Un Air de Famille


UN AIR DE FAMILLE
de Cédric Klapisch

Un air de famille, est classé dans mon panthéon personnel. J'en garde un souvenir fort et aussi une validation de certains choix de vie. Le partager avec le plus cinéphile de notre couple fut une expérience particulière.

Pitcher ce film, c'est déjà le trahir un peu. Mais au cas ou vous seriez passé à coté.... Tous les vendredis, une famille se regroupe dans un grand restaurant. Autour de la matriarche on retrouve le fils aîné qui a repris le bar de son père, le second qui est l'un des dirigeants d'une grosse boite, et sa femme ainsi que la fille de le famille. Ce jour là, c'est l'anniversaire de Yolande, et ils se donnent rendez-vous comme tous les vendredi dans le troquet d'Henri...
Ce film scénarisé par les deux acteurs principaux (le tandem Bacri-Jaoui, est à l'origine une pièce de théâtre, qu'ils avaient joué; et qui continue à être joué aujourd'hui.

Klapisch qui réalise ce film, arrive à intégrer une touche de mise en scène théâtrale, dans cet œuvre pourtant très cinématographique. Il garde et c'est ce que l'on perçoit le plus les discours bien ciselés et percutants. On y retrouve aussi les entrées et les sorties spectaculaires comme lorsque Henri descend et remonte de la cave. Donnant une image atypique au cinéma, ce qui est le cas de la photographie ici (les décors old school aux couleurs seventies, le «gilet du dimanche», le radiateur grille mouche...). Ce bar, même si on ne s'en sert pas est aussi pourvu d'une sortie court et d'une jardin. Et le réalisateur conserve le découpage en acte, en introduisant entre chaque moment du récit une respiration, habillée par une musique réconfortante. Il s'en sert pour éclairer avec une relative douceur le passé de cette fratrie en nous les montrant enfants. C'est là qu’apparaît le poids de la famille sur ce qu'ils sont devenus et ou s'ancre la manière dont ils interagissent aujourd'hui.
Tout cela est parfaitement combiné dans le scénario forgé par le tandem. Il arrive à désamorcer toutes les situations dramatiques et tristes en alternant les moments tristes et les moments drôles, les faisant même cohabiter. Quoi de plus tristes que ce quotidien banal, rythmé d'une espèce de fatalité et de reproduction du passé. Quoi de plus tristes que ces petites phrases que l'on a tous entendu «le plus triste c'est pour les enfants» ou encore «tu sais ce qu'il m'a fait(...), une otite». Mais ici ils prennent ces phrases, et les poussent jusqu'à la limite de l'absurde.

Celle qui les prononce c'est Yolande, femme du cadet, femme négligée par son mari. Épouse avec enfants, déguisée avec une panoplie «bourgeoise et collier en perles» qui semble tellement décalée avec la personnalité que l'on découvre d'elle. Yolande est attachante, même lorsqu'elle est infantilisée ou réifier par son homme d'affaire d’époux. Elle prend les traits de Catherine Frot qui incarne avec délicatesse cette femme. Et elle l'habille de sa douceur et de la candeur qui va souvent avec ses personnages.
Jean-Pierre Bacri est le grand frère grognon. Il est celui qui porte l'héritage de la famille. C'est lui qui a repris ce bar qui n'a que peu changé. C'est lui qui adapte son comportement envers sa femme en fonction de l'histoire de ses parents. Il est le bouc émissaire.
Le second frère est interprété par Wladimir Yordanoff. Il est celui qui a réussi. Il est condescendant avec tout son clan. Et est le chouchou de sa maman.
Agnes Jaoui est la fille «pas notée pareil» que ses frères. Ce rôle m'avait beaucoup parlé lorsque adolescente, j'avais vu ce film. Betty ne pense pas qu'elle doit se laisser faire, elle est forte et en adéquation avec son époque. Même si mon amour pour ce personnage aujourd'hui cohabite avec un plaisir coupable à regarder les tutos beauté. je la trouve inspirante, forte et à la fois en prise avec la réalité. Ce n'est pas si courant que ça. Elle évolue beaucoup au fil du film. Et le jeu pur de l'actrice rajoute à sa profondeur.

A mi-chemin entre monsieur Loyal, et un révélateur le rôle de Rémi est tenu par Jean-Pierre Darroussin. Cet homme transpire la bienveillance. Il est bon de s'attacher à ce personnage.

Agnes Jaoui dit de cette pièce et de ce film que bien qu'il soit très drôle, il lui donne envie de pleurer. Je ne pourrais pas mieux conclure que ça.

Baby Driver


Chauffeur pour des braqueurs de banque, Baby ne compte que sur lui-même pour être le meilleur dans sa partie. Lorsqu’il rencontre la fille de ses rêves, il cherche à mettre fin à ses activités criminelles pour revenir dans le droit chemin. Mais il est forcé de travailler pour un grand patron du crime et le braquage tourne mal… Désormais, sa liberté, son avenir avec la fille qu’il aime et sa vie sont en jeu…

Baby Driver – 19 Juillet 2017 – Réalisé par Edgar Wright

Le monde nous a donné et nous donne encore des immenses réalisateurs et réalisatrices, qui ne cessent de nous étonner !!! Alors comme beaucoup je pourrais faire une liste et vous dire ceux que je trouve éminemment brillants, mais cela serait une perte de temps parce que pour moi, il y en a deux qui me sont essentiel et qui représentent ce que j'aime au cinéma. Le premier n'étonnera personne, il s'agit de Guillermo Del Toro et le second c'est monsieur, sir Edgar Wright ! Un réalisateur dont on avait rien vu depuis 2013 et son excellent film « The World's End », donc lorsque j'ai pu aller voir plus d'un mois avant sa sortie, son dernier film, je n'ai pas hésité et j'ai accouru au cinéma pour une séance de « Baby Driver ».

Baby, B.A.B.Y, c'est un jeune garçon assez timide, accroc à ses nombreux Ipods et qui a un talent très particulier, celui d’être un chauffeur hors du commun. Une particularité qu'il utilise depuis assez longtemps pour s’être fait remarquer par les mauvaises personnes. C'est ainsi qu'il sert de chauffeur lors de braquage à main armée. Une bénédiction pour Doc car chaque attaque est une réussite. Mais voilà c'est une situation qui pèse de plus en plus sur les épaules de Baby, qui sait bien que ce qu'il fait est mal, surtout quand il tombe sous le charme d'une serveuse du nom de Deborah. Un déclic pour lui qui voit le spectre de la liberté à porté de main, car il ne devra bientôt plus rien à Doc et qu'il pourra ensuite menée la vie qu'il rêve. Hélas on n’arrête pas les braquages comme ça et Baby va devoir allez le chercher son statut d'affranchis.

