47 Ronin



47 RONIN
de Carl Erik Rinsch


Il y a des films dont on a entendu du mal et à qui par conséquence on n'accorde que peu de crédit. Je ne sais pas pourquoi on ne l'avait pas encore vu, je ne l'explique pas autrement qu'à cause de ce on-dit. Mais finalement on lui a donné sa chance

47 ronin commence en suivant un très jeune homme, presque un enfant qui traverse une foret à la course. Un aspirant samouraï qui chasse avec son maître, lui saute dessus et décide de le tuer prenant son métissage et ses cicatrices comme des stigmates et en déduisant que c'est un démon.
Son maître a pitié de ce jeune homme et décide de l'amener chez lui pour le soigner. Ce maître s'appelle Nagatory Asano. , il est le daimyo (le plus puissant es seigneurs appartenant à la noblesse japonaise et un gouverneur ). c'est chez lui que Kai rencontrera sa fille Mika, unique enfant de son hôte. C'est une fois devenus adultes que commencent l'histoire.
Une fois n'est pas coutume, commençons par ce qui fâche. Le bruit qui parasitait mon souvenir et qui a fait de ce film un non succès retentissant. Ce film reprend un moment de l'histoire japonaise (célébré le 14 Décembre) qui s'est déroulé en 1701. De nombreux films et séries ont retracé les actes de ces hommes. Le réalisateur décide de faire un film respectueux et juste de lui apporter une aura un peu plus universelle. Pour ça il réuni un casting solide et embarque Keanu Reeves. Et c'est là qu’intervient universal pictures, le studio de production. Il veut que ce film soit plus mainstream. Et les lignes bougent. On change la langue du film; des personnages comme zombie boy sont mis en avant, on fait des re shoot en veux tu en voilà, et on insiste sur les fx avec la volonté d'intégrer un chouia de 3D... résultat la sortie du film est repoussée deux fois et c'est un bide retentissant.
Pourtantc'est un joli film, porté par cette histoire forte d'hommes d'honneurs. Il est bien rythmé et les dialogues sont de ceux qui enrichissent les rubriques «quotes». Les phrases parfaitement tournées proclament des valeurs et des sentiments.
De nombreuses choses sont mises en place pour forger un écrin à la hauteur à cette histoire. Un décor créé à Budapest et à Londres pour donner vie à un village féodal et à la foret. Les costumes, variantes des tenues d'époque deviennent des révélateurs de ceux qui les portent, à l'image des si nobles armures des samouraïs ou celles des acteurs itinérants. Puis il y a ceux des femmes, leurs coiffures et leurs peignes tout est beau, soigné et réfléchi.
Il y a également un travail énorme sur le bestiaire.autant j'avais trouvé le premier animal correct mais il ne m'avait pas épatée, autant les autres le dragon en tête m'ont conquise. J'avais l'impression qu'il pouvait sortir de l'écran et voleter autour de moi.
Quant aux chorégraphies des combats que ce soient aux sabres, ou de n'importe quelles manières, elles sont un pur plaisir. Elles n'ont pas le coté aérien de Hero ou Tigres et dragons mais en gardent le lyrisme et un engagement physique certain.

Même si sur une partie des affiches vous voyez zombie boy, zappez le il n'a que deux répliques dans le film. Il est juste le symbole de la schizophrénie qui a frappé la production. Car concrètement le casting n'avait pas besoin de lui tant il est solide.
Hiroyuki Sanada , joue le premier samouraï oishi. Connu pour être le héro de San Ku Kai. Il est l'incarnation de la dignité. Son jeu est pur et généreux.
Tadanobu Asano joue Lord Kira. Acteur bouleversant dans le film de kyioshi Kurosawa «vers l'autre rive» il est impeccable à l'écran. mon seul regret est son temps de présence qui aurait mérité d’être plus long.
Sa comparse Mizuki est interprétée par Rinko Kikuchi, elle est Mako dans Pacific Rim. Elle est aussi délicate qu'inquiétante.Elle campe parfaitement ce personnage au combien complexe.
La princesse, Mika, est interprétée par la sublime Ko Shibasaki. Cette actrice est lumineuse elle porte ce rôle comme une tiare et donne chaire à toutes les qualités de son personnage.
Keanu Reeves est Kai. Il est attachant et se fond parfaitement dans cette histoire.

Il y a des bémols à mon amour pour ce film et ils touchent principalement les effets spéciaux. Ils ont été l'un des cheval de bataille des studios. Du coup ils sont inégaux. Le plus frappant étant l'apparence des habitants de la foret des tengus. Le parti pris est si laid qu'on se demande si c'est fait exprès. Alors qu'à coté il y a tant de choses belles et réussies. Ça se ressent aussi dans la manière dont est abordé le monde magique. Une impression que l'on n'a pas été réellement au bout des choses. Mais très honnêtement ça ne nuit pas à l'histoire.

