What's Up, Doc?



WHAT'S UP DOC?
De Peter Bogdanovich


Ce film est un film cadeau, un film que l'on vous conseille et qui éclaire un pan de cinéma que vous avez envie de découvrir avec boulimie.


Le docteur Howard Bannister est l'un des finalistes pour une bourse. Il prend l'avion avec une valise particulière dont l'un des cotés est tapissé par un tissu écossais. sa fiancée Eunice est aussi du voyage. Arrivé à l'aéroport il rencontre Judy, une étudiante fantasque, extrêmement cultivée et pique assiette qui voyage avec le même modèle de valise. Elle décide de le suivre et part dans le même hôtel que lui. Dans ce palace est descendue une vieille dame richissime qui balade sa richesse et ses bijoux dans un sac similaire. Pour compléter cette collection prenez un autre de ces bagages et glissez y des papiers top secret. Et voilà un pitch promettant des imbroglios et des chassés croisés.

Ce film revendique le fait d’être une screwball comedy, et il en décline tous les codes.
D'abord le personnage central, celle qui porte cette comédie, Judy Maxwell. Elle est le grain de folie et la légèreté que l'on aimerait tous avoir dans sa vie. Les personnages féminins ont une place particulière dans ce genre, ils sont forts et libres. Le portrait de cette femme des années 70, est actuel et plaisant. Il parle d'autonomie, d'éducation, de courage,et d'expérience. Quant à celui fait en creux d'Eunice, il n'est pas que le contre exemple source d'humour, il dit aussi des choses sur ce que l'on attend des femmes c'est à dire tout et son contraire. Barbra Streisand qui donne ses traits à Judy arrive à l'incarner avec finesse et à habiter tout son mystère . La manière dont elle est filmée est primordiale dans le film.

Les plongés sur son regard plein de candeur rendent tout possible; et permettent de désamorcer des situations ou d'en installer d'autres en un minimum de mots, un outil non négligeable pour maintenir le rythme. Car ce film ne s’arrête jamais.
Il y a perpétuellement une situation drôle ou une course poursuite. Le rythme est batelé. Ce qui est aussi souligné par l'utilisation de slapstick cet humour souvent utilisé par charlie Chaplin à base de chutes et de coups. Et qui en plus d’être drôle amène aussi un son ce qui est important ici. Ce film ressemble à un morceau de musique, dont la bande son serait la batterie, elle donne son tempo et joue les caisses de résonances pour les cascades, ou les actions.

Bien que la trame romantique soit très marquée, le scénario ne tombe jamais dans le coté sirupeux de la comédie romantique. En partie grâce aux dialogues très enlevés. Ce traitement est rafraîchissant et tellement agréable à regarder.
Rajouter à cela des petits moments d'anthologies comme la course poursuite dans les rues de san francisco. Elle est l'antithèse de celle de bullit mais je me demande si je ne la préfère pas. Elle est le plus réussi de tous les clins d’œil faciles fait à ce film que j'ai pu voir.
Et une critique sociale très en écho avec ce que l'on peut vivre avec des scènes terriblement jubilatoires ou l'on traite avec ironie un snobisme social .

Au rayon des acteurs on retrouve la lumineuse Barbra Streisand bien sure et Ryan O'Neal. Il m'avait traumatisé enfant lorsque j'ai regardé love story. Mais là on dynamite son image de beau gosse, et il redevient attachant et intéressant. Je le redécouvre. On croise aussi les talentueux Madeline Khan, Austin Pendelton, Liam Dunn ou John Hillerman.


Je pense être passée très proche d’être l'incarnation de l'expression morte de rire devant ce film. J'ai failli m'étouffer à plusieurs reprise. Il est entré directement dans mes films « feel good » à revoir. Guillaume si tu passes par là, je te remercie pour tes conseils toujours avisés.

Fast and Furious 8


Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors. Des rivages de Cuba au rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barents, notre équipe va sillonner le globe pour tenter d'empêcher une anarchiste de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une famille.

Fast and Furious 8 – 12 Avril 2017 – Réalisé par F. Gary Gray

La franchise Fast and Furious (F&F) n'est pas vraiment connue pour sa qualité. Toutefois elle a presque toujours su livrer des films divertissants, voire correct ou carrément pas mal du tout (Fast Five). Et malgré la baisse constante de qualité depuis l'épisode 5, je me déplace au cinéma pour découvrir le suivant, mais surtout pour prendre des nouvelles de « La Famille ». Car la plus grande réussite de cette franchise se situe là, dans cette famille d'adoption que films après films on a appris à connaître, à apprécier ou à détester. Une équipe que l'on prend plaisir à revoir à chaque fois, à chaque nouveaux films et cela malgré les aléas de la vie. Revoilà donc Toretto pour un nouvel épisode de la franchise F&F, un huitième épisode qui marque le début d'une nouvelle trilogie

Deckard Shaw en prison, Mia, Brian et leur bébé mène une vie heureuse et rangée, loin de toutes illégalités. Dominic Toretto peut enfin convoler avec Letty en lune de miel à Cuba. Il y retrouve son cousin qui a quelques petites difficultés financières, mais voilà, on ne se refait pas et il accepte de l'aider en courant sur 2km face à son créancier. Une plongée récréative dans le monde des courses de rues qu'il n'a jamais vraiment quitté. Un matin, alors qu'il était parti chercher le café, il tombe sur Cipher, une cyber-terroriste de génie qu'il l'engage contre son gré, le mettant au défi de laisser tomber sa précieuse « Famille ». Bien loin de tout ça, Hobbs est l’entraîneur de foot féminin de sa petit fille et alors qu'il l'encourage après un haka électrisant, on vient le chercher pour une mission à haut risque. Quelques explosions plus tard près de Berlin, Hobbs, Toretto et la famille ont fait le job. Et contre toute attente, sur le chemin du retour Dominic Toretto agresse Hobbs et vole l'appareil qu'ils ont pris ensemble pour le ramener à Cipher …