En 2015 c'est la mort dans l’âme que l'on a du dire au revoir au « Ant-Man » de Edgar Wright, poussé vers la sortie a cause de « différents artistiques », alors que c'était un projet de longue date pour lui. La mort dans l’âme, il rebondit cependant avec un vieux projet qu'il développait depuis 1995, son nom « Baby Driver » ! Une évidence, une fois le film fini, c'est ce qui revient, Edgar Wright enfile ses écouteurs sur les oreilles et laisse parler le talent, avec dans le rétroviseur l'écurie Marvel, pour prouver une bonne fois pour toutes qu'on ne laisse pas bébé dans un coin …

Le scénario est écrit par Edgar Wright en personne et concentre son récit sur la quête de sens que Baby cherche à insérer dans sa vie, lui le chauffeur surdoué. Un récit qui a du sens, qui prend ses racines dans son addiction vitale à la musique (Transmission de la mère). Une constante qui l'enferme dans son monde, mais qui va peu à peu l'ouvrir, jusqu'à prendre son envol. C'est aussi pour moi, une façon qu'Edgar Wright à de solder ses comptes avec son travail interrompu chez Marvel. Wright le prodige se plie au diktat d'une entreprise dominante, qui l’oppresse de plus en plus, jusqu'au moment ou il n'a plus le choix, il doit reprendre sa liberté, quitte à connaître quelques années sans films. Un sacrifice utile pour se retrouver et être en accord avec soi-même.

Sauf que d'un autre coté, on retrouve le film de braquage et que pour moi c'est clairement le point faible du film, car on est en terrain connu et qu'il n'y a absolument rien qui vous surprendra, que cela soit sur l'intrigue, les personnages ou leurs rôles qui ne sortent pas du carcans dans lequel ils sont cantonnés. Les différents personnages ne sont alors pas tous logés à la même enseigne, si Baby, Deborah ou encore le beau-père sont écrit assez finement, le reste du casting n'a pas droit a ce soin si particulier dans la caractérisation dont nous avait habitués Edgar Wright. De ce fait on ne s'attache pas à eux (hormis ceux cités plus haut) et déjà qui n'y a pas trop d'enjeu, cela rend toutes dramaturgie difficile. Ajoutons à cela une narration qui manque étonnamment de peps, voir de rythme, qui aurait gagné pour moi a être plus court d'une bonne vingtaine de minutes …

Une déception que cette histoire, ce qui est une première pour moi avec Edgar Wright. Cependant ce n'est qu'une partie de cet intriguant objet qu'est « Baby Driver » ! Car malgré ça, le film est formellement une brillante réussite, ou il retrouve l'un de ses premiers amours, le clip vidéo. Parce que l'idée de ce film il avait déjà expérimenté lors d'un clip, celui de Mint Royale avec la chanson Blue Song qui est le brouillon de l'introduction du film. Sauf qu'ici il passe la seconde, car ce n'est plus la mise en scène qui dicte la musique à choisir, mais bien la musique qui dicte la mise en scène ! Une évidence pour rendre à l'écran la façon dont Baby entend la vie au travers de ses écouteurs. Et chaque séquence musicale est un vrai plaisir pour les yeux comme pour les oreilles, car même si c'est assez déstabilisant au début, on est forcé de reconnaître que c'est brillamment exécuter ! Un ballet tout autant visuel que musical ou les deux sont en symbioses, et remplace sans forcer le langage classique. 

Une générosité qui marque les esprits jusqu'au climax final, une poursuite dantesque, folle et furieuse, ou Baby ne sera plus celui qu'il est ! Et pour réussir cela, il s'entoure de fidèles, des collaborateurs réguliers, comme le chef opérateur Bill Pope, le chef décorateur Marcus Rowland, le compositeur Steven Price et bien sur les monteurs Jonathan Amos et Paul Machliss qui ont fait ici des merveilles !

Le casting est quant à lui très surprenant ! Bon on trouve monsieur Kevin Spacey en commanditaire omnipotent, un bon choix mais une composition un peu trop faiblarde à mon goût, même si le plaisir semble là. Ensuite il y a Jamie Foxx dans le rôle de Bats qui livre une composition peu engageante voir un poil agaçante, tout comme le duo Jon Hamm/Eiza Gonzalez qui manque de substance, à défaut ils ne manquent pas d'une certaine élégance. Jon Bernthal joue propre et semble plus concernés en 10 minutes que Foxx pendant tout le film. CJ Jones c'est le beau père sourd et muet de Baby, un personnage secondaire éminemment attachant qui nous donne l'émotion que l'on à besoin et de plus on sent qu'il y a une vrai complicité avec Ansel Elgort. Pour finir il y a Lily James dans le rôle de Deborah, un rôle classique qu'elle a le mérite de bonifier, avec finesse, douceur et empathie; un minimum pour percer l'armure de Ansel Elgort. Cet acteur que je ne voyais que dans des BA de rom-com ne m'inspirait pas du tout et je suis bien content que ce film m'est donner tort, car il assure du début à la fin, que cela soit dans le registre monolithique du chauffeur impassible que de l'amoureux qu'il devient plus tard. Une découverte que je ne regrette pas …

Une belle déception !

Poster par Adam Stothard

Les Tropicales by SoFilm



Les Tropicales by SoFilm

Etre amoureuse de cinéma est bien souvent synonyme d’être adepte de l'enflammade; que ce soit pour un réalisateur,un acteur,un projet, une saga tout est sujet à nous voir nous agiter. Et la conférence de presse de jeudi dernier m'a laissée dans cet état.

Cet été dans le cadre de la saison culturelle «paysages» se croiseront pelle mêle, des expositions, du street art, des performances, des spectacles, du théâtre, de l'opéra... et Du 6 au 9 juillet le festival les tropicales organisé par so film.
So film adapte à Bordeaux son festival nantais et ça fait pétiller les yeux et augmenter le rythme cardiaque.
Ce festival est décrit comme très différent avec une ambiance conviviale favorisant l'échange. Il sera ponctué d’événements conviviaux et sans prétentions, comme un ciné karaoké, des apéros, ou un barbecue ou se mélangeront les intervenants, les cinéastes et nous.
Ce choix de la simplicité et de la proximité s'applique aussi à la manière de voir le film. Cinq séances seront gratuites. Autant au sein de l'utopia , un cinéma original en plein cœur de Bordeaux, ou en plein air à Darwin lieu improbable au sein de la cité. Et les premières séances gratuites seront pour l'ouverture, la diffusion de Okja.
Car oui, ce festival a un programme riche et ambitieux. Il y aura entre autre à l'affiche 120 battements par minute,le primé the square, le redoutable, grandeur et décadence d'un petit commerce de cinémasera la touche de Godard... et de nombreux cinéastes seront là et nous parlerons cinéma.
La programmation que vous trouverez à la fin de ce billet, la simplicité et l'ambiance qui se dégage du concept m'avaient déjà séduite. Puis on a parlé de la lecture de nouvelles écrites par des scénaristes lors d'une résidence.
Lecture qui sera accompagnée d'un son et lumière. Des nouvelles écrites sur le thème du polar... pour moi c'est Noël en Juillet.
Évidemment j'oublie des choses mais on vous en parlera à l'usage.