Je sais à quel point j'ai aimé un film lorsqu'au moment ou j'ai fini d'écrire sur lui je me dis que j'aurais pu faire mieux. Là c'est le cas.
47 ronin mérite qu'on lui donne une chance. Il me ramène à ce que j'aimais enfant et il met des étoiles dans mes yeux. Ce n'est certes pas le film le la décennie mais c'en est un que j'aurai plaisir à voir et revoir



Detective Dee II : La légende du dragon des mers


L’impératrice Wu règne sur la dynastie Tang aux côtés de l’empereur Gaozong. Elle envoie sa flotte vers l’empire Baekje afin de soutenir cet allié de longue date, envahi par le belliqueux empire Buyeo. Mais, juste après leur départ, les navires sont attaqués par une mystérieuse et gigantesque créature surgie du fond des mers. Les habitants de Luoyang, la capitale orientale, pensent qu’il s’agit d’un dragon des mers.

Detective Dee II : La légende du dragon des mers – 6 Août 2014 - Réalisé par Tsui Hark

Tsui Hark c'est un peu comme quand j'ai découvert John Woo. J'ai vu ses deux films américains avec JCVD et j'ai été pris par la générosité du bonhomme à l'écran. Mais il était évident que je n'avais vu qu'une infime partie du talent de Tsui Hark et depuis ce temps là, je m'étais promis d'en découvrir plus. Ce que je n'ai pas fait, jusqu'à ce jour avec la découverte dans la même soirée de son diptyque (pour l'instant) de Detective Dee ! Il ne fallait donc pas moins que Tsui Hark, auteur en partie des films « Il était une fois en chine », qui était sur autre figure de la culture chinoise, celle de l'illustre « Wong Fei-Hung » !

Si ce film est le second de la série initié par Tsui Hark, c'est avant tout un prequel ! Un film qui prend place dans la jeunesse du détective Dee, avant qu'il ne soit vu comme un dissident. C'est ainsi que l'on découvre un magistrat en devenir, malin et rusé, qui n'a pas son pareil pour s'attirer des ennuis. Alors qu'il n'est pas encore officiellement intégré à son poste, il prend la défense d'une jeune femme prête à se faire enlever. Hélas, il finit en prison, car on le confond avec les bandits. Mais ce n'est que le début des aventures de Dee, qui va devoir enquêter sur une mystérieuse attaque de dragon des mers.

Bref après un premier épisode épatant, Tsui Hark récidive et signe un prequel aussi dantesque que le précédent ! Jamais à court d'idées et d'énergie ce film mêle habilement diverses intrigues, romantique, policière ou politique. Un préquel aussi ambitieux que radical dans son approche. Si vous n'avez pas vu le premier vous ne serez heureusement pas perdu, mais vous comprendrez un peu moins ce qui nous est raconter, car comment savoir ou l'on va si on ne s'est pas d’où l'on vient ! Et le scénario emprunte exactement cette voie, en déroulant d'un coté l'intrigue principale et de l'autre les petites choses qui vont enrichir la mythologie, ainsi que les personnages comme Dee, Shatuo ou Wu Zetian.

C'est ainsi que l'on apprend à mieux les connaître, à comprendre les amitiés qui les lient, ou qui les opposent, tout en ayant un regard sur les us et coutumes de l'époque et sur la dynastie Tang ! Un regard juste, mais terrifiant pour nous européens, ou le bien commun passe avant l'individu et cela quoi qu'il puisse se passer. Un dilemme porté par le juge Dee, qui voit ses idéaux de justice contrés par l'autorité de l'Impératrice qu'il ne peut contester !

Une richesse totalement au service du récit, dense et habilement structuré. Tsui Hark ne manque alors pas le coche pour créer de folles séquences, dont on ne doute pas que la 3D aurait magnifié (Vu sur une simple tv) ! Que cela soit sur terre, a flanc d'une crevasse ou dans l'eau, la générosité est de mise, notamment lors du climax final ou le réalisateur joue sur les différences d'échelles et de terrain. A cela il faut ajouter une direction artistique Kenneth Mak cohérente avec le précédent et tout aussi riche de détails; une photographie de Sung Fai Choi élégante et contrastée; une belle composition musicale de Kenji Kawai mais surtout un travail titanesque sur les costumes, crée par Pik Kwan Lee et Bruce Yu. Quant au casting, il est plein de talent ! Hormis Carina Lau, l'impeccable Impératrice, place a des nouveaux visages, Mark Chao devient Dee et s'approprie comme il se doit le personnage ; Shaofeng Feng dans le rôle de Yuchi Zhenjin ou encore Angelababy gracieuse et lumineuse en courtisane ... 

