Les Sept Samouraïs

"Poster de Greg Ruth"

Au Moyen-Age, la tranquillité d'un petit village japonais est troublée par les attaques répétées d'une bande de pillards. Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants.
Les Sept Samouraïs – 26 Avril 1954 - Réaliser par Akira Kurosawa

Certains films ont un tel poids dans la culture populaire et une telle réputation que parfois j'ai l'impression de les connaître alors que je les ai est jamais regarder. Des films d'une telle puissance qu'ils influent sur toute une génération de cinéastes, qui ajoutent par la suite leurs contributions et qui propagent ainsi d'une façon indirecte ce qu'ils ont aimés précédemment. « Les Sept Samouraïs » est de cela, Akira Kurosawa a crée une œuvre dense, généreuse et aboutie à la portée universelle qui transcende les cultures et nations.

En pleine époque Sengoku, nombreux sont les samouraïs sans seigneurs (Des ronins) qui se transforment en bandits. Ils pillent, tuent et rançonnent les villages au grès de leurs envies. Un petit village qui subit depuis plusieurs mois les attaques répétées d'un groupe de pillards décide de ne pas attendre le prochain raid. Après la consultation de l'ancien du village, Rikichi avec d'autre villageois partent engager des samouraïs pour les défendre. C'est une tache délicate, car ils ne savent pas comment faire et surtout les samouraïs ont une très haute opinion d'eux même, ce qui complique les échanges. Les jours passent et les paysans commencent à se décourager, quand ils sont témoins d'un attroupement, un vieux samouraï décide de sauver un jeune enfant retenue en otage par un voleur. Sage , il use de la ruse et parvient sous l’œil admiratif des paysans à sauver l'enfant. Ce samouraï qui se nomme Kanbei est abordé par les paysans qui exposent leur demande. Il ne se prononce pas tout de suite et pèse avec recul le pour et le contre de ce qu'on lui propose. Les paysans n'ont qu'une promesse deux repas comme seule récompense, un repas fait de riz qui est un énorme sacrifice pour eux qui ne se nourrissent que de Millet. Touché par ça, Kanbei accepte et commence à réunir les Sept Samouraïs

Ce n'est pas tous les jours que je regarde un film qui dure 3h27 et pourtant la découverte de ce film fut un régal de tous les instants. Akira Kurosawa réalise une fresque à l'allure de légende, qui fait du Japon ce nouvel Ouest Sauvage, coincé entre modernité et tradition que les plus téméraires oseront découvrir. Car en effet si ce n'est pas donné à tout le monde de s'asseoir et d'apprécier un film aussi long, c'est pourtant la condition sine qua non pour comprendre le travail de titan qu'a effectué le réalisateur avec ses équipes. Parce que ce n'est pas avec une version tronquée de plus d'une heure que vous trouverez cela …

Akira Kurosawa s'entoure de deux personnes avec qui il l'a déjà collaborer pour écrire le scénario, Hideo Oguni pour la seconde fois et Shinobu Hashimoto qu'il retrouve ainsi une troisième fois. Après la fin de l'occupation américaine, Akira Kurosawa est libre de faire le film qu'il veut, avec le genre qui lui plaira, notamment le « Jidai-Geki » (film d'époque) ! Car après la guerre et cela jusqu'en 52, les américains interdisent toutes sortes de choses pouvant exacerber la rancœur envers eux, c'est ainsi que toutes mentions du bushido est interdites et que bon nombres de films d'époques se voit interdit de diffusion. C'est ainsi qu'après une vague de « Gendai-geki » (film contemporain) peu apprécié, car trop critique sur le japon d'après guerre, il revient vers le film d'époque ! « Rashomon » sort en 1950, soit quatre ans avant « Les Sept Samouraïs » propulsé par le succès de « Vivre » en 1952 …

L'écriture du scénario fut à la hauteur du résultat, que cela soit par l'abnégation dont Kurosawa et ses scénaristes ont fait preuve, que par le niveau de détails et de recherches qu'ils ont donné aux moindres aspects de l'intrigue. Une minutie bienvenue qui donne une toute autre épaisseur à une intrigue que certains qualifieront peut être de prévisible. L'histoire est ainsi similaire à un duel, une fois passer le premier contact entre les paysans et les samouraïs, à partir de là, seul compte la voie du guerrier, patient et paisible, pesant la moindre décision avec gravité, jusqu'à l'affrontement inévitable. Un récit articulé sur la notion d’héroïsme, quotidienne ou extraordinaire. Il y a celui des paysans comme Rikichi qui décide de ne plus subir et de demander de l'aide, un acte héroïque car ce ne sont pas des castes qui se côtoient normalement, puis celui des samouraïs, un héroïsme différent, plus automatique, plus en phase avec leurs principes, qui laisse voir une pointe de lassitude, voire de fatigue à se battre pour vivre …

Un héroïsme qui galvanise, notamment par l'intermédiaire de l'extravagant « Kikuchiyo », un samouraï qui n'était autre qu'un paysan avant de les rejoindre. C'est le point de l'histoire qui va nous prendre au cœur et amener de l'émotion. Le réalisateur va ainsi nous parler d'un monde ou tout peut devenir possible, ou les samouraïs à contrario de la vision belliqueuse habituellement véhiculée n'hésitent pas à tendre la main et à se mettre au service de l'autre ! Ou le fils d'un paysan « Kikuchiyo » peut devenir un « Samourai » avec une abnégation hors du commun. Kurosawa fissure la frontière complexe qui sépare les classes sociales rendant ainsi le dialogue possible (l'échange autour du riz) ou chacun apprend quelques choses de l'autre. Mais la réalité est tout autre, si dure et pénible soit elle, elle fait en sorte que chacun reste à sa place. La fin est ainsi extrêmement cruelle, les paysans reprennent leurs vies, ils chantent et plantent leurs futures récoltes, pendant que Kanbei, Katsushiro et Shichijori contemplent les tombes de leurs amis tombés au combat. Kurosawa montre ainsi qu'il faut toujours se battre pour faire de notre monde, un endroit meilleur, plus juste et équitables …