L'opus numéro 7 avait un peu douché mon enthousiasme vis à vis de F&F, mais je l'admets que les circonstances n'ont pas aidés à faire quelques choses de bien. Ceci dit des la première bande-annonce de ce nouveau F&F, j'ai été conquis ! Plot twist intriguant, team-up de deux personnages antagonistes (Hobbs/Deckard), méchant féminin, de la démesure à tous les étages et un réalisateur (F. Gary Gray) déjà rompu aux poursuites en voitures (Braquage à l'italienne). Sauf qu'une fois les explosions finis et les coups portés par un Dwayne Johnson herculéen, il ne reste qu'une impression gâchis immense, que pour une première fois, la saga roule à vide …

En sept films, les personnages ont évolué, leurs priorités aussi et les films ont su amorcer le virage (plus ou moins réussis) de la même manière que ces personnages. Entraînant la franchise vers un ton plus « mature » ou l'enjeu n'est plus simplement d'avoir le « respect » d'un adversaire, mais bien celui de fonder ou non un foyer et d’arrêter tout bonnement les conneries. Attention, ce n'est que la direction prise par une franchise de blockbuster, qui n'est absolument pas réputée pour l'intelligence de son scénario, ni de son propos. Malgré tout ça, un univers s'est crée, avec ses règles et sa cohérence qui lui est propre, une cohérence que malheureusement Chris Morgan (scénariste des 5 derniers F&F et co-scénariste du n°3) ignore pour livrer un amas malheureux de scénettes perdues entre la générosité « over the top », le ton ridiculement sérieux et la philosophie de comptoir cher à Vin Diesel.

Amorcer une nouvelle trilogie, après la complexité du 7 en terme de production est une bonne idée. On solde les comptes, certains personnages sont écartés définitivement et on peut se concentrer sur l'instant présent. Hélas ce n'est pas ce qui est arriver, car là ou on aurait du partir sur un nouveau cycle, c'est à dire que ce qui était terminé précédemment ne devait pas revenir dans l'intrigue du numéro 8 (voir 9 et 10, j'anticipe), notamment les personnes décédées ! Mais bon Chris Morgan s'en cogne (Ainsi que Vin Diesel) et c'est bien là, le problème majeur de F&F8.

Premièrement, l'intrigue de ce film est en totale contradiction avec les films précédent et surtout les personnages principaux n'ont plus rien à raconter. Brian et Mia se sont retirés avec leur enfant, tandis que Dom et Letty peuvent enfin goûtés à une vie calmes, sans avoir à courir aux quatre coins du monde. La fin d'un cycle logique qui voit ces personnages accéder a une sorte de quiétude. Donc il aurait été logique de trouver l'angle adéquat et intéressant pour que l'on est un soupçon d’intérêt à les suivre de nouveau; à faire en sorte qu'on se dise, tient ils ont encore quelques choses à nous raconter ! Parce que le thème de la « famille » c'était bien vu dans le cinquième, mais là c'est devenu un running-gag qui n'apporte plus rien, ni à l'histoire, ni aux personnages. Au lieu de ça, il ramène sur le devant de la scène un personnage secondaire (Elena) dont on ne se souvient presque plus pour inventer à Toretto un enfant et être le prétexte de son changement ! Une construction totalement artificielle de l'intrigue qui annihile toute dramaturgie et toute émotion.

Deuxièmement, le personnage de Toretto devient un méchant ! Soit j'accepte même si le ressort scénaristique est pourri et que de facto, il n'est même pas méchant au final. Ce qui n'est pas étonnant, car il ne faudrait pas casser l'aura de Vin Diesel (Pique gratuite, je sais). Ensuite ce qui me gène, c'est que l'on fait de Dom un espèce de super agent rebelle, qui n'a jamais besoin de rien ni de personne. Ailleurs pourquoi pas, ça marche, mais ici c'est allez contre la nature du personnage qui quoiqu'il fasse (Hormis les courses) le fait à plusieurs, avec une équipe et vous pouvez reprendre tous les films précédent, c'est ce qu'il arrive, il ne peut gagner seul ! Car si c'est bien un leader, ce n'est pas le cerveau de leur équipe, alors le coup du je pense à tout et ça depuis le début, avec le plus grand des sérieux, moi ça me fait rire ...

Troisièmement, le point « Brian O'Conner » ! C'est un élément qui me gène ici, parce qu'on a beau savoir que l'acteur n'est plus, le franchise ne l'a pas digéré pour autant et malgré cet aspect « retraite-hommage » donné au personnage précédemment. Car oui Paul Walker n'est plus, mais son personnage existe encore bel et bien dans la franchise, ce qui rend des scènes atrocement gênante, la ou elle aurait du être poignante. Le film fait ouvertement référence deux fois à Brian, l'une juste après avoir était trahis pas Dom et l'autre à la fin. La première fait état du personnage en le mentionnant pour dire que lui serait ramener Dom à la raison. Un argument de poids qui met à mal en deux phrases l'intrigue toute entière, car qui d'autre que lui aurait était plus pertinent pour s'opposer à lui et lui dire qu'il merde ? PERSONNE ! Dans un monde parfait, l'idée était bonne, sauf qu'ici cela ne fait qu'appuyer l'idiotie de la référence et de l'histoire. En ce qui concerne la fin, personne n'est choquer de voir la « Famille » au bord des pleurs quand Dom appelle son fils Brian ? Quand le dit personnage est toujours vivant et heureux avec sa femme et son gosse dans l'univers F&F …

Un dernier pied de nez pour dire simplement « On fait ce qu'on veux tant que ça rapporte de l'argent » ! La cerise sur un scénario qui assume sans aucune honte de n’être qu'une succession sans âme de scènes d'actions, de blablabla philosophico-vindieselosophe et de petits instants cool ou la cohérence est absente ! L'introduction qui fait dans le beauf bien bas de plafond est risible du début à la fin; la scène du haka est géniale, mais cela pourrait être dans n'importe quel autre film qu'on s'en apercevrai pas; la mission à Berlin ? On la voit dans son intégralité dans les bandes-annonces, il y a zéro plus-value et on passe d'un lieu à l'autre comme ça, parce qu'il le faut pendant 2 heures et c'est tout.