Je ne dirais qu'une chose, vivement la suite !

The Neon Demon



THE NEON DEMON
de Nicolas Winding Refn

j'ai toujours eu envie de regarder The Neon Demon. J'ai été fascinée par sa bande annonce et par son esthétisme. Mais on n'a pas été le voir au cinéma et il est entré dans ma longue liste des films que je devais voir. Je remercie suzy bishop d'avoir réveillé mon intérêt.

Jesse est une jeune fille qui arrive à los angeles et dont la beauté la fait sortir du lot. Elle devient la jeune femme qui a le vent en poupe et réveille les convoitises. Si ces quelques phrases contextualisent l'histoire, elles ne la résument pas, ni ne la pitchent. ce film est tellement visuel qu'il est difficile ne serait-ce que de raconter son premier quart d'heure.
La force de ce long métrage est dans son image, sa photographie, son esthétisme. Les couleurs qui l'habillent sont absolument splendides et peu utilisées de cette manière à l'écran. Des filtres, aux scènes éclairées dans des teintes froides, installent un climat papier glacé.
C'est vraiment ce sentiment là que l'on a, l'impression d'un film sur papier glacé. Ça se retrouve jusque dans la composition de l'image. Les perspectives ou leurs absences, les reflets dans les miroirs qui offrent de la profondeur dans cet univers plat, on retrouve aussi les jeux avec les angles de vues présents dans les photos de mode. La réalisation joue beaucoup avec la géométrie pour accentuer cette sensation de construction
Le maquillage a une importance énorme. Je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine mais on perçoit combien il a été pensé. Je me souviens de la maquilleuse du Dallas Buyers Club qui expliquait son utilisation du contouring et de poudres. Là on voit le travail avec les highlighters créant des points de lumières et un coté glowie qui aide à installer cette impression «papier glacé». Le maquillage «beauté» est aussi exploité les paillettes, l'or, les strass dont on pare Jess la rendent différente des autres et du commun des mortels. Les costumes et les coiffures sont en adéquation avec la recherche sur les couleurs.
Mais y a t-il un sens au milieu de toute cette beauté froide. Il y en a, c'est un espèce de manifeste contre le monde de la mode. Et ce milieu apparaît comme un croque mitaine pour les jeunes femmes. Tout en étant une dénonciation de la société et des critères esthétiques auxquelles les femmes se plient. Et la ligne «éditoriale» du film devient moins clair les femmes deviennent des prédatrices, elles font pleinement parties de ce paradigme, à la fois victimes et bourreaux. Dans ce cercle culpabilisant elles sont sublimées quand elles s'assument comme fauve. Dans le film elles deviennent sensuelles, sauvages, avec un esthétisme utilisé qu'à ce moment.
Les actrices sont belles et charismatiques et on n'a aucun mal à se dire qu'elles ce sont pliées sous les fourches caudines que dénoncent le scénario.
Elle Fanning est magnétique, elle est belle mais est aussi pétrie de talent . Elle est lumineuse et son évolution dans le film se fait avec douceur alors que se révèle une force terrible.
Le personnage de Ruby interprétée par Jena Malone est inquiétant est plein de secrets, mais il explose en route lors d'une scène de nécrophilie aussi inutile que ridicule. Et pour moi c'est symptomatique des ratés du film. Les personnages ne m'ont jamais intéressée , je ne m'y suis jamais attachée et je les ai même trouvées vides.
En conséquence quand les déviances apparaissent, je suis étonnée mais ça ne m'enveloppe pas d'effroi. Puis il faut dire ce qui est, à la fin du film on en a croisé un certain nombres et que plus aucune action dans cette surenchère me fait d'effet
Le seul personnage qui m'a intéressée c'est Hank le propriétaire du motel, interprété par Keanu Reeves. D'abord car il fait exploser le coté papier glacé (et ça fait du bien)et il semble être le personnage sur lequel on pouvait raconter des choses. Mais pour mon grand malheur, il est assez peu exploité.

Je ne dirai pas que j'ai aimé ce film, mais j'ai aimé le voir ne serait-ce que pour le travail sur l'image.

