrisé, l'action c'est avec parcimonie et il n'hésite pas à laisser la place au silence, comme pour la séquence du casse ou pendant 25 minutes il n'y a aucun mots prononcés, juste des actes !
Quant au casting il est excellent de bout en bout ! Premièrement j'ai découvert ici la face plus sombre de Bourvil, qui campe un commissaire plus vrai que nature, avec beaucoup de calme et de réflexion. Un policier qui sort des sentiers battus et qui n'hésite pas à faire preuve d'empathie avec les personnes qu'il traque. On trouve aussi Yves Montand dans le rôle de Jansen, un ex-policier mis au rencard parce qu'il est tombé dans l'alcool, un personnage touchant qui transpire d'humanité. Puis il y a Vogel joué par le surprenant Gian Maria Volonte qui fait du criminel qu'il campe un personnage intelligent, alerte et soucieux de son prochain, comme Corey joué par Alain Delon qui sort ici une nouvelle composition proche de celle qu'il a eu dans « Le Samourai », avec cette fois-ci un soupçon de vie supplémentaire …
Le Cercle Rouge
4/
5
Oleh
Unknown