Enfin comme à l'accoutumée, la réalisation de Akira Kurosawa est pour ma part irréprochable. Il ne fait à aucun moment l'économie de quoi que ce soit, la direction artistique est irréprochable, les costumes de Kōhei Ezaki et Mieko Yamaguchi sont soignés, Takashi Matsuyama pour les décors fait des merveilles (le village reconstitué dans la péninsule d'Izu) et la composition musicale est tout aussi excellente. Le réalisateur n'a plus qu'à orchestrer cette fresque de la plus belle des manières, comme Kambei, il prend le temps, on est toujours en mouvement, la caméra capte la moindre émotion, le détail qui change tout, pour ensuite mieux nous surprendre. Tel le western, le film en reprend quelques écueils, à la sauce « chanbara » toutefois. On retrouve le duel, le calme avant la tempête, ou encore l'opposition entre les samouraïs et les bandits, jusqu'à la grande bataille finale ! C'est alors une merveille de découpage, de rythme, d'intensité et de montage, les points de vues varient sans cesse et on est jamais perdu. C'est d'une fluidité à toute épreuve et Kurosawa n'en perd pas pour autant la maîtrise de son histoire, il sait ou il veut aller et on est tout étonné quand l'émotion, inattendue, pointe le bout de son nez et nous laisse pantois, brisés par ce que l'on vient de voir …

On fini donc sur le casting du film qui est tout simplement merveilleux ! Bien sur les Sept Samouraïs sont les personnages principaux, mais il ne faut pas oublier les prestations convaincantes de Yoshio Tsuchiya (Rikichi), Keiko Tsushima (Shino) ou encore celle de Kamatari Fujiwara (Manzo le père de Shino). Concernant les 7 Samouraïs, ils n'ont pas tous la même importance dans l'histoire, je pense en premier lieu à Yoshio Inaba (Gorobei Katayama), à Daisuke Kato (Shichiroji) et dans une moindre mesure Minoru Chiaki (Heihachi Hayashida), ce qui ne les empêche pas d’être bon et d'offrir une interprétation solide. Isao Kimura (Katsushiro Okamoto) joue le samouraï débutant, le nimaime, celui qui cherche à grandir et à s'affirmer dans ce monde perpétuellement en guerre, une belle performance, sensible et pleine de retenue. Seiji Miyaguchi (Kyuzo) se glisse dans les pas du samouraï « légendaire » ou rien ne l'atteint, ou tout lui semble facile, un personnage fascinant joué avec pudeur, calme et férocité. Puis il y a Takashi Shimura (Kanbei Shimada), le plus vieux et le plus sage des sept qu'il joue a la perfection, mêlant habilement confiance, respect et grande efficacité au combat. Et enfin l'immense Toshiro Mifune (Kikuchiyo) joue le personnage le plus réjouissant, le rôle de l'outsider qui devient Samourai, qui passe au dessus de ses malheurs par un éternel engouement, cachant ainsi ses émotions les plus fortes. Une performance XXL de Mifune qui campe les multiples facettes de son personnage avec talent, fougue, force et un brin d'irrévérence … 

Un chef d'oeuvre !

Les Animaux Fantastiques



LES ANIMAUX FANTASTIQUES
de David Yates



S'il y a des adaptations qui ne m'ont pas séduites ce sont celles des romans d'Harry Potter. Je crois qu'elles m'ont perdue au moment du prisonnier d'Azkaban. J'ai été séduite par les romans sauf par l'épilogue de cette saga, mais j'ai globalement difficilement trouvé ma place dans sa vision cinématographique.
L'annonce d'un nouveau personnage m'a intéressée. Je me souvenais bien de sa place et celui de son ouvrage dans les romans, puis on a annoncé sept autres épisodes. Et je me suis dit que ce serait sans moi.
Enfin c'était le cas jusqu'à ce que la douce Mélody,l'une des super héros de mon quotidien, nous le conseille fortement.

Norbert Dragonneau sorcier anglais débarque sur Ellis Island pour pouvoir joindre New York. Un douanier décide de fouiller sa valise qui refuse de se fermer correctement. Lorsqu'il l'ouvre, les effets bien rangés jurent avec le personnage, mais il peut entrer sur le territoire américain.
Ce film est la mise en place d'une nouvelle saga et d'une mythologie qui diffère légèrement de celle ou évolue Harry.
La première des choses c'est de la contextualiser. Un nouveau pays, et une autre époque, adieu le royaume uni contemporain et bonjour l'Amérique de 1926; on troc aussi ce pensionnat perdu pour le paysage urbain des années 20. Et ça permet toutes les libertés comme des immeubles qui se reconstruisent dans une chorégraphie de pierres avec un brin de magie. New York est une ville qui pousse, à quelques mois de la première crise boursière, des constructions conquièrent le ciel tout en cohabitant avec des battisses sombres. C'est visuellement un contexte assez gris qui contraste avec l'élégance caractéristique de ces années que ce soit dans l'architecture ou dans les silhouettes des personnages. C'est beau.

Pour asseoir ce nouvel univers, il y a un nouveau vocabulaire et de nouvelles règles. Il contribue à forger une cohésion. Ici nous, pauvres moldus nous devenons les non-mages; la magie et les sorciers sont gérés par le MACUSA (MAgical COngress of the USA). Mais l'un des principaux changement est que les sorciers ne se mélangent pas avec les non-mages. Ces derniers ne doivent pas se douter de leurs existences et ils sont systématiquement oubliétés lorsque leur existence est révélée.
A nouvelle saga, nouveau grand méchant. Ici c'est un mage noir, Gellert Grindewald dont l'ombre menaçante plane pendant tout le film sans que l'on ne sache vraiment pourquoi. Car la menace ici c'est un obscurial, un sorcier qui héberge un obscurus. C'est à dire une entité parasite qui naît du refoulement de ses pouvoirs, pour faire simple un espèce de nuage noir. Ils sont hébergés par des enfants qui n'y survivent pas, ils sont une espérance de vie de dix ans et dévastent tout sur leurs passages.