Visages Villages


Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

Visages Villages – 28 Juin 2017 - Réalisé par JR/ Agnès Varda

Les documentaires ne m'attirent pas naturellement et rare sont ceux que je découvre au cinéma. Pour tout dire c'est un genre cinématographique que je regarde peu. Et pourtant il faut bien le dire, les bons documentaires n'ont rien à envier aux films classiques, ce qui est le cas de cette collaboration entre l'artiste JR et la cinéaste Agnes Varda, une plongée dans la France, entre le béton et les visages qui la composent !

Tout commence par une rencontre, poussée entre autre par la fille de Agnes Varda. Une rencontre qui en a appelé d'autres, lui photographiait la façade de sa maison, elle son visage, même si il n'a daigné enlever ses lunettes. Le début d'une amitié que l'on décèle au travers de leurs actes et de leurs mots, puis vint alors l'idée de ce documentaire. Un film qui partira loin des villes, car c'est le souhait d'Agnes Varda, ou au gré de leurs envies, ils parcourront la France, avec le camion photo de JR, à la recherche d'histoires, de femmes et du temps qui passe !

Au final, c'est un vrai beau et fort moment d'émotion que nous livre JR et Agnes Varda ! Une tournée dans la France que l'on ne regarde que trop peu, qui est parfois même clairement abandonné. Alors que ce sont des moments d'histoires qui se cachent ou des histoires d'hommes et de femmes, avec la simplicité qui les caractérise.

L'approche de JR et d'Agnes est tout aussi simple, modeste et profondément humaine, ou l'on sent que les gens les intéressent et qu'ils sont la pour les écouter, que ça soit dans le Nord auprès de Jeannine Carpentier, la dernière habitante d'un coron à Bruay-la-Buissière; ou encore auprès de ces femmes de dockers ; Nathalie Maurouard, Sophie Riou et Morgane Riou devenu des femmes totems de dix mètre après un collage des équipes de JR ! Les femmes et leurs paroles sont à l'honneur, magnifiées par l'attention et l’œil de la grande Varda qui leur rend justice.

Ils mettent aussi en lumière des territoires reculés, ou l'on sent que le temps passe à son rythme, ou tout semble avoir bougé sans jamais se détériorer. Un peu comme la réalisatrice de se documentaire, pleine de vie, mais qui doit faire face à des injections régulières dans les yeux pour préserver sa vue qui baisse. Une corvée indispensable pour ne pas la priver de son outil le plus utile, son regard profond et compatissant qui semble percer à jour la moindre image ou personne. Ce qui est le plus beau des cadeaux que nous lèguent JR et Agnes Varda, un film qui voit le monde comme il est, qui crée du lien et qui rapproche les gens, notamment par la force des images et de ceux qu'elles représentent ! 
Une très belle réussite !





My Own Private Idaho


MY OWN PRIVATE IDAHO
de Gus Van Sant

S'il y a un film qui me suit depuis de mon adolescence c'est «my own private idaho». Tournait juste un peu avant, ce titre qui sonnait comme une vieille chanson country, ses acteurs charismatiques, puis la mort de River Phoenix l'ont fait entrer dans l'histoire.

Je ne vous raconterai pas l'histoire du film, car le début n'est pas représentatif de son ton. Car ce film est un film de Gus Van Sant et son visionnage n'est pas linéaire.
Il est d'abord et avant tout un témoignage sur une population précise à une époque donnée. 
Il suit Mickey, un jeune homme qui se prostitue pour vivre et payer sa drogue ainsi que son meilleur ami dont il est amoureux Scott. Les deux hommes ont eu des enfances très différentes mais évoluent dans un même milieu fait de squats de passes et de photos pour des magasines gays. C'est pour moi la partie la plus forte de ce film. Avec des monologues face caméra, ou les compagnons des personnages principaux racontent leurs premières expériences tarifées qui ont toutes en commun d’être des viols et leurs projets. Ce sentiment de schéma est accentué par la reproduction des silhouettes et des attitudes lorsqu'ils sont en Italie. une espèce d'universalité du malheur ou les mêmes problématiques mèneraient aux même résultats
Ce film n'est jamais dans la caricature ou dans le jugement et cela permet d'esquisser des portraits riches. Comme celui de Scott, fils du maire de Portland, et qui se prostitue. Extrêmement ami avec Mickey qui est amoureux de lui, alors que Scott est hétérosexuel.
Ou comme celui de Mickey dont le parcours familial est traumatisant et qui cependant cherche sa mère.
Se soulève également la question du rapport aux parents. Que ce soit celui de Scott avec son père. La seule rencontre qui est mise en scène entre ces deux est réalisée de telle manière qu'elle soulève plus de questions qu'elle n'y répond. Ou que ce soit celui de Mickey que je ne veux pas spoiler mais qui l’entraîne dans un espèce de road trip avec son meilleur ami qui le conduira en Italie. Il semble ne jamais s'apercevoir que sa mère comme lui pourchasse sa famille pour oublier son présent. et qu'à chaque fois que quelque chose le ramène à elle,il fait dans une crise de narcolepsie.
Les choix du réalisateur de faire des allers et retours puis des allers et venus casse le charme du road movie. Il n'apporte rien à Mickey qui en est à l'origine c'est son ami qui en sort changé et renforcé dans son choix.
Ce film avait vraiment tout pour me happer. Surtout que par moment il es emprunt d'une poésie naïve qui ne me laisse pas indifférente. Mais les choix de réalisations m'ont violemment sortie de l'histoire.Tels que la forme du voyage en Italie ou les scènes d'amour en images arrêtées qui ne sont pas sans rappelées les photos des magasines érotiques des années 80 (prime à celles dans l'encadrement de la fenêtre avec contre jour) et tant d'autres.
Le point fort de ce film est son duo d'acteurs. River Phoenix qui cultive ici un petit coté James Dean. Il donne corps à ce personnage désespéré quasi tragique et qui cherche à se sauver. la sensibilité qu'il lui offre traverse l'écran.
Keanu Reeves qui interprète Scott un jeune homme aux multiples facettes au moins quatre ou cinq différentes. Il est parfaitement crédible. Il arrive à changer notre sentiment et notre appréciation sur le personnage par un regard, ou à son ton.