Le réalisateur F. Gary Gray que j'apprécie depuis son sympathique « Braquage à l'italienne » ne peut faire grand chose pour donner un semblant de relief à l'ensemble, si ce n'est de mettre le paquet sur les scènes d'actions. Pour ça il peut compter aussi sur Spiro Razatos qui est le coordinateur des cascades et le réalisateur de seconde équipe, un imminent spécialiste qui nous donne ensemble la joie, mais pas l’allégresse que l'on peut attendre. Pourtant c'est bien là, les seules choses d'intéressantes que recèlent le film. Hormis le coup des voitures zombies à New-York qui est l'une des séquences les plus inutiles, mal fichue et inintéressante que la saga est pu faire, le film à quand même droit à ses moments d'anthologie ! Et ce sont toujours les scènes d'actions ou l'on retrouve Dwayne Johnson en action (Qui n'a presque aucune scène avec Vin Diesel) avec un Jason Statham plus en forme que jamais. Tous les deux révèlent une force comique apaisante, ainsi qu'une complicité qui bouffe l'écran à chaque fois qu'ils sont à l'écran. C'est ainsi que tous les deux électrisent la séquence de l'émeute en prison (bien trop courte à mon goût), le premier se révèle toujours aussi costaud à New York et à le moment le plus badass dans la séquence monumentale finale. Mais Statham à droit un solo dans l'avion de la méchante à la fois drôle, bien rythmé et habilement chorégraphié. Des bouffés d'oxygène indispensable, pour que le film ne sombre pas et surtout pour compenser un antagoniste extrêmement faible.

Quant au casting, il arrive aussi à bout de course. Vin Diesel n'est plus que l'ombre de lui même, il est en roue libre complet et surjoue à mort n'importe quelle scènes, de la plus légère à la plus grave. Michelle Rodriguez n'a plus rien à raconter, si ce n'est d’être l'éternelle fille qui dit toujours avec un air concerné « Non ce n'est pas le vrai dom ». Puis il y a aussi Ludacris, un personnage sympathique mais trop peu exploité; Tyrese Gibson est le sidekick rigolo qui n'avance plus, faute de lui donner autre chose à jouer que le bouffon de service.Nathalie Emmanuel n'a aucun place non plus pour s'exprimer, hormis les quelques scènes avec Ludacris et semble déjà rincée! Charlize Theron est calamiteuse dans le rôle de Cipher, une méchante bas de gamme qui se rêve comme Blofeld mais qui devient une enfant capricieuse des qu'elle n'a pas ce qu'elle souhaite. Sinon on peut toujours compter sur la prestance étonnante et la facilité qu'a Dwayne Johnson à prendre le leadership, puis sur la présence de Jason Statham qui fait un duo jubilatoire avec lui. Et pour finir un petit mot sur Helen Mirren qui prend à première vue énormément de plaisir à jouer maman Shaw; tout comme Kurt Russell qui revient aussi pour apporter sa petit touche de coolitude et son enseignement envers un Scott Eastwood qui sert de punching-ball, a défaut d'autre chose … 

Les bolides sont en pannes et Vin Diesel ne fait plus illusion. La saga n'a plus rien à dire et accumule les mauvais choix. Dommage de ne pas avoir suivi la voix ouvert par le cinquième volet ... 

Le Maître du jeu



LE MAITRE DU JEU
de Gary Fleder

Le maître du jeu fait parti des films dont je n'attendais rien. Mais Fred a su flairer le potentiel et à quel point ça a été un bon moment pour moi.

Depuis Douze hommes en colèreles films qui tournent autour du jury lors d'un procès sont nombreux; mais bien souvent ce sont des variantes de ce dernier. Celui-ci est loin d’être une énième versionde ce film. Ils traitent de la manière dont les jurés peuvent être manipulés.
Un lundi matin lambda, monsieur Wood part travailler. Il chantonne une comptine que lui a appris son fils. Il rigole avec sa secrétaire quand des coups de feu retentissent. Un collègue licencié le vendredi précédent vient d'entrer et tire sur tout ce qui bouge. Il est l'une des victimes de ce tueur de masse. Deux ans après, sa veuve pénètre dans un tribunal,elle a porté plainte contre l'entreprise qui a mise en vente l'arme dont s'est servi l'assassin de son époux.

Le scénario du film est adapté d'un roman de John Grisham et l'histoire est plus qu'efficace. La situation de départ est la sélection d'un jury, quelque chose que l'on a vu plus de cent fois dans des films comme dans des téléfilms. Mais là très vites des petites choses détonnent comme l'oreillette de l'avocat. A quelques mètres de là, une équipe passe au crible la vie de chaque prétendant juré, aidant l'avocat du groupe qui a créé cette arme. A choisir un jury qui lui sera favorable. Une vraie machine de guerre!
L'incarnation d'une justice à deux vitesse
A chaque étape du récit,une petite touche détonne. Jusqu'à ce qu'apparaisse un troisième groupe, un duo qui dit pouvoir influencer les jurés.

La réalisation est en adéquation avec cette manière de raconter. Elle est d'une extrême sobriété rien ne dépasse, les décors sont simples, les costumes ne paient pas de mine. Ils servent pour caractériser un personnage tout au plus, sans zèle.
Pareil ce casting de rêve John Cusack, Rachel Weisz, Dustin Hoffman ou encore Gene Hackman, adoptent un jeu sans cabotinage. Ils sont brillants, dans les moments qui leurs sont impartis ils sont même fascinants, mais jamais l'un d'eux tire la couverture à lui. Et tout cela conduit le spectateur à un climax que je n'avais absolument pas vu venir.
Cette sobriété sert l'intrigue, mais pas seulement.