Les personnages centraux sont aussi tout nouveaux et attachants. Celui avec qui il y a une filiation directe est le héros de la saga Norbert Dragonneau. Je me souviens très bien de la manière dont on l'évoquait dans les romans. Ce sorcier, ex élève de Poudlard ou il avait eu un parcours assez difficile et qui avait réussi et écrit un manuel sur les divers animaux fantastiques, manuel au combien difficile à dompter. Là on dresse le portrait d'un homme tout en délicatesse et en force. Il est un homme avec des connaissances et une ouverture d'esprit tout à fait originale dans ce pays. Eddie Redmayne se glisse parfaitement dans ce rôle. Son apparence, sa silhouette longiligne sont en adéquation avec tout ce qu'il est sensé représenté. Puis son jeu est tellement fort et puissant, il passe par les expressions de son visages et son regard.

Porentina Goldstein devient l'une des acolytes de Norbert après une rencontre mouvementée que je refuse de raconter. On comprend très vite qu'elle aura une place dans la vie de ce dernier. Et il est bon de voir la naissance des sentiments entre ces deux personnages réservés. Katherine Waterston l'incarne à la perfection, elle est boudeuse et réservée à souhait.
Sa sœur dans l'histoire est Queenie Goldstein, et elle bouffe l'écran. Elle est l'élégance de cette époque par définition. Elle est ouverte sur ce qui se passe et n'est absolument pas inquiétée par les non-mages. Elle est forte et pleine de délicatesse. Cette sorcière est une légimens, elle lit dans les pensées et les sentiments des gens. Alison Sudol qui l'interprète est quasi métamorphosée elle incarne une époque autant qu'un personnage. Sa démarche, la manière dont elle pose sa voix, elle semble voleter au dessus de tout ce qui se passe.
Puis il y a un non-mage, qui complète le trio. Je choisi à dessein ce verbe, il permet aux uns et aux autres de dépasser ce qui les entravent dans leurs relations aux autres. Jacob Kowalski, est un personnage attachant, probablement le plus attachant . Sa jovialité, son ouverture d'esprit, il ne semble jamais réellement perdu dans ce monde qui lui est complètement étranger. Dan Folgler explose à l'écran.
Ils forment un couple en devenir avec Queenie ils sont attachants,et le coté amour impossible promet de belles choses pour les prochains films.

Ces personnages, bien que majoritairement des sorciers, s’intègrent parfaitement dans le décors des non-mages. Le monde des sorciers comme on peutl'imaginer vient des sorciers qui les entourent. Le travail sur les costumes est toujours impressionnant dans cet univers, ici par exemple ceux de Queenie sont à tomber mais ceux des sorciers installent leur univers. Il y a une richesse incroyables à ce niveau, les silhouettes sont multiples, mais en un coup d’œil vous savez que ce sont des sorciers. Et c'est bien fait, comme cela le film n'a pas à les présenter, car il est déjà super riche. Les acteurs comme Ezra Miller qui joue Croyance, et Collin Farrell ont eux aussi une identité visuelle qui parlent de qui ils sont.
Les animaux fantastiques sont le gros morceau du film. Et mon dieu ce qu'il sont attachants. Je ne veux pas en parler, pour ne pas spolier. Mais la course poursuite à travers New York pour récupérer quatre d'entre eux, est géniale. A la fin du film on aura rencontré plusieurs espèces et nous nous seront arrêtés plus ou moins sur sept ou huit. Tous créés avec une telle minutie qu'ils s'intègrent parfaitement dans le décors. Même les plus gros ne tranchent pas avec le reste. Ils détonnent dans le paysage mais semblent avoir une réelle existence. Les effets spéciaux sont vraiment impressionnants. Car en plus de chacune de ces «bestioles», la majorité du film a été créé sur fond vert. L'univers inventé et concocté semble palpable, et réel . C'est un travail d’orfèvre.
Chaque quette et chaque animal apporte quelque chose à une petite musique qui se dégage du film. 

Une musique qui dit qu'il ne faut pas être effrayé par eux, et qu'il faut bien les traiter. Car en les comprenant et en les traitant bien, il peut y avoir de bonnes choses à vivre avec eux. De l'interaction peut naître des bienfaits pour eux comme pour nous. Et cette réflexion prend une autre dimension avec le discours de Percival à la fin. Ceci nourri mes espoirs pour la prochaine saga. Il y a tant de chose en germe dans ce film que je suis impatiente de voir le prochain opus. Il n'y a ni lourdeur, ni temps morts. Le scénario est bien mené.



J'ai énormément aimé ce film. J'ai plein d'espoir quant aux cinq autres opus, et l'ajout de Dumbeldore dans le prochain épisode renforce mon attente. Je croise juste les doigts pour ne pas être perdue par une licence qui me prendrait juste pour une machine à cash.

Ran


Dans le Japon du XVIe siècle, le seigneur Hidetora Ichimonji décide de se retirer et de partager son domaine entre ses trois fils, Taro, Jiro et Saburo. Mais la répartition de cet héritage va déchirer la famille.
Ran – 25 Septembre 1985 – Réalisé par Akira Kurosawa

Le seigneur Hidetora Ichimonji arrive bientôt au bout d'une vie agitée, faite de conquêtes et de guerres, pour enfin laisser la place à ses enfants. Lors d'une partie de chasse parmi des milliers, il décide de passer la main et de le dire à ses trois enfants. L’aîné Taro devient le chef du clan et hérite du plus grand des châteaux, quand Jiro et Saburo hérite eux aussi des deux derniers châteaux, devenant aussi les vassaux de leur frère. Une obéissance que leur père justifie par le fait d’être unie. Taro et Jiro ne disent rien et abondent dans son sens, sauf Saburo qui ne comprend pas cela, vu que leur père à acquis sa puissance en usant de la traîtrise. Prenant cela pour une menace, Hidetora bannit son fils. Débarrassé de toute menaces, Hidetora abdique et Taro accède à la tête du clan. Hélas c'est ce qui signera le début de la fin de l’ère Ichimonji. Taro se laisse aveuglé par le pouvoir et par le désir secret de revanche de sa femme qui à vu son clan dévasté par l'armée de son père. Peu à peu le chaos s'installe dans la famille et Hidetora sera alors le témoin désabusé de la chute de son empire …

J'ai découvert ce film lorsque j'avais une dizaine d'années, un film qui à défaut de rester imprimé dans ma tête, m'a laissé ce goût de la démesure que j'avais ressenti et en le revoyant c'est ajouter la maestria d'un réalisateur talentueux, celle de Akira Kurosawa. Une redécouverte complète de bout en bout qui ne fait que confirmer que j'apprécie énormément les films d'époque de Kurosawa, les fameux Jidai-Geki qui vous transporte dans le Japon médiéval, avec des seigneurs, des guerres, des trahisons et des gigantesques batailles.