Ce film est un film culte et il le mérite. Sa richesse n'est pas toujours canalisée par la réalisation, mais c'est un moment enrichissant.


The Bad Batch


THE BAD BATCH
d'Ana Lily Amirpour

En français on pourrait traduire the bad batch, par la mauvaise graine, et c'est le seul bagage dont on a besoin pour commencer ce film.

Dans une période futur les personnes que l'on aurait mis en prison sont conduites à la frontière du Texas, ou un immense grillage sépare le désert d'un coté les usa et leur législation, de l'autre une zone de non droit. Ils ne sont pas des prisonniers ils sont des « bad batch ». C'est à ce moment de sa vie que l'on rencontre Arlen, toute pépette avec jupe pastèque, sac à dos avec écussons et smiley, porte feuille vans avec photo de son ex et un petit air de jeune femme énervée.

Ce film que l'on a eu envie de voir en partie pour son casting est l'un des plus wtf que j'ai eu l'occasion de visionner ces dernières années. Il est extrêmement ambitieux (autant dans la forme que sur le fond). Il est également totalement hors sol tout en restant en prise avec la société ou nous évoluons.
Son esthétisme est à l'image de son héroïne. Il est très beau. La manière de filmer le désert, de créer des villes ou des campements. Tout cela en mélangeant les styles. Il y a un petit coté stealpunk dans la prothèse de jambe, de l'onirisme dans sa manière de filmer la nuit... Mais il est amputé de choses qui nous semblent nécessaires pour garder un certain équilibre. Très rapidement on s’aperçoit que même les interdits que l'on pensait de base sont transgressés.
Ce qui marque dans un premier temps ce qu'il reste c'est le silence. Il n'y a pas un seul dialogue pendant les vingt premières minutes. Et quand les conversations commencent c'est souvent ces mots que l'on échange pour ne rien dire. Arlen commence à communiquer réellement que vers la moitié du film. Et c'est judicieux comme ça on est confronté au film, à sa brutalité (les scènes de cannibalisme et ce qui va autour, le grincement de la carriole de l'hermite, ou le bruissement de comfort). Le spectateur prend tout de plein fouet, et doit deviner et déduire.

Quant à la musique elle est réconfortante et surgit de notre passé au moment des scènes d’anthropophagie et elle prend des rythmes électroniques quand ce sont les habitants qui font la fête et s'amusent.
L'histoire est bien menée, et rythmée. Il n'y a pas de temps morts, elle rebondit et évolue à chaque étape. Le scénario sait laisser rouler l'histoire et la parsemer de moments de tensions extrêmes, de cruauté, et de douceurs quasi irréelles. Il n'y a pas un moment ou l'on est complètement serein. Et pour parler des deux personnages principaux, la réalisatrice utilise des images dans l'image. Les tatouages de Miami man et d'arlen racontent leurs histoires. Pour elle sont premier et grand amour qu'elle cache sous ses cheveux, les cerises sur sa poitrine, suicide qui est gravée sur son bras, puis le dernier, le numéro qu'on lui a tatoué avant d'arriver; tant de choses dont elle peut parler. Ceux de l'homme commencent à s'effacer, comme cuba dans son cou, et les autres qu'on a du mal à décrypter. Seul celui qui barre son torse est visible et il est devenu son identité. Alors qu'il est taiseux, il communique majoritairement par ses dessins. Et les plus beaux sont les portraits qu'il fait de sa fille.
Le casting est délicieux. Jason momoa est un miami man très efficace. Il a une présence animale inquiétante et fascinante à la fois.
Suki Waterhouse et bien dans son rôle, lumineuse, mais pas toujours à la hauteur de son personnage. Cependant ça ne gène pas le film. La réalisation arrive à palier à ses faiblesses et à s'en servir.
Puis il y a une myriade de second rôles prestigieux. Keanu Reeves en dreamer. Il est à contre emploi et pourtant à chaque fois qu'il est présent à l'écran ça fonctionne. Il est à la fois inquiétant et magnétique, malgré des tenues disgracieuses. On pourra noter la présence de Jim Carrey et un caméo de Diégo Luna.