Je vous avoue que je trouve ça toujours un peu facile de voir hollywood craché sur les marchants d'armes. Je trouve que c'est un peu le grand méchant facile par définition. Un procès contre une industrie puissante, alors mettons les armuriers dans la balance. C'est toujours les mêmes ficelles, puis c'est la garantie que tout une partie de l'auditoire sera en empathie directe avec les gens qui s'opposent à eux.
Mais là, c'est utilisé intelligemment, alors oui c'est toujours le même «grand satan», il est là comme alibi et permet de faire un état des lieux de ce qu'est la justice américaine, et de ses limites. C'est finement mené à l'image de ce film.


Le maître du jeu est une agréable surprise. Un film qui semble être tout simple. Un thriller du dimanche efficace, mais il est plus riche qu'il n'y parait.

Strange Days


Los Angeles 1999. Lenny Nero, flic déchu, mi-dandy, mi-gangster, s'est reconverti dans le trafic de vidéos très perfectionnées qui permettent de revivre n'importe quelle situation par procuration. Un jour, il découvre une vidéo révélant l'identité des meurtriers d'un leader noir.

Strange Days – 7 Février 1996 – Réalisé par Kathryn Bigelow

A l'aube de l'an 2000, la ville de Los Angeles est une vraie cocotte minute prêt à exploser. La mort d'un célèbre rappeur, dans des circonstances troubles alimente les tensions. Lenny Nero, flic déchu de la cité des anges s'est mué en un receleur d'images prisent et regardables avec le système SQUID. Prévu à la base pour les forces de l'ordre (espionnage), l'appareil est depuis détourné à des fins plus personnelles et illicites, comme le commerce d'images violentes ou à caractère sexuel. Ce qui en fait son succès, c'est qu'il vous place directement à la place de la personne dont vous revivez les images. Un avantage dont profite Lenny pour se remémorer de vieux souvenirs, doux et chaleureux, tout le contraire de ce qu'il reçoit un jour, un disque qui lui montre le viol et la mort de l'une de ses amies. Lenny doit alors faire taire sa nature profonde et enquêter sur cet acte odieux, une tache périlleuse qui va le plonger au cœur de la ville et de ses mystères.

Comme à chaque fois que je découvre un film d'un ou une cinéaste que j'apprécie, j'appréhende la découverte car j'ai peur de la « désillusion » ou encore du dit syndrome « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? ». Mais ici, avec « Strange Days » ce n'est pas le cas, le film à eu beau être un four commercial à sa sortie, il n'en reste pas moins un film ambitieux et visionnaire. Un long métrage ou l'on trouve le savoir faire d'une grande réalisatrice et de deux excellents scénaristes, avec le renommé James Cameron (Je vous fais pas un dessin) et Jay Cocks (Silence, Le Temps de l'Innocence).

Lenny Nero est un ancien flic qui doit à nouveau endosser ce rôle d'ancien quand l'une de ses amies meurt atrocement et que le tueur semble lui en vouloir personnellement. Hélas depuis le temps, Lenny a énormément changé, il fuit tous les conflits et s'échappe de la réalité en plongeant dans les souvenirs réconfortant que lui procure le SQUID. Tout comme ses clients qu'il fournit en images, il fuit ainsi la réalité.

Le background du film est alors posée, le monde dans lequel on vie n'est plus authentique, les gens s'échappent aux responsabilités grâce a aux SQUID, dans un univers rêvée qui les conforte dans leur illusion de confort. L'histoire navigue alors entre plusieurs genres, comme le thriller, la science-fiction et le film noir le tout mâtiné d'une touche de romance. Cela permet à James Cameron d'écrire une histoire qui n'est pas si éloignée de ce qu'il à déjà fait et de brasser ainsi un éventail large de thèmes à aborder. Comme la dualité entre l'humanité et la technologie, les dangers d'une société droguée à la technologie, le voyeurisme, la société américaine, le racisme et les violences policières. Ce qui donne au film une profondeur de lecture intéressante et surtout il est en avance sur son temps.

Premièrement, il s'agit de confronter deux mondes, ceux des émeutes qui ont suivi l'acquittement des quatre policiers impliqués dans tabassage de Rodney King, révèle une Amérique scindée en deux et profondément inégalitaire. Une Amérique ou l'on trouve les blancs d'un coté et les noirs de l'autre. L'une n'a pas à subir les discriminations, les abus de la police ou le racisme, parfois elle ne voit même pas le mal qu'elle fait quand l'autre se débat pour exister dans une société qui ne semble pas la vouloir et qui se confronte sans cesse à un plafond de verre qui ne veut pas céder. D’où la dichotomie à l'écran entre le personnage de Mace, femme noire, mère et célibataire avec celui de Lenny. la première a la tête dans la vie réelle avec les soucis que cela engendre et les violences qu'elle affronte , alors que Lenny évite les confrontations et ne vit qu'au travers des souvenirs qu'il revit avec le SQUID. Un sujet qui tient particulièrement à cœur la réalisatrice.

Le SQUID c'est la trouvaille du film, le petit truc qui fait la différence et qui prouve que Cameron voit toujours plus loin que les autres et cela même quand il est scénariste. C'est un petit appareil qui à la forme d'un casque et qui sert aussi bien à enregistrer ce que l'on voit, mais surtout à revoir ce que l'on a enregistré. Un appareil destiné d'abord a la police pour des missions d'espionnages, qui basculera vite vers des abus (Ce que l'on en déduit) et vers un excès dans son utilisation, rendant addicts (littéralement) les gens avides de surveillance ou encore d'images diverses et variées qu'ils consomment comme un mauvais fast-food. Le film anticipe les dérives de la tv et des réseaux sociaux, comme facebook, twitter, ou encore Youtube, qui rendent accessible tout le temps et a toute heures, une quantité faramineuses d'images.