S'inspirant de la pièce « Le Roi Lear » écrite par William Shakespeare, les scénaristes abandonnent la grande Bretagne pour le Japon médiéval. Exit le Roi et ses trois filles, place au daimyo Hidetora Ichimonji et ses trois fils. L'intrigue porte sur le destin du clan Ichimonji, de l'héritage que laisse Hidetora et de la trahison successive de ses deux plus vieux fils. C'est à la fois très simple dans sa construction et très complexe dans ses ramifications, car il ne s'agit pas que du destin des Ichimonji mais bien de payer les affres d'une vie faite de violences, avec ce que cela implique comme conséquences. C'est ainsi que le film mêle vengeance, trahison, politique, cupidité, pouvoir, haine, jalousie et héritage ou l'autorité d'un père ne peut aller contre la soif de pouvoir de ses enfants, ou une femme qui a vu son clan exterminé fomente sa vendetta avec patience et ou des frères se jalousent entre eux quitte à faire plonger leur père dans la folie …

Une histoire tragique qui synthétise bien des thèmes de Kurosawa, entre le bien et le mal, entre le ciel et l'enfer, entre la dualité qui existe en chaque homme et sur les puissants qui méprisent les plus démunis. Un regard sans concession et intransigeant sur le monde des hommes qui méprisent leurs prochains, qui prend ce dont ils ont envie sans se soucier un seul instant des conséquences de leurs actes, se construisant une bulle de bonheur, sur les cendres encore chaudes du malheur qu'il ont causé! Un sentiment que l'on peut apercevoir dans certains de ses précédents films, comme « Un merveilleux dimanche », « les bas-fonds » ou encore « Les salauds dorment en paix » …

Ce qui frappe quand on regarde « Ran » avant quoi que ce soit d'autre, c'est la beauté picturale de l'ensemble du film. Akira Kurosawa a savamment pensé son film, que cela soit des le début avec la partie de chasse qui finit en pleine montagne, symbole de la passation de pouvoir entre le père, figure déifiée, et ses enfants, ou encore par la narration maîtrisée qui nous entraîne dans la chute de ce clan. Jusqu'au final, cruel et sans concession. C'est admirable de bout en bout et l'on ne s'ennuie absolument jamais, Akira Kurosawa nous gratifiant même d'une incroyable scène de bataille en milieu de film, intense, désespérée et violente, avec un décor naturel et des milliers de figurants. Et c'est la que tout le génie du réalisateur opère, visuellement chaque plans est extrêmement bien détaillé, bien composé, avec soin et minutie qui dénote du travail colossal de Kurosawa. Il a mis près de dix ans à storyboarder à la peinture chaque plan et cela se ressent au final, car c'est un rendu très proches de la peinture qui donne une ampleur démesurée à un bon nombre de séquences. De plus le film ne fait jamais l'économie d'un décor reconstitué, comme le château incendié, ou bien évidemment des costumes fait main, sublimes et colorés qui ont demandé près de deux ans pour les réaliser et qui rajoute encore une couche en terme d'authenticité.

Bref un travail d'une immense qualité que l'on retrouve dans la prestation des différents acteurs qui composent le casting du film. Celui qui m'a marqué et qui vous marquera à coup sur, c'est la prestation sans faille de Tatsuya Nakadai dans le rôle de Hidetora Ichimonji. A cheval entre une interprétation théâtrale et une retenue sans faille, il incarne toutes les facettes de son personnage avec un grand soin et une intensité qui ira crescendo. Une mue sans aucun mesure qui s'accompagne d'un travail de maquillage somptueux, allant presque nous le faire passer pour homme qui porte son masque de mort. Mieko Harada incarne Kaede la femme de Taro (Akira Terao) et elle compose un personnage trouble mue par un sentiment de haine très profond. Un sentiment qu'elle fera passer peu à peu, se dévoilant avec malice jusqu'à réussir sa vengeance, avec froideur et détermination. Puis on trouve les trois enfants joués par Akira Terao, Jinpachi Nezu et Daisuke Ryu, un mélange de cœur, d'arrivisme et de trahison. Et enfin pour finir on peut compter sur Shinnosuke Ikehata l'inoubliable bouffon d'Hidetora, Hisashi Igawa et Masayuki Yui ! 

Magnifique, puissant et inoubliable 

Ran par Kevin Tong

La Tortue Rouge


LA TORTUE ROUGE
de Michael Dudok de Wit

Vu de loin, la tortue rougeavait tout pour me plaire. Un cadre bucolique, un ton poétique, toutes ces choses qui me touchent. Et s'est pour cela que l'on s'est installé devant un soir.