Alors que je piétine d’impatience devant mon écran, je fais un vœux pour cette ville que j'aime tant, que ce festival qui est un one shot revienne nous faire rêver l'année prochaine.

Entre les Murs


François est un jeune professeur de français dans un collège difficile. Il n'hésite pas à affronter Esmeralda, Souleymane, Khoumba et les autres dans de stimulantes joutes verbales, comme si la langue elle-même était un véritable enjeu. Mais l'apprentissage de la démocratie peut parfois comporter de vrais risques.

Entre les Murs – 24 Septembre 2008 – Réalisé par Laurent Cantet

J'ai très peu d'amour pour ce que le cinéma de mon pays la France produit et cela malgré quelques exceptions. C'est peu dire que lorsque j'ai découvert « Entre les Murs » de Laurent Cantet, je n'étais absolument pas serein, mais la magie avait opéré et j'avais passé un agréable moment. Mais il y a peu, alors que je ne l'avais jamais revu, je me suis une fois de plus posé devant l'écran de ma tv pour redécouvrir un film.

François est professeur dans un collège difficile. Prof de français, professeur principal, il est à l'écoute de ses élèves et n'hésitent pas à les traiter comme des personnes à part entière. Une attitude qui à ses qualités, mais aussi ses défauts et l'atmosphère agitée de sa salle de classe le lui rappelle constamment. Pétri de principes et de certitudes, cet enseignant dévoué voit sa façon d'enseigner discuter, sa vision du collège contestée et cela même quand il essaye de minimiser les actions de l'un de ses élèves turbulents. Pendant un an, il connaîtra au contact de sa classe des moments de joies, de peines et de profondes colères …

C'est lors du festival de cannes 2008, que le film entre « Entre les Murs » ce fait un nom. Il convainc a l'unanimité le jury présidé par Sean Penn et remporte ainsi la plus grande des récompenses, la sacro-sainte palme d'or. Lui assurant alors un beau succès d'estime en salle.

Laurent Cantet réalise ici son quatrième long-métrage et adapte le livre de son acteur principal « Entre les murs ». Ce livre est une fiction sur un professeur de français dans un collège inspiré par la propre expérience de François Begaudeau en tant que professeur de français dans une ZEP. Et c'est ainsi que l'on assiste au quotidien d'une classe, joyeuse, bavarde, curieuse, révolté, insolente et attachante que leur prof de français essaye de guider aussi bien qu'il le peu !

Et très honnêtement dans son ensemble le film se tient plutôt bien et les intentions que le film transmet son louable, tout comme l’abnégation dont semble faire preuve François Begaudeau. Montrer que l'école, la transmission de prof à élève est un parcours du combattant sans fin et que l'institution ne les aides pas, c'est assez pertinent. Tout comme la difficulté qu'il y a pour le corps enseignant à régler les divers différents qu'il peu y avoir avec un élève, sans tomber dans le répressif bête et méchant ni dans le laxisme le plus total.

Sauf qu'en le revoyant, il y a deux choses qui posent problème à mes yeux. Première chose, c'est le positionnement du film qui se retrouve coincé entre la fiction et le pseudo documentaire. Une erreur pour moi, car on perd de vue ce qui est essentiel a savoir le lien entre le prof/élève et les problématiques qu'ils développent ensemble; a défaut de ça, on perd du temps avec des scènes inutiles (les scènes dans la salle des profs, le conseil de discipline) qui éparpillent le propos et cassent le rythme du film. Le second problème, c'est que le casting n'est pas homogène et sur la longueur c'est un vrai problème. Les différents adolescents ne sont pas toujours justes, mais la spontanéité dont ils font preuve rattrape ça sans aucun problème et donne corps a leurs personnages; a contrario des différents adultes qui sont d'ignobles caricatures.

Entre les Murs est un film énergique qui n'est pas dénué d’intérêt, malgré un positionnement bancal et des acteurs en roue libre. Les intentions sont en or, mais certainement pas la palme …



Le Cœur des Hommes


Alex, Antoine, Jeff et Manu, quatre amis à la fois solides et immatures, sont au tournant de leur vie d'adulte. Ils se voient régulièrement, aiment tchatcher, s'engueuler et rire ensemble. Issus de milieux populaires, ils ont atteint leurs objectifs professionnels : Alex et Jeff ont créé un petit groupe de presse sportive qui marche bien, Antoine est prof de gym dans un grand lycée parisien, Manu a une boutique charcuterie-traiteur qui ne désemplit pas. Ce printemps-là, une série d'événements, la mort d'un père, l'infidélité d'une femme, le mariage d'une fille, les touche et les rapproche encore davantage. Confrontés à des situations qu'ils ne maîtrisent pas, ils se font des confidences, s'expliquent, s'aident, s'affrontent et se remettent en question. Leur rapport aux femmes est au coeur de tous leurs problèmes, de toutes leurs conversations, de tous leurs conflits

Le Cœur des Hommes – 2 Avril 2003 – Réalisé par Marc Esposito


Le coup le plus rusé que la comédie français ait réussi c’est de convaincre tout le monde qu'elle était drôle ! Un sacré tour de force, car hormis quelques exceptions c'est inlassablement les mêmes films qui sortent et qui s'adaptent seulement aux dernières tendances (Humoristes, Youtubeurs). Pire et cela comme nos amis les américains, on bousille tout le capital sympathie de certains films en leur faisant une suite, une erreur qu'a commis Marc Esposito avec son film « Le Coeur des Hommes » !

En 2007, puis en 2013, il signe deux suites à son premier film, qui marcheront successivement de moins en moins bien. Un fait qui ne me choque pas, car sincèrement, il n'y avait pas matière a faire une quelconque sequel !