A cela on rajoute l'évocation à peine voilée du « bug de l'an 2000 », de cet instant crucial entre 1999 et l'an 2000 qui en était presque arrivé a nous faire croire que l'on courrait vers l'apocalypse. Un dernier pied de nez à nos convictions, qui nous ramène à ce que l'on a de plus simple, notre seule humanité comme barrière aux problèmes qui se dressent devant nous et non à la technologie, qui ne doit rester qu'un outil …

C'est cette histoire aux multiples angles de lectures, à la fois forte, étrange, malsaine et efficace que Kathryn Bigelow met en scène avec énormément de passion et de talent. Le récit constamment équilibré n'hésitait pas à choquer et à en mettre plein la vue et ça des le début, pour nous amener à un final empli d'espoir. Graphiquement le film n'est pas trop daté, la direction artistique fait des choix judicieux, notamment pour le visuel du SQUID, qui est assez complexe pour que l'on y croit et pas assez pour qu'on se dise que ce n'est pas réaliste; tout en restant raccord avec l'univers créé dans le film.

Ensuite si la réalisatrice sait gérer les scènes d'actions et les scènes de dialogues avec brio, elle nous en met par contre plein la vue avec les scènes à la 1er personne ! Des séquences dignes d'un FPS (First Person Shooter) plus vraies que nature et qui ont demandé énormément de travail. Que cela soit pour le chef opérateur Matthew F. Leonetti, que dans la conception du matériel pour filmer les séquences en questions ou pour chorégraphier l'imposante introduction du film. Des scènes qui sont toujours fortes en adrénaline, mais qui n'ont pas le même but, l'introduction par exemple vous coupera le souffle par son intensité, alors qu'une autre vous mettra mal à l'aise, très mal à l'aise vu qu'il s'agit de la scène du viol d'un des personnages.

Le casting est quant à lui parfait ! Oui c'est le mot, pour moi il n'y aucune faute de goût et que cela soit dans les seconds rôles que dans les rôles titres. Lenny Nero est joué par Ralph Fiennes, parfait junkie aux images, dandy décalé et séducteur qui retrouve le sens des réalités. Mace est incarnée par Angela Bassett qui se place en digne héritière des héroïnes de Cameron, une femme forte, indépendante, qui a même le loisir de sauver notre petit Lenny. Juliette Lewis prend les traits de Faith, l'ex chérie de Lenny; un personnage agaçant comme à chaque fois que je croise Juliette Lewis dans un film. Tom Sizemore joue l'antagoniste du film Max ; un personnage étrange, discret et secret que l'on ne voit pas arriver et qui s'avère convaincant. Puis on trouve des têtes que l'on reconnaît dans les seconds rôles, avec le terrible sheriff de nottingham Michael Wincott: les inspecteurs Vincent d'Onofrio et William Fichtner en policiers racistes ! Brigitte Bako dans le rôle de la victime Iris ou encore Glenn Plummer dans celui du rappeur Jeriko One.

Excellent film qui à vu les choses, avec clairvoyance !

Mort d'un pourri


Cherchant à protéger un ami, le député Philippe Dubaye, Xavier Maréchal rentre en possession d'un dossier compromettant. Des tueurs se lancent à ses trousses pour récupérer ces documents.

Mort d'un pourri – 7 Décembre 1977 – Réalisé par Georges Lautner


Cela va bientôt faire treize ans que j'ai atteint la majorité, celle qui nous donne le sacro-saint droit de vote. Un acte qui une fois la première élection en vue, peut exciter, qui peut presque même donner l'impression que l'on est important et que l'on peut peser sur la vie locale, voire nationale par nos choix. Mais il faut bien se l'avouer que cela fait un certain temps que je n'y crois plus et que les derniers mois qui viennent de s'écouler n'aide pas à croire dans le système politique français. Par exemple deux candidats à la présidence de la république sont compromis par des affaires judiciaires; l'un nous déverse la frustration qu'il a engranger quand il était premier ministre, poussé par des extrémistes catholiques qui ne rêve que d'une chose, de la France des châteaux et des cathédrales; l'autre se réclame anti-européen mais y réalise ses plus grands scores électoraux et elle ne base son programme que sur le triptyque « L'immigration, l'immigration et l'immigration » (comme papa) tout en fustigeant le système qu'elle fréquente depuis … toujours.

Je conçois qu'il existe la présomption d'innocence, mais quand on se destine à la fonction suprême, que l'on a le destin de millions de français à portée de main, on se doit à mon humble avis, de montrer l'exemple et d’être irréprochable, car au final comment peut on rester crédible ? Bref la situation n'est pas idéale et on ne sait pas vraiment à quel sauce on sera mangé, mais ce qui est inquiétant c'est que cela ne date pas de maintenant, la politique était tout aussi nocive et corrompue qu'il y a 40 ans, comme dans le film de George Lautner dont je vais vous parler « Mort d'un Pourri ».

Philippe Dubaye est un député de la république qui a commis l'irréparable en tuant l'un de ses collègues qui voulait le faire chanter. Cette personne possédait un cahier ou était écrit les noms de différentes personnalités compromises dans diverses affaires. Paniqué, le député appelle son ami, l'entrepreneur Xavier Maréchal en pleine nuit et lui explique ce qu'il s'est passé. Dubaye lui dit ensuite d'aller dans l'appartement de son amante chez qui il a caché ce fameux cahier et de le dissimuler dans une consigne à la gare, dans le quartier de la défense. Sachant que ce cahier sera très convoité, Xavier se hâte dans sa mission, mais il se sait suivi et chaque personne qu'il croise et soit une potentielle victime soit un potentiel assaillant. Un risque qu'il est prêt à prendre, surtout quand son ami est abattu. Il n'aura alors de cesse de chercher le coupable ….

Ce film est l'adaptation du roman éponyme « Mort d'un Pourri ». On retrouve sous le pseudonyme de l'auteur Raf Vallet, le journaliste et romancier Jean Laborde. Auteur de plusieurs œuvres avant celui-ci comme « Le Pouce » qui a donnée quelques années auparavant « Le Pacha » avec Gabin et réalisé par Georges Lautner qui retrouve pour l'occasion, l'un de ses plus fidèles collaborateurs, un certain Michel Audiard.