Un homme, seul sur une barque se fait chahuter par une tempête et se retrouve sur une île qu'il peut traverser en quelques heures; et ou il est seul avec des crabes. Il décide de construire un radeau et de repartir en mer... il ne va pas aller loin.
S'il y a une chose que l'on m'a promise et que j'ai retrouvé ici c'est son graphisme très particulier. Il est épuré et n'est pas sans rappelé les dessins animés de mon enfance (les années 80), les corps sont sculptés, mais les visages sont stylisés. Ils ont juste assez de détails pour permettre de faire passer les expressions et les sentiments. Les arbres sont le plus souvent résumés à des troncs minimalistes dont on ne voit que rarement le feuillage. Les crabes ont un peu l'aspect d'origamis, et je les adore. Une personne est parfaitement détaillée et représentée avec précision, c'est la tortue rouge. Lors des scènes aquatiques elle est royale et de toute beauté. Tout cela plonge le spectateur dans un univers particulier, et comme à chaque fois
ces choix peuvent être clivant.
L'unité de lieu, cette île pas vraiment déserte, ne facilite pas non plus la vision de ce film. Il se passe dans quatre décors: la plage de sable fin, la petite foret et son lac, un gros rocher... et la mer. C'est vrai que parfois ils sont accessoirisés par la pluie ou par la nuit. Mais ce sont toujours les mêmes endroits, ce qui donne au spectateur , mais pas du tout aux personnages, un sentiment de confinement.
J'ai été sensibles aux scènes de nuit, j'ai été touchée par la magie qui s'en dégage, tout comme les scènes aquatiques qui sont quasi hypnotiques. Ce sont des moments d’équilibre parfait.
Tout cela est mis en valeur par une bande son organique, et c'est quelque chose qui me touche beaucoup. La pluie qui tombe sur les feuillages, et sur le plan d'eau; les roulis de l'océan, le vent qui claque, on a l'impression d'y être, l'immersion est totale. Quant à la musique ici c'est un très bel écrin composé par Laurent Perez del Mar. Elle vient envoûter des scènes toujours plus oniriques.ce sont les seules choses que nous entendrons. Car la communication entre les personnages est non verbale. Parfois un petit cri complice retenti mais c'est rare. Même l'enfant qui naîtra sur cette île ne sera pas éduqué par le verbe. Et c'est une autre particularité qui peut être clivant.

Ce film d'animation est une ode à la nature. Un poème qui glorifie sa beauté et la nécessite pour l'homme de vivre en harmonie avec elle. Mais je me demande si ce n'est pas plus. Si ce n'est pas une énième version de l'énigme du sphinx, une métaphore sur ce qu'est l'essence d'un être humain. Le naufrage est une (re)naissance, la lutte pour partir de l’île une rébellion (peut être l'adolescence), puis vient le moment de l'acceptation et le choix de rester et de former une famille, et ceci expliquerait la suite du film. Mais si c'est cela, une question ce pose pourquoi la tortue rouge? Qui a-t-il derrière cette image? Au point de vue du design elle est sublime, quelque soit son aspect, mais je n'ai absolument rien ressenti pour elle ni sympathie ni empathie. L'unique personnage vraiment touchant est l'enfant mais là encore ses caractéristiques dignes d'aquaman m'ont légèrement perdue. Mais l'attachement au personnage a été supérieur à tout ça. Je tiens à vous raconter la frustration qu'a été la mienne de ne pas comprendre précisément quelles étaient ses choix et ses attentes, ni ce qu'il comprenait de ses caractéristiques et de ses origines.

Et c'est une des nombreuses questions sans réponses qui m'ont laissée perplexe. La représentation de la femme est gênante. Puis pourquoi ce choix narratif?cette fin? Pourquoi la scène d'amour a un imagerie digne des années 70 (oui, faire un enfant c'est se serrer dans les bras et s'envoler...). Tout ça me dérange et me perd.
Je n'arrive pas, non plus à expliquer autrement, le fait que ce film si court m'est semblé si long alors que plein de choses se passent, si ce n'est par mon manque de compassion envers le personnage qui a fait de moi une spectatrice passive.

Ce film m'a laissé le goût des poèmes qui ne vous touchent que peu. Je vois les figures de styles étudiées, je vois les rimes riches, je vois le bel ouvrage; mais je n'arrive pas être touchée par autre chose que de la technique et pourtant je le voudrai. Mais ce film est une poésie et la manière dont on le reçoit est fonction de la sensibilité et du moment alors il ne faut pas hésiter à lui donner sa chance.


Le Village des Damnés


Un jour d'automne, une force invisible et mystérieuse endort les habitants du modeste village de Midwich. Quelques semaines plus tard, le docteur Alan Chaffee découvre qu'une dizaine de ses patientes attendent un heureux événement.

Le Village des Damnés – 16 Août 1995 – Réalisé par John Carpenter

Quand on me dit « John Carpenter » cela ne m'évoque que des bonnes choses (Ou presque). Ses films sont pour la plupart des classiques et quand l'un d'entre eux est un remake, celui du film « Le Village des damnés » de Wolf Rilla, cela donne envie ! Pensez donc, Carpenter (The Thing, Fog, l'Antre de la folie) du suspense, de l'horreur et des enfants démoniaques, que peut-on demandez de plus ? Bref découvrons ce joli brin d'Amérique avec le Village des Damnés …

Le village de Midwich dans l'Amérique profonde s’apprête à passer un bon moment, une grande fête doit réunir les habitants et chacun apporte sa pierre à l'organisation de cet événement. Alors que tout semble se passer pour le mieux, une ombre mystérieuse et menaçante survole la ville et plonge ses habitants dans un profond sommeil. Un phénomène qui ne passe pas inaperçu et qui provoque bien des accidents. Les autorités comme les habitants ne comprennent pas ce qui s'est passés et ni pourquoi cela s'est arrêté, chacun reprend alors sa vie comme si de rien n'était. Pourtant quelques semaines plus tard, le médecin de cette petit bourgade découvre que dix de ses patientes sont toutes tombées enceintes lors de cet étrange black-out, neuf mois plus tard, dix enfants naîtront, semant la terreur …

En 2011 lors d'une interview John Carpenter s'étend un peu sur « Le Village des Damnés » qu'il a réalisé en disant qu'il s'agissait d'une obligation contractuelle et qu'il n'était au final pas vraiment passionné. C'est honnête de le reconnaître, car cela se voit, ce film est une déception du début à la fin qui n'est clairement pas à la hauteur de cet illustre réalisateur. Un film en mode feignasse ou l'outrance et la lourdeur sont les maîtres mots d'un Carpenter mineur …

L'histoire est adapté du roman de John Wyndham intitulé « The Midwich Cuckoos » ou « les Coucous de Midwich » en français. Un récit déjà porté une fois à l'écran par Wolf Rilla en 1960. Place à l’Amérique au lieu du Royaume-Uni, pendant lequel on va suivre le médecin de cette petite ville qui va être le témoin privilégié des actions de ces enfants démoniaques. Des enfants qui vont par deux, sauf un pour je pense essayer de démontrer les dangers du collectifs face à l'individu qui veut s'émanciper et penser par lui même tout en taclant les méfaits du fascisme. Hélas le propos est complètement délayé par une lourdeur de pachyderme incompréhensible et ridicule qui vous prendra des les toutes premières minutes du film.