L'histoire tourne autour d'une bande d'amis, des vieux potes de foot qui partagent à peu près tout ! Les amours, les amis comme les emmerdes. C'est quatre compères que sont Alex, Jeff, Manu et Antoine ont aussi des opinions bien arrêtés sur la vie qu'ils mènent, coincés qu'ils sont dans leurs propres certitudes. Sauf qu'en peu de temps, ce petit confort est malmené par une série d'événements qui vont les bousculer et leurs faire penser d'une façon différentes leurs vies d'hommes …

Si je devais me baser sur ma toute première impression, Marc Esposito réalise un petit film de potes plutôt sympa ou les gags fonctionnent assez bien, le tout en « essayant » de dresser le portrait des hommes dans les années 2000. Et l'aspect fraternel des quatre acteurs qu'il dirige fonctionne toujours aussi bien de nos jours. Ce qui est a peu près le seul point du film que je sauve actuellement, car j'ai grandi et qu'à l'époque j'étais assurément trop jeune, naïf et un peu con.

Le scénario écrit par Esposito à une intention louable, parler de ce qui préoccupait l'homme dans les années 2000/2010, mais il y a un hic, c'est que leurs vies est limitées, car cela ne tourne qu'autour des femmes, de l'argent et du sexe. Et personnellement en tant que mec je me sens un brin insulté, car je considère que tout ne tourne pas autour de mon pénis et de ma position sociale. Un raté aussi monumental que peu subtil, qui se vautre dans le sexisme le plus total et les clichés classiques sur les pseudo envies des « hommes », qui vont du fantasme de la fille jeune quand on 50 ans ou encore qu'une femme doit forcément se faire traiter de pute pour être au top dans sa relation.

Ne dites donc plus le Coeur, mais "Le pénis des Hommes" !



The Age of Shadows


Les années 1920, pendant la période d’occupation de la Corée par le Japon. Lee Jung-chool, un capitaine de police coréen travaillant pour la police japonaise, doit démanteler un réseau de la résistance coréenne dont il réussit à approcher l’un des leaders, Kim Woo-jin. Les deux hommes que tout oppose – mais qui connaissent chacun la véritable identité de l’autre – vont être amenés à se rapprocher, tout en continuant à dissimuler l’un à l’autre leurs propres desseins.

The Age of Shadows – Réalisé par Kim Jee-Woon

Kim Jee-Woon est un réalisateur sud-coréen qui réalise des long-métrages depuis 1998 et sa filmographie compte à ce jour 8 films. Me concernant, j'ai découvert le travail de ce réalisateur avec son film « J'ai rencontré le diable », un thriller sanglant, efficace et intense qui m'avait énormément marquer. Puis il y a eu « Le Dernier Rempart », une série b sympathique qui marque sa première expérience sur le sol américain avec notamment Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal. Et depuis 2013, ce réalisateur dont la réputation grandissante n'est plus à prouver chez nous, revient avec un pur produit coréen, l'immense et pas encore distribué en France « The Age of Shadows ».

Lee Jung-chool est capitaine dans la police coréenne, pendant l'occupation japonaise des années 20. Une situation qui divise le pays et qui créée énormément de tension, à cause notamment de la résistance coréenne qui n'hésite pas à faire des attentats pour déstabiliser le régime japonais. Aux abois, la résistance cherche par tous les moyens à financer leurs actions et lors de l'une de ces tentatives, ils se font trahir et malgré la présence Lee Jung-chool, aucun ne survivra. Un choc pour ce capitaine, car c'était une personne qu'il connaissait et qu'il n'a pu sauver. Toutefois, il n'a pas le temps de souffler et doit prendre contact Kim Woo-jin, un membre de la résistance et remonter la filière jusqu'au chef. Une nécessite pour les autorités, car ils préparent des attentats. Sauf que Lee Jung-chool est aussi un espion qui joue dans les deux camps, mais jusqu'à quand …


La colonisation de la Corée par le japon commence par un protectorat en 1905 (Même si des 1897, un traités militaire liés les deux pays) jusqu'au traité d'annexion en 1910 faisant de la Corée la nouvelle province du Japon, la province Chosun. La politique japonaise s'articule autour de l'économie, l'éducation et d'une bonne dose de propagande, notamment en promouvant la culture japonaise. Très tôt cela provoquera l'hostilité des coréens et comme l'influence du Japon sera de plus en plus grande, n'hésitant pas a user de la force pour se faire respecter. La résistance du peuple coréen se fera tout aussi forte, que cela soit au début par des manifestations ou alors jusqu'aux attentats purs et simples. C'est dans ce contexte trouble qui prit fin en 1945, que Kim Jee-Woon nous transporte et pose son film d'espionnage. Une fresque magnifique, forte, humaine et sans concession sur les affres d'un pays en pleine occupation.

Si le scénario qu'a écrit Kim Jee-woon est un film d'espionnage, il reprend avant toutes choses, les codes d'un film de guerre, notamment avec l'évocation de la colonisation qui n'est pas sans rappeler celle d'un pays en pleine occupation. Le récit se concentre alors sur le chassé croisé entre deux hommes, Kim Woo-jin et Lee Jung-chool. Le premier est un membre imminent de la résistance, quand le second est un policier (espion) qui doit le traquer. Une idée de base que le réalisateur à su transcender sans jamais tomber dans le manichéisme, car loin de se contenter d'une vision binaire et sans intérêt, il dresse le portrait de deux hommes complexes aussi différent qu'intimement liée dans leur chair, par ce pays qu'ils aiment profondément, la Corée ! Le résistant et le policier se font constamment violence, pactise avec l'ennemi pour l'un, quand l'autre jouera sans cesse sur son positionnement, questionnant ses propres motivations. Et c'est la dedans que l'on retrouve toute la conviction qui les anime, qui les fait douter ou s'interroger. Une radicalité qui n'a qu'une finalité, que pour toutes luttes, l'important ce ne sont pas les hommes mais bien les idées …

Des idées, le réalisateur coréen n'en manque pas ! Il nous raconte son histoire de la plus belle des manières, avec passion et précision. Kim Jee-woon se fait comme le plus prestigieux des chefs d'orchestre, l'introduction, rapide, dure, violente et inflexible est admirablement bien maîtrisé. Minutieux dans son découpage, parfaitement rythmé, le réalisateur nous livre ici sa note d'intention, cela sera intense et ça pendant deux heures vingt. Il faut bien sur ajouter à cela, une ambiance paranoïaque particulièrement réussis, notamment grâce à la première partie qui installe les différents nœuds de l'intrigue, jusqu'au climax central du train ! Un élément prépondérant dans la narration qui marque une bascule nette dans l'intrigue. Le film passe alors de l'espionnage au thriller pur et dur, qui ne fera que gagner en puissance, jusqu'à atteindre son paroxysme dans une séquence brillante, dominée par le tempo du boléro de Ravel. C'est sublime, inspirant et émouvant, une maestria que l'on retrouve a tous les niveaux dans ce film, que cela soit pour commencer par l'impeccable direction artistique de Cho Hwa-sung, les costumes de Jo Sang-gyeong, la délicieuse partition musicale de Mowg qui sait se taire quand il le faut (Très beau travail de sound design annexe qui accentue la violence de certaines séquences) jusqu'au sublime travail du chef opérateur Kim Ji-yong, un bonheur pour les yeux …