Sceptique au début, notamment à cause d'un titre fort peu engageant et de la présence Alain Delon en tête d'affiche; « Mort d'un Pourri » est un film vraiment sympathique. J'ai été vite séduit par l'histoire, le ton et l'humour dont sait faire preuve cet œuvre de Lautner tout en abordant des sujets assez graves. C'est d'ailleurs grâces à ces différents sujets que le film aborde qu'il est intéressant, notamment avec la corruption, le trafic d'influence ou encore le lobbying, car ce sont des questions qui agitent la vie politique et celle des français depuis près de quarante ans.

Sous sa trame classique de film policier à la papa, il se cache une vraie critique de la politique française et de ses dérives. L'intrigue qui voit Xavier Maréchal chercher la vérité sur la mort de son ami est bien écrite et fonctionne bien, avec ce qu'il faut de rebondissement pour que l'on ne s'ennuie jamais. Surtout quand les dialogues de Audiard sonnent à l'oreille comme des récréations particulièrement ludiques et utiles à l'histoire qui se déroule devant nos yeux. Xavier est un personnage avec un regard désabusé sur la société, qui n'a plus que ses principes et son charme pour faire face à cela. C'est un milieu vorace, cannibalisés par gens sans scrupules, des tueurs, des politiciens corrompus, des policiers véreux, des grands industriels aux intérêts financiers et par des riches étrangers aux intentions mystérieuses. Un panier de crabes ou il est difficile de savoir qui tient les ficelles, tant tout le monde semble trouver un intérêt à frauder ou à se laisser acheter par de l'argent.

Un inventaire de la politique française sans concession qui résonne encore aujourd'hui avec énormément de force et pour ça il suffit juste de se pencher sur la vie politique depuis le mois de Janvier pour s'en rendre compte. Le personnage de Xavier n'est au final que le reflet d'une certaine partie de la population, qui ne croit tellement plus en l'homme et en le système, qu'il fait simplement avec …

La réalisation de Georges Lautner est dans l'ensemble de bonne facture et elle tire à merveille des décors parisien que l'on traverse avec tout autant de hâte qu'Alain Delon. On assiste alternativement à des scènes de dialogues enlevés et drôles à la Audiard et à des scènes de meurtres assez violentes. La plus impressionnantes restant la mort de la femme de Dubaye ou l'on nous place dans la peau du meurtrier. Une scène choc qui appuie l'impunité dont jouissent les différents malfrats, qui font ce qu'ils veulent quand ils veulent ! Une noirceur contrebalancée par la justesse des dialogues d'Audiard et par l'équilibre de l'histoire qui divertit sans cesse. A cela ajoutons la bande originale de Philippe Sarde vraiment bonne et un casting de qualité avec en tête, l'excellent Alain Delon … 

Le cinéma français que j'aime ... 


El Hombre de las Mil Caras


Francisco Paesa, ex agent secret espagnol, est engagé pour résoudre une affaire de détournement d’argent risquant d’entraîner un scandale d’Etat. L’homme y voit l’opportunité de s’enrichir tout en se vengeant du gouvernement qui l'a trahi par le passé. Débute alors l’une des plus incroyables intrigues politiques et financières de ces dernières années : l’histoire vraie d’un homme qui a trompé tout un pays et fait tomber un gouvernement.

El Hombre de las Mil Caras – 12 Avril 2017 – Réalisé par Alberto Rodriguez

De temps à autre, une histoire ubuesque sort dans la presse, accapare les médias et l'on se demande clairement au final comme cela a pu arriver, car rien ne semble réel ou tout bonnement vraisemblable. Et là, il suffit de prendre quelques minutes pour se retourner sur l'année écoulée et sur l'actualité pour s'apercevoir que la fiction à rejoint la réalité. Plus rien n'a vraiment de sens et ce qui est effrayant, c'est que l'on est de moins en moins étonné par ce qui se passe. Un mélange des genres cultivé par « El Hombre de las Mil Caras », par choix, mais aussi parce que le sujet « Francisco Paesa » l'impose …

Francisco Paesa ou « Paco » pour les intimes est un homme d'influence, un homme auquel on s'adresse quand on veut faire un travail ou l'on doit éviter de se salir les mains. Cet homme à tout pour lui, une prestance, une assurance à toute épreuve et les contacts qu'il faut pour mener à bien les dossiers qu'on lui confie. Pendant une période, il travaillera pour les services secrets espagnols, approchant ainsi de près l'ETA et bien d'autres organisations secrètes, hélas pour lui rien ne se finira comme prévu, les services secrets lui ayant tournés le dos lâchement. Malgré ce coup dur, Paco cherche toujours à se faire de l'argent, mais rien ne se conclut. Un jour, le responsable en chef de la Guardia Civil « Luis Roldan » vient le voir et lui demande comment garder ses deux maisons, ainsi qu'une forte somme d'argent qu'il a détourné! Une situation désespérée car le scandale va éclater et que son nom sera traîné dans la boue, un fait que Paco gère avec le plus grand des calmes, mettant en place le début d'une évasion rocambolesque …

Ne connaissant que « La Isla Minima » et ayant toujours quelques lacunes avec le cinéma d'Alberto Rodriguez (Grupo 7, 7 Virgenes), je me demandais comment serait son nouveau film, surtout quand on sait l'excellence de son précédent. Et bien j'ai été une fois de plus bluffé, « L'Homme aux mille visages » ou « El Hombre de las Mil Caras » nous entraîne à un instant T de l'histoire Espagnole, ou se mêle espionnage, thriller et escroquerie. Un film qui une fois de plus n'hésite pas sous couvert du divertissement à dénoncer les travers de la société espagnole, qui ne serait qu'un éternel recommencement …

Pour ce film le réalisateur collabore a nouveau avec la même équipe que pour « La Isla Minima », on retrouve ainsi le scénariste Rafael Cobos, le compositeur Julio de la Rosa ou encore le chef Opérateur Alex Catalan. (Équipe identique depuis ses débuts, exceptés les nouveaux collaborateurs qui se sont rajoutés de films en films). Avec son scénariste, Alberto Rodriguez écrit l'histoire de ce film en s'appuyant sur le livre du journaliste Manuel Cerdan (Paesa, el espía de las mil caras) et de nombreux travaux du journal El Mundo. Pour ça il se concentre sur un fait précis, la cavale de l'ancien chef de la Guardia Civil « Luis Roldan » accusé de corruption et de détournement de fond, ou l'on découvre le rôle de Francisco Paesa dans cette affaire.