Ce qui m'amène directement a parler de la réalisation de John Carpenter ! Oui le papa de The Thing ne s’embarrasse d'aucun suspense, d'aucune tension, ni de créer un minimum d'ambiance pour que l'on se sente mal à l'aise ou effrayer par ces enfants démoniaques! Le pire c'est que ça commence des les premières minutes du film. Une ombre plane et arrive sur la ville, soulignée par une musique très très inquiétante, qui je pense est là pour que l'on comprennent que c'est vraiment anormal ce qui arrive et il arrive quoi ? Un truc anormal, la ville tombe dans un sommeil profond. Bref voilà le degré de bêtise dans lequel Carpenter se morfond et qu'il ne transcende jamais, pas aidé il est vrai par un scénario médiocre, une production design quelconque et une composition musicale sans intérêt! Seul fonctionne la dynamique entre les enfants, les petits effets aux niveaux des yeux quand ils s'énervent ou manipulent une personne, mais bon la aussi, ce n'est pas en les déguisant en petit gamin du 3eme Reich que tu gagnes en finesse. Quant au casting, il est sans saveur, hormis la présence de Christopher Reeves. 

Méfiez-vous des enfants et aussi des réalisateurs qui ne se sentent pas concernés par ce qu'ils font !

Rendez-vous avec la mort



RENDEZ-VOUS AVEC LA MORT
de Michael Winner

depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, j'adore Agatha Christie. J'ai pillé les bibliothèques et les CDI et j'ai lu tout ce que je trouvais signé d'elle. De la même manière, j'ai vu toutes les adaptations de ses œuvres, mais je n'avais pas encore vu ce film.

Emily boyton a été gardienne dans une prison pour femme pendant des années avant d'épouser un riche anglais, et d'entrer dans la vie de ses enfants. Elle en a gardé une manière d'agir qui lui est propre. A la mort de son époux, elle arrive à capter l'héritage de ses beaux enfants et décide de les embarquer dans un voyage en Europe. Puis ils partent en croisière en Palestine, sous tutorat anglais à l'époque,c'est à cette occasion qu'il vont rencontrer Hercule Poirot.

Cette critique sera courte, car je me refuse de tirer sur une ambulance. Surtout que ce film avait tout pour me plaire tiré d'un roman que j'avais adoré, un casting qui en ferait rêver plus d'un, et un réalisateur qui avait une maîtrise parfaite des films à forte intensité.
Et ce fut lui ma première déception. Dans sa filmographie il y a de nombreux thriller et polar dont des films comme les justiciers. J'étais sure qu'il allait apporter son savoir faire à cette histoire déjà palpitante. Mais non, aucun suspense, ce film est juste une succession de belles images avec de jolies personnes dedans. Ce n'est pas ce que l'ont vient chercher dans un tel film. La caméra est juste posée.

Le scénario qui est basé sur l'un des romans les plus connus d'Agatha Christie arrive à en faire quelque chose de très prévisible. Vous devinez le-la coupable avant même le meurtre. Quant à la victime, elle a une cible dans le dos dès la première minute. S'il y a une autre chose marquante dans l’œuvre de l'écrivain c'est l'épaisseur de ses personnages, ils sont toujours riches et détaillés. Dans ce film ils sont justes esquissés, on a aucune sympathie pour eux. Même les personnages de femmes qui sont intenses dans les romans de cette écrivaine ne sont intéressant ici que pour leurs interprètes. Cette écriture enlève tout charisme supérieur à celui d'une endive à chacun des protagonistes, et ils deviennent peu crédibles en tant que suspects.

Par une alliance maléfique et vicieuse du scénario et de la réalisation, tout est dépassionné. Les amours naissantes sont d'une platitude sans nom, les passions tumultueuses sont quasi ennuyeuses. A cette collection de bonnes idées il faut rajouter que le-la coupable passe son temps à crier et à hurler à l'écran, l’interprète frôlant le sur jeux. Elle-il apparaît même dans le cadre a un moment clé de l'histoire.... je pense qu'à part l'habiller en jaune poussin et incruster des flèches à l'écran, ils n'auraient pu être plus grossier.
Ce film a pour principal voire seul atout son casting.

Il fait toujours chaud à mon petit cœur de voir Carrie Fisher, même si elle est peu présente. Son coté solaire et son sourire adoucissent la vision de ce film.
Peter Ustinov est Poirot, et on sent que ce n'est pas son premier bal, on sent la mécanique, lourde et ronronnante, annihilant toute la finesse et la puissance de l’enquêteur.
Un film avec Lauren Bacall est une opportunité, c'est des petits cœurs qui apparaissent dans mes yeux. Mais elle est mal exploitée et sous exploitée, la légende n'est pas respectée. On peut oublier ce film de son œuvre.


Au final ce film m'a laissée un gros manque. Un manque de David Suchet et de l’âme de la série ou il incarnait le détective belge. Mais à tout malheur quelque chose est bon et il m'a donnée envie de relire toute la bibliographie d'Agatha Christie en commençant par les Hercules Poirot

Hero


HERO
de Zhang Yimou



Découvrir les films que j'ai en retard est un petit bonheur. Je passe d'un style à l'autre avec jubilation. Le gardien de ce blog m'avait offert le Dvd de hero il y a deux ou trois ans après que je sois tombée amoureuse de la scène de calligraphie qu'il m'avait fait voir sur Youtube.