Quant au casting, il est d'une grande qualité et repose essentiellement sur deux acteurs talentueux, Gong Yoo qui a cartonnée dans « Dernier Train pour Busan » et l'incontournable Song Kang-ho, le fabuleux détective de « Memories of Murder ». Lorsque j'ai découvert Gong Yoo dans « Dernier Train pour Busan », il ne m'avait pas spécialement convaincu, a cause notamment de l'insupportable personnage qu'il interprétait éminemment détestable. Toutefois je suis bien obligé de reconnaître qu'il est bien plus bon que ce que je croyais et qui semble avoir une belle palette de jeu ! Ambiguë, charmeur et téméraire, il campe un résistant sur de ses valeurs, qui sait la tache qu'il attend dont on sent la fragilité derrière la façade de marbre. Song Kang-ho est un acteur immense qui a une vrai profondeur de jeu et qui le démontre une fois de plus ici, en étant l'un des vecteurs d'émotions du récit. Il joue un personnage aux multiples facettes, le citoyen coréen, le policier et l'espion. Trois personnalités qui se confrontent au gré des péripéties, mettant continuellement en porte à faux le personnage et cela plus d'une fois ! Le torturant jusqu'au plus profond de son être ! Un dilemme moral aussi bien pour nous que pour l'interprète, car on a eu le temps de s'attacher et de s'identifier un tant soi peu à lui. Une humanité qu'il porte sans sourciller, jouant sur sa bonhomie naturelle pour mieux nous prendre à contre pied. 


Excellent !

Blade Runner [Version Internationale 1982]





ce petit billet vient à la suite de celui que j'ai écrit sur Blade Runner director's cut. Je développe plus longuement ce qu'est ce magnifique film.





BLADE RUNNER
de Ridley Scott
version internationale de 1982

D’après ce que l'on m'a dit, cette version et ce qui se rapproche le plus de la version originelle de ce film. Celle là et une version US.
Fondamentalement rien n'est bouleversé et pourtant c'est très différent. L'histoire est en substance la même, le contexte sublime, les réplicants sont là, le montage change par endroit mais ce n'est pas une révolution, les thèmes sont les mêmes, et celui de l'esclavage et de la peur m'ont semblé encore plus marqués. Peut être est-ce aussi parce que j'ai vu ce film quelques jours après le director's cut
Ce qui disparaît dans la version de 1992 et qui est présent ici est la voix off, celle de Deckard
Elle amène plusieurs chose à l'histoire. Elle renforce le coté film noir et pas seulement formellement. Elle permet au blade runner de se présenter; il apparaît comme les détectives de ces vieux films. Il est désabusé, il est seul, il a quitté son métier, il est rongé. Ici tout ce que l'on perçoit dans celui de 1992 est explicité. Et ça a des répercussions à plusieurs niveaux. Ma manière de percevoir le personnage en n'est pas fondamentalement changée mais j'ai vraiment eu plus d'empathie envers lui.
Il y a un doute sur la nature de Deckard, je n'ai eu aucun problème à percevoir son ambiguïté lors de ma première vision. Mais ici, elle est plus appuyée. Le fait d'entendre en off ses sentiments, cultive les similarités avec les réplicants, jusqu'à un reflet dans sa rétine à un moment du film... reflet qui m'a rendue légèrement hystérique. Pour moi le point fort de cette version, et que ce personnage est poussé plus loin.
La fin quant à elle, est moins ouverte. Et là on aime ou pas.ça n'a rien à voir avec la qualité de cet opus. Mais il est bon de remarquer, que le film s'ouvre sur un raisonnement à propos de l'essence de la vie, et ce qu'est la mort lorsqu'on y réfléchit de manière dépassionnée.

Pas facile de vous dire si je préfère l'un ou l'autre. Ils sont les deux faces d'une même pièce. Je dirai que l'une nourrit l'autre. Cette version mettant plus en avant le blade runner et le questionnement sur le sens de la vie, tandis que l'autre est plus sociétale voire politique et se concentrant plus sur les quatre réplicants et là encore je ne suis pas sure de trop m'avancer.
Je serai incapable de conseiller l'un plutôt que l'autre, j'ai adoré les deux





Blade Runner [Director's Cut]


BLADE RUNNER
director's cut 1992
de Ridley Scott

Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?Est à la fois une question que je ne m'étais jamais posée et le titre d'une nouvelle de Philip K Dick d’où est tirée le film Blade Runner. Blade runner c'est huit versions de ce film différentes et celle ci est la première que je découvre. Bien conseillée par Nicolas et Guillaume, c'est grâce à eux que j'ai pu m'initier à ce monde (merci messieurs de votre aide est plus que précieuse).