Et c'est la que l'histoire est très intelligemment écrite, car la fiction rejoint la réalité et que le film s'amuse avec beaucoup de malice à brouiller les pistes. Des faits sont vrais, d'autres ne le sont pas, mais je défie quiconque de dire « c'est invraisemblable » ou « irréaliste », pourquoi ? Car on ne le peut pas ! C'est ainsi que le film montre le caractère presque inéluctable de pratiques douteuses qui reviennent comme des boomerangs, ou les hommes tombent inexorablement dans la corruption et dans les malversations de tous genres, encouragés et protégés par un système qu'ils alimentent ! Et ce n'est pas que l'Espagne que l'on retrouve ici décrite, mais aussi un grand nombre de régimes démocratiques.

Bref si Alberto Rodriguez se permet avec raison de tirer sur la politique, l'évasion fiscale et la corruption, il n'en oublie pas de conter un film d'arnaque dans la lignée des plus grands. L'énigmatique Francisco Paesa est un mélange entre Frank Abagnale. Jr, Jordan Belfort et Henry Gondorff, un personnage omnipotent qui a toujours au moins deux coups d'avances et qui s'avère être tout aussi effrayant que terriblement fascinant dans sa façon de fonctionner. Il ne se confie jamais, semble avoir des amis partout, mais qui ne le sont pas finalement et seul lui est au courant de la finalité de chaque action qu'il entreprend. Une position de maître du jeu que l'on constate comme le personnage fictif Jesus Camoes, qui se trouve comme nous, proche de l'histoire, de Paco, mais au final il est assez loin de la vérité et c'est cet aspect grisant que le scénario de Rafael Cobos et Alberto Rodriguez cultive pendant près de deux heures.

Des le début le réalisateur énonce son intention, nous serons devant une fiction, tirée de la vie réelle mais avec de la fiction. A partir de là Rodriguez étale son savoir faire et profite avec justesse des deux heures que durent son film. Si pour ma part je trouve le début un « peu » trop didactique que cela soit dans ce que sa montre que rythmiquement, car c'est un récit assez dense et qu'il vous faudra vous accrocher pour ne pas vous perdre. Cependant une fois la première demi-heure passée, c'est un régal de tous les instants, c'est bien rythmé, l'image est soignée et cela qu'on soit dans la luxueuse maison de Paesa ou dans une chambre de bonne parisienne. On se ballade aussi aux quatre coins du globes, Madrid, Paris, Cambodge, Singapour ou encore le Laos, sur les airs composés par Julio de la Rosa qui signe une bande originale électrisante, qui nous plonge dans les années 90 avec style, charme et élégance. La direction artistique de Pepe Dominguez del Olmo est à saluer, comme le travail de Fernando Garcia aux costumes et celui de Yolanda Pina pour tous ce qui est coiffure et maquillage.

Pour finir le casting est quant à lui vraiment très bon ! Dans le rôle de Luis Roldan on trouve Carlos Santos qui se métamorphose pour rentrer dans la peau du personnage. Mélange d'autorité et de paranoïa, on rentre facilement en empathie avec cet homme qui à fait des choses qu'il ne pouvait assumer, une performance pleine d'intensité récompensée par un Goya. L'acteur José Coronado joue Jesus Camoes, un homme qui se rêve comme son ami, mais qui reste immanquablement parmi les mortels. Il donne à son personnage beaucoup de charme, d'assurance et un brin de naïveté qui sied à sa place dans l'histoire. On retrouve Marta Etura dans le rôle de Nieves Fernández Puerto (La conjointe de Roldan), une femme de caractère qu'elle incarne avec brio et conviction, qui assume sa part dans l'histoire de son mari, quitte à se livrer aux autorités, la ou lui préfère se cacher. L'excellent Eduard Fernandez est magnifique dans le rôle de Francisco Paesa. D'une il se glisse à merveille dans le costume du personnage, c'est un gentleman, il a les manières, la tenue et la prestance pour que l'on est confiance en lui. Ensuite il fait preuve de beaucoup de finesse, de délicatesse et de malice afin de nous amener la ou il le souhaite et mon dieu que ce fut plaisant … 

Alberto Rodriguez réussit avec brio l'après "La Isla Minima" !
Un excellent long-métrage à la forme et au fond maîtrisé de bout en bout.

La Forteresse Cachée



LA FORTERESSE CACHEE
Akira Kurosawa


Les principaux films d'Akira Kurosawa ressortent au cinéma. Les voir à Bordeaux revient à dealer avec le cinéma le plus caractériel de la ville. Il a été impossible de voir tous ceux que l'on nous a conseillés. Mais j'ai pu avoir mon baptême avec celui là.

Dans le Japon du XVIe siècle deux hommes sont en fuite. Ce sont deux paysans qui ont tout vendu pour aller combattre. Ils espéraient revenir couverts d'or et de gloire, mais ils sont arrivés à la fin du combat,ont été fait prisonniers et passent leurs temps à creuser, à fuir, à se faire rattraper, à creuser, à fuir... jusqu'au jour,ou au grès d'une de leur fuite ils découvrent une barre d'or, rencontre un homme mystérieux et inquiétant qui finira par les convaincre de...creuser. Mais cela n'est qu'un début. Car plus qu'un film sur une quête c'est un film sur une odyssée, et même pour certains des personnages un voyage initiatique.