Un jeune héros vient de tuer trois des plus grands ennemis du roi Quin. Il gagne donc le droit de le rencontrer après un long cérémonial. Il s'entretiendra avec lui à moins de cent pas.
Redonnons un peu de contexte à cette histoire. Plus de deux cents ans avant notre ère, la Chine telle qu'on la connaît aujourd'hui n'existait pas, elle se divisait en sept provinces qui se faisaient la guerre, c'était la période des Royaumes Combattants. Un roi, le Roi Quin avait des idées bien arrêtées sur ce que devait devenir la Chine et sur comment le faire. Il était violent et cruel. Des guerriers des autres provinces décidèrent de le tuer. C’était le cas de Flocon de Neige, de Lame Brisée, et Ciel étoilé de grands guerriers du royaume de Zhao, qui devinrent des comploteurs de premier ordre. C'est eux qu'a tué le jeune homme. Ce jeune homme s'appelle sans nom.
Ce film est un film de sabre (Wu Xia Pian). C'est un genre commun en Chine qui trouve son origine dans un style littéraire. les premiers films datent des années 20,et il a connu son age d'or dans les années 60. Mais dans les années 2000 il y a eu un renouveau avec des films comme celui-ci. Ce film en reprend tous les codes.
Le premier et le plus important étant l'opposition du bien et du mal. Elle est présente dans tout le film et est déclinée pendant le film. Car le scénario est si bien écrit que l'on ne sait plus a un moment quel est le bien et quel est le mal. Mais une chose reste constante l'affrontement entre les deux parties.

Chacun des personnages a un sens du devoir développer. Sures de leurs valeurs, ils sont tous capable de se sacrifier pour y être fidèle,ou de sacrifier ce qui compte le plus dans leurs vie pour elles et pour le bien des autres.
Il y a une forte composante de désir amoureux dans ce film. Toujours autour de deux personnages, il se déclame différemment ne fonction des moments du film, mais il est toujours présent alors qu'il ne concerne ni le roi Quin ni sans nom. Il donne une humanité particulière a l'histoire, presque une autre dimension.
Puis il y a le héro, un chevalier, bien que basé dans la plus petite province de l'état et responsable de sa sécurité il parcourt le pays pour croiser ces trois combattants et atteindre son but.

Même si «wu xia pian» se traduirait littéralement par «film de héros martial», les sabres ont une énorme importance dans ce film. Ils sont le symbole d'une philosophie d'une manière d'agir avec honneur. Il est l'extension de la personne, son messager aussi. C'est ainsi que la manière de calligraphier un mot devient l'indicateur de la manière dont une personne se bat. Dans cet esprit, cet art est aussi la raison qui empêche les gens de fuir, et qu'ils acceptent de travailler sous les flèches. Les flèches sont tout en bas de la hiérarchie de l'arme honorable, elles sont lancées sans visées, et tuent sans combats, sans prévenir lâchement.

Ce film est un chef d’œuvre à l'état pur. La construction de l'image est un régal pour les yeux. La chorégraphie des combats est pour moi qui suis une néophyte captivante presque hypnotique. C'est irrationnel, je peux donc comprendre que ça ne plaise pas. Ces chorégraphies sont mises en relief par les costumes créés à la main pour l'occasion. Les manches disproportionnées, les robes évasées, les tenues cintrées à la taille. Tout est mis en œuvre pour accentuer l'aspect aérien des personnages. Il y a quelque chose de l'ordre de la fascination à admirer les combats comme celle que l'on a à regarder un jerbi tourneur; c'est difficilement descriptible.

Autre chose a été créé à la main , les décors . ils sont composés avec minuties. Parfois épurés et désertiques d'autrefois verdoyant et quasi bucoliques, ou encore surchargés. Mais ils sont toujours dans les couleurs de la période. Car chaque moment du récit a sa couleur. Elles sont à la fois d'un esthétisme sans faille, mais aussi porteuse d'un certain symbolisme . Car ce film est bourré de symboles, parfois on le perçoit mais on n'arrive pas à exprimer pourquoi.
J'ai souvent évoqué le scénario de ce film, qui allie les fondamentaux du film de sabre avec un scénario à twists qui varient en fonction des points de vues et des moments de l'histoire.C'est de l’orfèvrerie, la manière dont l'histoire évolue doucement et que rien n'est prévisible.

Il mène le spectateur par le bout du nez, en tout cas ceux qui comme moi ne connaissent pas cette partie de l'histoire asiatique. C'est en ça que ce film prend une nouvelle dimension. S'inscrivant dans l'Histoire et ouvrant sur quelque chose d'encore plus grand. Avec des répercussions jusqu'à ce que nous vivons aujourd'hui, certaines des critiques voyant un film de propagande sur la Grandeur de la chine, et le sujet du Tibet. J'avoue ne pas avoir vu ça. Mais je pense qu'il peut être bon d'y penser.
Le casting est du bonheur Maggie Cheung est parfaite, elle incarne toutes les possibilités de Flocon de Neige avec conviction et force. Tony Leung est lame brisée, et il est le personnage le plus émouvant de ce film. Il respire la sympathie et suivre les différentes versions de son histoire est un régal. Jet Li est égal à lui même. Quant au petit passage ou combat Donnie Yen , on regrette qu'il y en ait si peu.

J'aime ce film,ça a été un grand moment de le découvrir.

Entre le ciel et l'enfer


Actionnaire d’une grande fabrique de chaussures, Kingo Gondo décide de rassembler tous ses biens pour racheter les actions nécessaires pour devenir majoritaire. C’est alors qu’on lui apprend qu’on a enlevé son fils et qu’une rançon est exigée. Mais, second coup de théâtre, c’est le fils de son chauffeur qui a été enlevé…

Entre le ciel et l'enfer – 1 Mars 1963 – Réalisé par Akira Kurosawa

Après « Les bas-fonds » et « Les salauds dorment en paix », voici « Entre le ciel et l'enfer », le troisième des films de Kurosawa à être sortie début Mai qui vient compléter la collection initiée par Wildside depuis plus d'un an. Trois films que j'ai grandement apprécié et qui sont tous différents, malgré la veine sociale qui les réunis et que le réalisateur exploite avec beaucoup de talent. Ici c'est un film entre deux mondes, entre ceux qui sont privilégiés et ceux qui ne le sont pas …