Dans un Los Angeles pluvieux de l'année 2019, Rick Deckard est un blade runner. Il est chargé de retrouver les réplicants.
Je ne m'attacherai pas à vous parler d'eux, je vous laisse le loisir de les découvrir en suivant le réalisateur, et je vous laisse aussi le plaisir de vous faire votre avis sur eux. Deckard au début de l'histoire s'est mis en retrait de cette fonction qui semble être toute sa vie, mais le chef de la police vient le chercher et le lance à la poursuite de quatre réplicants dangereux qui ce sont échappés. l'un d'eux vient d'envoyer l'un des meilleurs blade runner à l’hôpital.
Ce film est avant tout un univers d'une beauté sans nom. Les scènes se passent majoritairement de nuit dans un univers hyper urbanisé. Les lumières de la ville, sont filmées de manière très organiques, lui donnant un coté très animal, et une vraie personnalité. Filmée de haut elle semble s’étaler par moment alors qu'à d'autres la concentration de ses immeubles et sa circulation aérienne donne l'impression qu'elle s'opacifie et se rétracte.
On la regarde vivre comme on admire les méduses nager avec légèreté et grâce mais non sans une petite appréhension. Elle est hypnotique autant vu dans haut que lorsqu'on s'y immerge, il y a des tonnes de détails, les façades de buildings transformées en écran pour spots publicitaires, la circulation des voitures, les perspectives infinies des décors, le spectateur en prend plein les yeux.
Il y a aussi toute une faune qui est créée artificiellement la chouette réplicante m'a séduite, j'avoue que malgré son coté un peu flippante (je ne saurai déterminer pourquoi elle a été fabriquée) je l'aurai bien adoptée.
Il y en a d'autres comme les serpents qui ressemblent plus à des animaux clonés qu'à autre chose; eux ne semblent pas être nés pour accomplir une mission. Puis ils sont aussi présents sous forme d'origamis. Et ces petits animaux en papiers sont les présages les plus néfastes. Ils sont finalement les plus dangereux pour les hommes.
L'univers que le réalisateur construit est d'une complexité qui n'a d'égal que sa beauté. L'équipement des blades runners à un petit coté cyberpunk qui m'a séduite. Le scanner à photo, la machine qui permet de tester les réplicants en se fixant sur leurs pupilles toutes m'ont fascinée. J'aurais voulu les voir fonctionner plus encore. Mais dans le même mouvement on aperçoit les photos de famille de notre enquêteur, et cela réveille en nous un flot de questions qui n'auront pas de réponses, et qui éclairent différemment le personnage. Ce film mériterait d’être décortiqué avec ce scanner à photo, image par image.
Il a aussi un petit goût de film noir. Rick Deckard et Rachel on d'abord un look et interagissent comme les protagonistes de ces films. L’enquêteur désabusé et la femme mystérieuse peut être fatale, en tout cas une femme qui va impacter sa routine et l'amener à prendre des décisions qui vont changer sa vie. Dès qu'on les voit l'un face à l'autre, au moment de leur première rencontre, on sait que leurs destins vont s'unir. Harrison Ford et Sean Youngsont impeccables. Sean Young est sublime et délicate, elle alterne les séquences ou elle est une femme forte et une femme fragile avec aisance, et plus facilement qu'elle détache ses cheveux.

Mais les personnages les plus troublants et les plus beaux sont les réplicants. Au fur et à mesure qu'on les découvre leurs styles s'affirment et leurs personnalités aussi. Leon Kowalski interprété par Brion James est le premier que l'on voit. Comme chaque réplicant il ressemble à monsieur tout le monde. Mais lui il incarne vraiment,avec sa calvitie naissante et son air pas aimable «the man next door».
Zhora (Joanna Cassidy) est peu présente mais le temps qu'elle est là, elle dévore l'écran. Elle se situe entre poison ivy est une sirène. Elle est superbe et pue le danger.
Pris (Daryl Hannah) qui au début est une femme sublime se grime en un personnage de théâtre avec une peinture de guerre d'inspiration indienne sur les yeux. Un personnage plus qu'un être qui traverse une pièce en faisant la roue. Elle n'est plus nous. Roy Batty (Rutger Hauer)est le chef du groupe. Il ne varie pas pendant le film. Sa blondeur extrême, sa musculature sculpturale le fond passer pour peu humain au premier coup d’œil, et pourtant à la fin c'est lui le plus humain de tous.

Ce film est merveilleux mais il n'est pas sans réveiller chez nous un flot de réflexions et de questions.
Les réplicants nous parlent de l'esclavage. Ces êtres conçus de toutes pièces, conçus pour faire ce que les humains ne veulent pas faire, avec une date de mort programmée qu'ils ignorent. Ils sont les esclaves de cette époque.
Ils sont des esclaves sexuels, des soldats esclaves, des pionniers de la vie spatiale, ils n'ont aucun contrôle sur ce qu'ils vivent et on ne considère ni leurs libres arbitres, ni ce qu'ils ressentent. Ou est l'humanité dans le fait de décider la date leurs morts avant même qu'ils soient créés? Du coup le spectateur se questionne sur qui sont les plus humain des personnages?
Ou est l’éthique dans le fait de créer une population pour l’asservir et ne jamais se questionner sur ses actes ?.
Mais d'autres interrogations se formulent sur l’identité de Deckard,sur la nature des réplicants. Et on se met à se demander à qui on s'identifie et à qui on préfère ressembler.
Tout prend un autre sens et les animaux deviennent des totem de ces personnages. 

La chouette de compagnie allant de paire avec la réplicante de compagnie. Le serpent cloné n'est-il que le binôme de cet
être qui est présentée comme étant "autant la belle que la bête"? n'est-il pas beaucoup plus? le symbole de quelque chose? tout comme le hurlement à la mort de loup que pousse l'un des protagonistes lorsqu'il combat. Ces animaux qui semblaient anecdotiques, présents pour le décorum comme la colombe, prennent un sens différents au fil se l'histoire. Voir Blade Runner c'est entré dans un univers, un univers fait une myriade de versions dont deux principales. Un univers qui a inspiré de nombreux artistes comme vous pouvez en avoir un aperçu dans cet article qu'a publié fred sur certains fan art.

Pour moi c'est avant tout un film qui m'a fait rêver d’androïdes qui rêvent de moutons électriques et il me tarde de voir celui de 1982 et j'appréhende autant que je suis impatiente de découvrir celui qui arrivera en fin d'année.




Get Out


Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

Get Out – 3 Mai 2017 – Réalisé par Jordan Peele

Jason Blum est l'un des producteurs à Hollywood, le plus en vogue depuis quelques années, qui a trouvé la recette pour faire beaucoup d'argent avec peu. Son truc ? L'horreur ! Il produit par l'intermédiaire de sa société Blumhouse Productions, des petits films d'horreurs qui ont la particularité de rapporter énormément. Jusqu’à produire des films différents des succès que le studio Blumhouse à pu porter jusque là et dont fait partie « Get Out », le premier film de Jordan Peele.

Chris et Rose file le parfait amour ! Tout va bien entre eux, jusqu'au jour ou Rose souhaite le présenter à sa famille, car Chris est noir et qu'elle ne l'as pas dit à ses parents. Une anxiété que Chris a du mal à dissimuler et que son meilleur pote ne peut s’empêcher de moquer. Malgré tout, Chris part avec sa petite amie en direction du domaine de sa belle famille, une résidence au fin fond de la campagne. Si l'on passe sur le cerf qui se jette sur la voiture de Rose et sur le contrôle abusif qu'un policier veut faire subir à Chris, le voyage s'est bien passé et il est accueilli de manière affable par les parents de sa chérie. Missy et Dean sont de parfait démocrates, bien élevés et absolument pas racistes, car si ils avaient pu, ils auraient votés une troisième fois pour Barack Obama. Un cadre un peu trop idyllique qui de réflexion en allusion nauséabonde vont mettre Chris au bord du gouffre, avec comme seule solution, partir ou non !

Avant de signer ce film qui est une franche réussite, Jordan Peele c'est aussi le binôme de Keegan-Michael Key, du duo Key & Peele. Un tandem comique qui à officiait pendant trois ans sur la chaîne Comedy Central avec des sketchs sur différents sujets de sociétés. Très souvent salué pour leur finesse et l'intelligence de leurs sketchs, rien d'étonnant à voir Jordan Peele aborder le racisme avec autant de justesse !