Ce film est riche de sens. Il formalise les dires de certains. Éliminer de la société ceux qui ne se fondraient pas dans le moule (délinquants, sans papiers...), créer une séparation entre le Texas et le Mexique, une zone de non droit. Et il pousse l'exercice au bout de lui même. Mais l'histoire met à mal cette dystopie(société imaginaire qui s'organise de manière à ce que ses membres ne soient jamais heureux). Les gens arrivent à être heureux. Le rêveur en re créant une société proche de celle qui les a mis à l'annexe «comfort». Donnant un certain confort de vie aux habitants de sa cité. Créant un but «chercher le rêve», provoquant des moments de joies par la musique et des drogues, beaucoup de drogues; puis en prônant des notions de transmissions, et de protections.

Ou ceux qui se mettent en marge,tel que l’Hermite ou miami man qui refusent ces concepts et fonctionnent à leurs manières, cruellement parfois mais en y trouvant un certain bonheur.
Lesquels des deux sont les plus bad batch. Ceux qui recréent une société tout confort alors qu'ils sont condamnés à ne plus vivre comme cela. Ou ceux qui ne vivent pas dans cette société car ils s'y sentent mal. Le film ne le dit pas, à vous de voir.
Je finirai juste en relevant la critique sévère des états unis, du rêve américain et de la manière dont sont traités les laissés pour compte dont se fait l'écho ce film

Ce film est une surprise. Une surprise qui a la forme d'une grande baffe!soit on l'aimera soit on le détestera. Moi j'ai aimé





Que dios nos perdone


À Madrid, durant l’été 2011. La crise économique ébranle la société et provoque la naissance du mouvement social 15-M, celui des Indignés. De surcroît, des milliers de pèlerins débarquent dans la capitale espagnole pour y accueillir le Pape. C’est dans ce contexte que les policiers Alfaro et Velarde ont pour mission d’arrêter de manière « discrète » un assassin présumé. Mais la pression exercée et la course contre la montre leur feront prendre conscience d’une terrible vérité : dans quelle mesure sont-ils si différents du criminel qu’ils poursuivent ?

Que Dios nos Perdone – 9 Août 2017 – Réalisé par Rodrigo Sorogoyen

Depuis quelques années j'essaye tant bien mal de suivre ce que le cinéma espagnol nous propose ! Et vu qu'il n'est pas évident de les découvrir en France, je me contente des 2/3 films que les distributeurs achètent et les films qui sortent en DTV. Bref depuis, une constante revient dans les films que je découvre, c'est qu'il y a toujours (parfois dans un degré moindre) un angle social, voire politique et c'est une fois de plus le cas avec « Que Dios nos Perdone » !

Madrid est en ébullition, car elle s’apprête à recevoir le pape lors des journées mondiales de la jeunesse. La ville à beaucoup de mal à faire face à tout cet afflux de pèlerins venus pour l'occasion, surtout que le pays est aussi révolté par la gestion de la crise économique qu'ils viennent de traverser, une révolte qui a vu émerger le mouvement des indignés sur la place Puerta del sol le 15 mai 2011. C'est dans ce climat électrique qu'un tueur en série sème la mort dans Madrid en violant et mutilant des personnes âgées. Cette affaire aussi délicate que particulièrement éprouvante est confiée a deux policiers aux profils radicalement différents. Le premier, Alfaro est un inspecteur instinctif et brutal ; le second Velarde, complexé par un bégaiement prononcé est plus discret mais il n'est pas pour autant incompétent. Un duo atypique qui doit faire vite et discrètement, car si l'affaire sort au grand jour, cela sera catastrophique pour la ville et pour la réputation de la police. Une pression supplémentaire qui s'ajoute à l'horreur de l'affaire et qui va les mettre au pied du mur, face à eux même et à leurs propres démons ….