Kingo Gondo est un ancien ouvrier qui s'est mue en un excellent homme d'affaire ! Il a pu avec le temps devenir l'un des actionnaires importants de l'usine de chaussures ou il a évolué, gravissant les échelons jusqu'à devenir l'un des hommes majeurs de l'entreprise. Un jour il discute chez lui avec des fournisseurs, de nouveaux modèles de chaussures mais très vite la discussion tourne sur une possible alliance pour s'emparer de l'usine. Gondo lui ne veut rien entendre, car secrètement il se prépare à prendre le contrôle majoritaire de l'usine. Un coup de poker qui ne doit pas rater, parce qu'il n'y aura pas de seconde chance. Sur de son fait, il congédie ses encombrants invités et finalise sa future prise de pouvoir, quand il reçoit un coup de fil qui lui annonce que son fils a été enlevé et qu'il doit payer une rançon de 30 000 000 de yens pour le revoir en vie. Heureusement pour Gondo, les ravisseurs se sont trompés et n'ont pas enlevé le bon enfant, mais il lui reste un dilemme payer pour sauver le fils de son chauffeur ou ne pas payer et mener à bien son plan …. .

« Entre le ciel et l'enfer » est un film qui porte bien son nom ! C'est à la fois une promesse (Mise en scène, histoire, personnages) et l'interrogation principale du film, à savoir « Comment l'homme réagit quand il est soumis à un questionnement qui échappe à la morale ». Comme Orson Welles quelques années auparavant avec « La Soif du Mal », le réalisateur Akira Kurosawa porte brillamment ce dilemme à l'écran et fait de Kingo Gondo son « Mike Vargas » !

Akira Kurosawa s'entoure de ces fidèles collaborateurs que sont Eijirô Hisaita, Ryūzō Kikushima et Hideo Oguni pour écrire le scénario de ce film. Il adapte le roman de Ed McBain (Les Oiseaux) « Rançon sur un thème mineur » en gardant le postulat de départ, à savoir la confusion sur l'identité de l'enfant kidnappé ! A partir de là on voit l'histoire de deux hommes qui sont face à leur propre doutes, qui vont faire des choix, jusqu'à voir dans l'autre le miroir de ses peurs et de ses envies. Gondo est un homme qui a connu la pauvreté, mais qui a réussi à se faire un nom, à avoir une situation et un certain statut, faisant de lui un homme rétif à tout chantage. Le ravisseur Ginjiro Takeuchi, un jeune interne en médecine est quelqu'un d'intelligent, qui ne semble hélas plus pouvoir suivre le rythme de ses études, qui vit dans une certaine précarité et qui jalouse jusqu'à commettre l'irréparable « celui qui a réussi », qui toise de par son imposante maison le peuple en contrebas !

Un jeu de miroir que l'on retrouve dans la narration, les deux parties du récit se répondent et entretiennent l’ambiguïté que l'on ressent pour chacun des deux personnages. Entre Gondo qui ne veut pas retomber en « Enfer » quitte à ne pas payer, quant a Takeuchi, désespéré et envieux qui aimerait tant goûter au « Ciel », se laisse gagner par ces plus bas instincts ! C'est dans cette frontière tenu entre le bien et le mal que l'on se perd nous aussi, que l'on se pose des questions, sur ce que l'on a, sur ce que l'on veut et sur la manière de l'avoir et que quoi qu'il arrive on est responsable de nos actes. Le film finis la ou il doit se finir, sans jugement, sur un face à face d'une profonde noirceur, ou l'homme se confronte à soi-même et a ses échecs …

Puis comme à chaque fois, c'est très très bien réaliser ! Le scénario qui s'articule sur deux parties distinctes permet a Akira Kurosawa de créer deux ambiances totalement différentes et de jouer à merveilles avec les décors. Dans un premier temps c'est un huis-clos exemplaire ! On ne vois qu'une seule pièce, mais tout est concentré ici, l'introduction, l’enlèvement et la demande de rançon du ravisseur (Takeuchi). C'est bien rythmé, l'image est composée avec minutie, chaque personnes est à sa place avec un rôle qui est parfaitement définit ! Une clarté qui donne une dynamique implacable, pour laisser place à la procédure d’enquête, amenée par une mise en scène éclairée, le rideau se tire, le huis-clos se termine et laisse voir la ville en contrebas, le terrain de jeu du ravisseur. La seconde partie est tout aussi réussie, jusqu'au final entre Gondo et le ravisseur, qui se parlent dans une pièce de la prison. Juste une vitre les sépares, point d'orgue d'une rancœur que l'on saisit à peine mais que Gondo comprend,jusqu'à ce plan aussi fugace que réussie ou leurs visages se mêlent, finissant de nous troubler et de nous dire que chacun d'entre nous pourrait être celui derrière la vitre …

Le casting est de qualité et il joue aussi très juste ! Toshiro Mifune interprète Kingo Gondo. Un rôle qui permet à cet acteur de montrer une nouvelle fois le talent qui l'anime et la palette de jeu qui sont la sienne. A la fois plein de hargne, de colère et de retenue, sa composition électrise la première partie du film et attrape à lui seul toute la lumière, synthétisant alors le dilemme qui l'anime. Celui qui joue Takeuchi le ravisseur, c'est l'acteur Tsutomu Yamazaki. Jeune acteur à l'époque, il excelle dans le rôle de cet étudiant dépassé par la vie qu'il mène. Symbole d'une jeunesse en manque de repère, il choisi d'assumer ses actes et l'émotion qu'il donne dans le dernier acte rend tout ça encore plus dur. Puis on trouve aussi des seconds rôles de choix, avec Takashi Shimura, Tatsuya Nakadai le brillant inspecteur, Kyoko Kagawa qui joue la femme de Kingo Gondo, puis Tatsuya Mihashi, Takeshi Kato ….

C'est un film brillant du début à la fin, qui permit au réalisateur d'aborder la question des « enlèvements d'enfants », un sujet qui lui tenait à cœur depuis que l'un de ses amis eu subit cela et que la justice fut trop clémente a son goût avec le ravisseur. Ironiquement, lui qui voulait dénoncer, du faire face à une recrudescence d’enlèvement suite à la sortie de son film …
Retrouvez cette splendide édition depuis le 3 Mai en blu-ray/dvd chez Wildside