Le scénario qui est écrit par Jordan Peele raconte l'histoire de Chris, un jeune photographe qui va rencontrer sa belle famille. Tout se basera alors sur les préjugés que vont avoir les parents de sa copine par rapport au fait qu'il soit une personne de couleur, jusqu'à un twist dont je ne vous parlerai pas. Le plus fin et le plus insidieux, c'est qu'il ne parle pas des personnes racistes comme on a pu trop souvent entendre lors des dernières élections présidentielles (Américaines ou Françaises) ou encore ceux qui sévissent sur BFM TV, mais plus ceux qui le sont, sans se l'avouer. Jordan Peele nous place au coté de Chris et du racisme ordinaire. Celui du quotidien, fait de petites phrases et de remarques, stigmatisantes la couleur de peau, l'origine, la culture ou les préjugés sur son ethnie tout en faisant en sorte que cela soit normal, puisque « Si j'avais pu voter une troisième fois pour Obama, je l'aurais fait » ! Un phrase que se répète certains personnages, tel un mantra les dédouanant de toutes « ambiguïtés » …

C'est toujours habilement amener et les dialogues, l'un des principaux vecteurs d'idées ici sont un régal de double-sens et les malaises qui s'en suivent sont souvent nombreux. Jordan Peele soulève aussi un autre point essentiel, celui du « bon » noir face au « mauvais » noir, celui qui réussit face a celui qui ne réussit pas. Le réalisateur l'amène en parlant plusieurs fois du président Barack Obama, le premier président noir, ou encore par l'évocation de Jesse Owens, quadruple médaillé d'or à Berlin en 1936, un exemple pour le père Dean Armitage. Puis il y a Chris, un photographe de talent qui commence à avoir une certaine réputation. La communauté blanche dans le film n'a d'yeux que pour eux parce qu'ils ont du talent ou qu'ils ont réussit quelque chose de grand. L'autre celui qui n'est ni président, athlète, photographe, acteur ou chef d'entreprise n'est pas là, peu considérée ou reléguer au rang de domestique. Ce qui est une métaphore à peine déguisé de l’Amérique sous Barack Obama. Un président élu et réélu qui a engendré bien des espoirs dans la communauté noire. Sauf que d'un autre coté, si populaire soit il pour une partie des américains, il n'a pu empêcher le racisme de monter, ou combler les inégalités ainsi qu'endiguer les nombreuses violences policières qui ont amené leurs lots de morts tragiques, montrant que le chemin vers l'égalité est encore long et que malheureusement si vous êtes noir, latino ou d'une toute autre ethnie vous n'avez pas forcément les mêmes droit que la majorité …

Ensuite « Get Out » est une vrai série B ! Un mix entre la forme inverse d'un home invasion classique et un épisode de la quatrième dimension, qui transcende le fond de l'histoire avec une malice à toute épreuve. Jordan Peele va faire en sorte de constamment nous surprendre, en jouant sur le décalage constant qui existe entre nous, Chris et la famille de sa petite amie. Malgré le début qui est un poil plus classique, cela s'efface des qu'ils sont sur place, sur le domaine des parents, tout prend sens et l'angoisse s'installe peu à peu. La direction artistique de Rusty Smith est très bien penser, car sans effacer tout ce qui nous est contemporain, il convoque une imagerie très particulière, entre Grant Wood (le tableau American Gothic) et les champs de cotons pendant l'esclavage, jusqu'au costume « d'oncle Tom » de Logan qui souligne par l'image le fond de l'histoire. La suite est une alternance constante entre rire et effroi que Jordan Peele maîtrise avec talent, entre des scènes de dialogues bien amenées et tranchantes, des moments de réel malaise et des scènes chocs vraiment marquante (La scène de l’enchère) jusqu'au climax qui fait basculer le récit dans le fantastique complet !

Le casting du film est absolument délicieux ! Pas de figure bankable, mais un ensemble d'acteurs brillants qui se donnent du mal pour nous divertir et franchement c'est plutôt réussi. Dans un registre un poil exagéré, voir au bord de la caricature, on trouve la famille Armitage. Les parents sont interprétés par Catherine Keener et Bradley Whitford, un parfait petit couple blanc. Un mélange d'hypocrisie mêlée de fausse modestie et d'une empathie tout aussi factice. Caleb Landry Jones dans le rôle du frère est assez tétanisant, de par son intensité et de par l'animosité qu'il nous fait ressentir. Un vrai petit psychopathe en puissance. Puis il y a Allison Williams, la copine, une actrice qui joue la fausse ingénue et attire Chris dans le piège qui se referme peu à peu, classique mais diablement efficace. Enfin on trouve l'hilarant Lil Rel Howery, suspicieux et attentionnée, il veille sur Chris comme une maman avec son fils, quitte à faire flipper son fils. Puis pour finir, le rôle principal de ce film, monsieur Daniel Kaluuya qui excelle dans le rôle de Chris. Un bonne performance ou il sait jouer entre les différentes facettes de son personnage, tantôt très cool et avenant, tantôt méfiant, voire carrément effrayé. Une aisance qu'il transmet aussi de par son jeu expressif et par la façon qu'il a de faire passer cela avec son visage.

Pour paraphraser un film désormais devenue culte « Bienvenue dans l'enfer du réel » …

Wonder Woman


WONDER WOMAN
de Patty Jenkins

Ecrire sur un film n'est pas un exercice facile, chez moi ça va de paire avec un genre de rituel ou je le laisse décanter et ou je réfléchis dessus. Mais Wonder Woman, j'en attendais rien. Je n'avais pas aimé les précédents Comic Book Movie (CBM) de chez DC. Je gardais une image mitigée de la série des années 70. Et je fus bien surprise.

Doit on vraiment parler de l'histoire? oui et non. Je ne pitcherai pas le film, mais le début nous fait débarquer sur l’île de Themyscira, île ou vivent les amazones .
Et dès ce moment là, la réalisatrice fait les bons choix. En décidant de raconter chronologiquement l'histoire de Diana, elle la présente comme enfant, une petite fille hyper attachante, avec une bouille à bisous, un air déterminé et espiègle, qui fausse compagnie à sa répétitrice pour assister aux entraînements de ces femmes, et faire du shadow fight qui fera fondre n'importe qui.