Rodrigo Sorogoyen après deux romances, signe ici son troisième film. Un thriller poisseux et radical de grande qualité, qui se place dans la droite lignée des autres représentants espagnols sortie cette année en France. On plonge ainsi dans une Espagne en pleine crise, d'un coté la jeunesse sacrifiée par un pouvoir corrompu se soulève avec le mouvement des indignés, pendant que de l'autre l'Espagne Catholique accueille le pape et les journées mondiales de la jeunesse en pleine crise des valeurs. Un contexte agité dont Sorogoyen et sa scénariste Isabel Pena s'empare pour livrer une histoire sur la violence qui gangrène le cœur de chaque homme …

L'intrigue du film est plutôt classique, c'est l'histoire d'une enquête sur un violeur et tueur en série. Un récit qui est toutefois brillamment articulé, notamment autour d'une poursuite centrale qui prend place dans le centre de Madrid. Bascule narrative qui nous plonge dans une ambiance encore plus sombre et désespérée. C'est là que le vrai sujet à mon humble avis prend vie, a savoir le portrait de trois hommes, deux policiers et un criminel qui font de ce film ce qu'il est, une interrogation sur la nature de la violence chez l'homme. D'un point de vue moral, le film respecte les carcans de « gentil » et de « méchant », mais quand on gratte sur la surface, il n'y en a pas un pour vraiment rattraper l'autre. Ce sont les produits d'une vie, d'une éducation, souvent catholique, et d'une société patriarcale ou tout ne tourne qu'autour de l'image de « l'homme », fort et viril ! Une violence naturelle, profondément ancrée en eux, qui rend cette histoire encore plus terrifiante, car il n'y a pas de monstre, juste des hommes.

Rodrigo Sorogoyen s'attelle à montrer cela pendant les deux heures que durent le film. Une ambivalence entre ce que l'on voit et ce que l'on renvoie qui se traduit aussi bien dans les actes que visuellement. Un contraste saisissant entre l'ambiance aride et poisseuse des rues madrilène par exemple et l’intérieur aseptisé de l'appartement de Velarde ou encore avec la chaleur et la bonhomie d'Alfaro. Mais ce travail là, admirablement menée par le réalisateur et son chef op Alex de Pablo continue dans la deuxième partie du film ou ils ramènent de la couleur, de la variation et des sentiments, signe d'un récit qui s'emballe et ou chacun des protagonistes se retrouvent face à lui-même. Un rythme qui va crescendo et que le réalisateur maîtrise habilement, alternant les scènes d'expositions et les scènes violentes avec précaution, avec comme point d'orgue cette poursuite centrale fabuleuse.

Longue, imprévisible, sans fin, filmé caméra à l'épaule, on s'épuise au rythme des protagonistes, de plus en plus fatiguer, par la chaleur, par le poids de la tache et par l’impossibilité de coincer le criminel ! Une séquence pivot bien monter que Rodrigo Sorogoyen nous livre avec beaucoup d'application. A cela on peut ajouter une partition musicale signé Olivier Arson particulièrement anxiogène, qui résonne lourdement à chaque fois et qui amplifie le malaise de certaines séquences; les décors de Miguel Angel Rebollo, notamment des appartements, qui alternent entre épure (appt de Velarde) et habitats surchargés, des endroits détaillés et bien penser.

Quant au casting, c'est de la bombe tout simplement ! Javier Pereira dans le rôle d'Andres (le méchant) est un excellent choix. L'homme normal par excellence, courtois et poli, on ne se doutes de rien et c'est nombreux actes délictueux n'en sont que plus terrifiants. Puis il y a l'excellent Antonio de la Torre dans le rôle de Velarde. Impeccable caméléon qui surprend avec ce rôle de policier bègue, presque mutique, l'acteur tout en retenue ne cesse jamais de nous étonner pendant ces deux heures. Et enfin il y a Roberto Alamo, Goya du meilleur acteur en 2017, véritable révélation à mes yeux ! Il est épatant, sous sa carapace de machisme, il montre aisément toutes les failles de son personnages avec un jeu fait de coup d'éclat et de nuance, avec la touche de naturel qui désarçonne. Une excellente performance pour un goya amplement méritée ! 


Un thriller qui mérite le coup d'oeil !

120 battements par minute


120 BATTEMENTS PAR MINUTE
de Robin Campillo


Ecrire sur 120 battements par minute, c'est se dire que l'on veut parler de claquements de doigts, et penser qu'il va falloir glisser «des molécules pour qu'on s'encule». Puis d'un coup c'est être envahi à nouveau par tous les sentiments qui nous ont traversé lors de son visionnage.