Et c'est par son biais que l'on nous raconte l'histoire de ces combattantes, pourquoi elles vécurent, pourquoi elles se battirent, et se retranchèrent sur cette île. Rapidement on sent le secret autour de cette petite princesse, on devine que la sculpture dans l'argile qui prend forme grâce à la prière , c'est un peu audacieux comme manière de conception... Lorsque Diana prend les trais de Gal Gadot c'est pour amorcer l'un des twists de l'histoire, l'arrivée des hommes, de la guerre, du départ de l’île.
Ce film se nomme Wonder Woman, donc on suit... Diana c'est logique. D'ailleurs elle ne sera jamais affublée de ce titre pendant le film. On suit ses premiers pas hors de Themyscira. Des premiers pas emprunts d'une naïveté, et d'un manque de connaissances sur cette société phallocrate. Se dessine en négatif,surtout porté par le jeu
discret et efficace de l'actrice le portrait d'une femme très actuelle. Une femme érudite (et n'ayant pas les tabous de liés à la nudité ou à la sexualité;assumant parfaitement l'un et l'autre), polyglotte, avec des valeurs qui régissent sa vie, et sachant se défendre seule, faisant ses choix, acceptant de suivre l'un ou l'autre, ou de ne pas le faire.
Elle est le personnage de CBM le mieux écrit que j'ai vu dans un premier film. On apprend qui elle est, d’où elle vient, on découvre plusieurs de ses facettes. Elle n'est pas représentée comme un personnage avec la maturité d'un adolescent, alternant les phases et qu'on a envie d'envoyer dans sa chambre. Patty Jenkinsarrive à en faire une héroïne «sublime», sans l'hyper sexualiser. La manière dont est évoquée la scène d'amour en est la plus belle démonstration.

Évacuons tout de suite la question du féminisme. Essayant de ne pas utiliser d'insultes dans mes billets, je tache de modérer mes propos. C'est compliqué. Car je trouve que ça ne devrait pas être une fin en soi. D'abord car le personnage, n'est pas dans ces notions. On la suit pendant les quatre cinq premiers jours ou elle arrive dans cette société, en pleine guerre, je comprends que ce ne soit pas l'urgence. Parallèlement, il y a des marqueurs forts de sa manière de penser. Son comportement à Londres, ces échanges avec Etta. Un ensemble de petits détails qui font un tout. Le créateur du personnage Charles Moulton, voulait inspirer par l'exemple et je trouve que ce film suit cette philosophie.
Le féminisme est présent partout: la place d'Etta dans le Royaume uni de 1918, la manière irrespectueuse dont est traitée Diana par les généraux, mais aussi la manière dont elle est considérée par les autres membres de son groupuscule de
choc, la manière dont elle est vue par les civils; c'est tout aussi vrai pour ce qui touche au docteur poison, sa personnalité, le fait qu'isabel soit l'antithèse de la plante venimeuse, et ait au final un rôle qui d'habitude et attribué aux hommes... Alors oui, il n'y a pas d'invectives, pas de vocabulaire militant, pas de catch phrases, mais la vie ce n'est pas les catchs phrases des réseaux sociaux.
Je clorai le dossier Diana par le sourire, vraiment, il y a des gens qui disent que ce personnage sourit trop? Pour un personnage masculin vous avez déjà entendu ce genre de réflexions «batman, il fait trop la gueule» «antman, il rigole trop», bizarrement pas. Puis en tant que femme, j'ai affiché un sourire de circonstance alors que le sol se dérobait sous mes pieds toute ma vie. Je ne comprends pas cette remarque, moi je vois ce qu'exprime le regard ou l'attitude de Gal Gadot, j'y vois une finesse de jeu et la force d'un personnage.

Chris Pine qui interprète Steve Trevor, et le complice de Diana. Il tient valeureusement et avec humour cette place. Ce personnage est à la fois en accord avec son temps et à une ouverture d'esprit très anachronique pour son époque. L'acteur ne m'a pas autant marquée que dans Comancheria, mais il déploie quand même tout son talent pour exister. Et il en faut car quand tu te retrouves entre Gal Gadot qui est à son meilleur, et un Said Taghmaoui qui bouffe l'écran, il te faut plus qu'un regard bleu acier.
Dans ce film il a des bons acteurs à tous les niveaux, j'étais ravie de retrouver Robin Wright, Elena Anaya, et David Thewlis mais je vous laisse découvrir dans quel registre.

Car une fois n'est pas coutume, le scénario ne nous prend pas pour des idiots. L'intrigue et son épilogue ne nous sont pas annoncé des le début, le twist m'a surprise (je ne suis pas sure que ça me soit déjà arrivée dans le cadre d'un cbm). Et ça fait partie des transgressions scénaristiques qui font du bien, avec une histoire principale claire ancrée dans l'univers DC mais pas plus, pas de caméo d'autres super héros, pas de scènes post générique qui ne servent à rien. Et je me mets à espérer que ce film soit le début d'une nouvelle ère au royaume des films mal foutus sur les super héros.
Je ne peux pas terminer ce billet sans parler des décors. Ils sont sublimes, et détaillés. L’île de Themyscira est paradisiaques, les scènes en intérieurs apportent au film en décrivant ce milieu très fonctionnel et luxueux. Ils impriment la supériorité de cette civilisation. Alors que les scènes dans ses extérieurs majestueux nous parlent de leurs grandeurs d’âmes et de leur adresse aux combats.

Ceux de Londres, et des scènes de guerres, toujours sombres et gris reflètent le désespoir de ce monde, qui est perdu et ne se reconnaît plus. Les scènes de combats sont très bien réalisées, et lors de l'ultime face à face le jeu de lasso de Diana est sublime et quasiment poétique. Les effets spéciaux dans ce films amènent toujours quelque chose à l'histoire. Jusqu'au nuage jaune du gaz moutarde qui permet d'envelopper l'horreur et de nous laisser la deviner.

Si je prends un peu de recul sur ce film. Je me dis qu'il peut être interprété comme une métaphore du passage à l'age adulte tout autant que comme le premier opus des films de Wonder Woman. Je vois le paradis perdu de l'enfance, la formation de la personne, le départ pour vivre sa vie et s'accomplir, l'apprentissage de la différence, l'amour, la désillusion, puis au final ce moment ou les masques tombent et ou cette femme sait qui elle est et pour quoi elle est là. Sans plus se mentir sur son identité est et sur qui sont ceux qui l'entoure. Elle est une adulte.

Avoir vu tout ça dans ce film me rend optimiste sur les films à venir comme Captain Marvel de chez Marvel ou Aquaman de DC. Je ne suis encore sur la retenue pour les autres. Mais c'est une éclaircie dans cet univers bien obscur

NB: fred a publié il y a quelques jours un sur ce personnage un très bel article.
Quant à ces belles affiches je les ai trouvé sur le beau site poster posse