Vous pitcher ce film n'est pas aisé. Tant il est riche et qu'il fait naître chez nous une multitude d'émotions. On suit pendant à peu près deux ans le groupe d'act up Paris au début des années 90.On les suit dans leurs réunions hebdomadaires (RH); dans leurs actions, leurs recherches d'informations, mais on fait aussi des insertions dans la vie de certains d'entre eux.
A cette période j'étais ce que l'on appelle aujourd'hui une pré ado. Je ne garde pas grand choses comme souvenirs de la montée en puissance du SIDA. C'est venu plus tard. Mais si je cherche quel est le premier souvenir que j'ai et que je lie à cette maladie c'est l'image des die-in d'act up. Et c'est en partie ce que l'on retrouve ici.
Car tout un pan du film retrace l'action de ce groupe, et ses combats. L'une de ses principales qualités est le scénario et la réalisation tous les deux menés par le même homme. Dans un premier temps, tout est filmé à la première personne. Permettant de nous présenter les règles de fonctionnement de la RH, nous donnant l'impression de faire partie des manifestants d'une de leurs actions. L'immersion a été parfaite pour moi. L'activisme nous apparaît comme naturel, le seul choix à faire. Les claquements de doigts, les «tsst» se mettent à raisonner particulièrement en nous.
L'image pour act up a toujours été une arme. Dans ce film la photographie est tout aussi percutante. Les poches de faux sang qui éclatent, le sang qui se mélange avec ce faux sang. L'évolution de ce virus matérialisé dans la brume d'une boite de nuit, la baignoire pleine de faux sang, et tant d'autres images que je ne veux pas vous spoiler qui reste imprimées sur votre rétine. Tout comme la troisième partie du film ou se succèdent une série de scènes poignantes et fortes.
Dans un premier temps le rythme est emporté quasi euphorique. Les actions et les RH se succèdent. Le ton malgré la gravité de ce dont on parle est léger et dynamique. Dans un second temps la caméra s'installe comme extérieure et le film prend le temps de nous expliquer les différents buts d'act up ce pourquoi ils se battent. Avant tout contre l'industrie pharmaceutique qui brille par son manque d'humanité (rétention d'informations, protocoles de soins inacceptables, et tant d'autres choses que je vous laisse découvrir), la prévention quasi impossible quand on veut cacher les séropositifs,les gais, les droguais, les prisonniers...

La troisième partie s'attache à des personnages. Elle est bouleversante et m'a arraché le cœur. Mais a aucun moment nous ne perdons de vue act up et la volonté de ces hommes de faire bouger les choses autant pour les autres que pour eux. Jusqu'à la scène finale qui nous laisse chancelants entre rires et larmes.
Le scénario est bien mené, et sans concessions. Il montre la maladie et la sexualité, sans fausses pudeurs. Il déroule son film pendant plus de deux heures sans temps morts, sans jamais qu'il ne s'enlise. Il passe d'un moment à l'autre dans un magnifique exercice d'équilibriste aidé par de magnifiques acteurs.
Il n'y a pas une seule personne qui soit moins investie, un second rôle qui ne soit pas parfaitement interprété ou écrit dans ce film. A l'image se la merveilleuse Aloise Sauvage qui mène le débat lors des RH, et qui d'une certaine manière rythme le film. elle est un vent de fraîcheur.
Nahuel Pérez Biscayart interprète Sean. Son rôle est probablement le plus difficile et pourtant il est impeccable que ce soit dans l'excitation, l'acceptation, ou le combat. Ce film m'a donné envie de farfouiller dans sa filmographie et de découvrir les autres films francophones ou il a joué.
Nathan est interprété par Arnaud Valois. Il émane de lui une puissance et son jeu rend son personnage très attachant. Il canalise l'empathie que l'on ressent pendant le film. Il dévore l'écran.
Adele Haenel incarne avec éclat la fille investie et tout le temps sur la brèche. Elle ne tire pas la couverture à elle. Elle est juste un membre parfait d'un groupe à l'image du personnage qu'elle interprète.
Il me paraît évident que ce film ne plaira pas à tout le monde. Je pense qu'il va faire grincer des dents et choquer certains bien pensant. Ça tombe bien c'est un film sur act up

Ce film est ce que j'aime dans le cinéma. Une histoire bien racontée avec un discours politique, et qui nous laisse face à nos réflexions sur la société dans laquelle on évolue. Société ou les labo pharmaceutiques font la pluie et le beau temps; société ou les affiches de préventions sont censurées parce qu'elles montrent deux hommes en train de s’enlacer.