Avant de parler à proprement du film je tiens à vous causer de sa forme et à évacuer sa paternité.
Commençons par l'aveu de George Lucas, il s'est inspiré de cette œuvre pour créer la guerre des étoiles. Effectivement quand on vous le dit, vous n'avez aucun problème à reconnaître les éléments. Mais moi qui ne l'ai su qu’après ça ne m'a pas sauté aux yeux pendant le visionnage. C'est très sensible sur le fond et pas du tout dans la forme. Le découvrir c'est aussi le voir libre de ce préalable sinon c'est courir le risque d’être déçu.
Comme je le précisé en introduction, il est mon premier Akira Kurosawa, et je me refuse à réécrire bêtement ce que j'ai lu ou m'attribuer des expériences que je n'ai pas. Je sais qu'il est particulier car il est beaucoup moins violent que ceux qui le précédent et qu'il est le premier qu'il filma en cinémascope. 
Ce choix lui permet de donner une profondeur à certains moments. Pendant une scène de rébellion avec une centaine de figurants, ce format amplifie cette impression de foule de suffocation, de vague qui emporte tout, même nous en train de regarder. Ou de créer des paysages quasi irréels enveloppant une frontière de nappe de brouillard, la dématérialisant symbolisant son inaccessibilités. La réalisation s'en sert aussi pour mettre en relief les caractéristiques de certains personnages. Les positionnant seul en haut d'une colline, et les filmant en contre plongée, rajoutant à leurs charismes
et nous parlant de leurs rangs sociaux.

La réalisation et sa composition de l'image est un vrai bonheur, d'une princesse endormie nichée au creux d'un arbre à un combat de samouraïs... J'ai eu l'impression, d'avoir à nouveau sept ans. Tout est étudié et rien n'a vieilli.
J'aime beaucoup les noirs et blancs très tranchés avec de forts contrastes. Là le noir et blanc est plus subtile, il est utilisé comme un élément de narration à part entière et moins pour son esthétisme.
les gens qui veulent définir un film par un mot ont beaucoup de mal, je serai bien incapable de le faire. Mais en recherchant les noms des provinces que nos personnages devaient traverser (noms que je n'ai jamais retrouvé),j'ai lu que c'était un film de princesse. Et j'ai eu envie de mordre.

Yukihime qui est la princesse en fuite est le vecteur d'un discours humaniste. C'est elle que l'on suit, c'est elle qui évolue et qui énonce l'idée humaniste qui sous tend tout le film. Elle est un personnage fort, capable de commander et gouverner en temps que seule héritière, la survivante d'un clan. Elle a cette manière de crier, ou plutôt de parler fort dans une expiration. Misa Uehara compose un personnage avec un jeu très actuel. Le plus souvent en jouant avec sa posture, et sans sur-jeu. Je glisserai un mot sur l'autre personnage féminin, celui de la paysanne, courageuse, dévouée. Dans ce film chaque personnage féminin est droit et sans faille. C'est un message auquel je ne m'attendais pas.

Mais celui qui incarne la droiture est le général Rokurota Makabe joué par l'acteur fétiche du réalisateur Toshiro Mifune, tout en droiture et en force, même son rire respire ces caractéristiques. Il incarne aussi le sens du devoir et de l'honneur. Il est le personnage central du film qui est le lien entre tous cesprotagonistes hétéroclites.
Nos deux paysans sont interprétés par Minoru Chiaki (Tahei) et Kamatari Fujiwara (Matashichi)sont là pour amener la légèreté dans le film. C'est toujours de l'humour situationnel ou à base de mimiques. Je n'ai eu aucune sympathie pour eux. Et on est soulagé de ne plus les voir au moment ou finit le film.

Ce film m'a surprise. Je ne sais pas bien ce que j'attendais de lui, peut être une leçon de cinéma qui aurait vieilli, mais ce ne fut pas du tout le cas. Il m'a parlée de moi, de mes valeurs et en a profité pour réveiller l'enfant de sept ans qui aimait les films de samouraïs.

Miss Sloane


Elizabeth Sloane est une femme d’influence brillante et sans scrupules qui opère dans les coulisses de Washington. Face au plus grand défi de sa carrière, elle va redoubler de manigances et manipulations pour atteindre une victoire qui pourrait s’avérer éclatante. Mais les méthodes dont elle use pour parvenir à ses fins menacent à la fois sa carrière et ses proches. Miss Sloane pourrait bien avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille.

Miss Sloane – 8 Mars 2017 – Réalisé par John Madden

Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique est presque autant connu dans le monde que les enseignes McDonald, les Iphones d'Apple ou les tonnes de blockbusters qui déferlent sur nos écrans chaque année. Celui qui vulgairement autorise chaque Américain à posséder une arme à feu. Arguant qu'il s'agit d'un droit fondamental qui ne peut être remis en cause et profitant d'un flou dans sa définition, Il est défendu avec hargne par les conservateurs les plus acharnés, ainsi que par la toute puissante NRA (National Rifle Association).

Et les gouvernements qui ont essayer de lui donner quelques limites se sont casser les dents, dont Barack Obama lors de son second mandat; car au delà de l'opinion et des responsables politiques dur à convaincre, il y a le lobbying de l'industrie des armes qui est tout aussi puissant que particulièrement efficace. C'est de ce point de vue la, de celui de lobbyiste qui se bat pour faire passer une loi sur le contrôle des armes que John Madden articule son film, une femme impitoyable, la téméraire « Miss Sloane »

«Une milice bien organisée, étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.»

Au royaume des lobbyistes, Madeline Elizabeth Sloane en est la reine et Washington son terrain de jeu favoris. Elle n'a peur de rien, ni de personne et elle n'hésite pas à être au limite de la légalité si cela peut lui permettre de gagner la bataille dans laquelle elle s'engage. Considérée comme une arriviste de première, elle étonne son employeur quand elle refuse de mener la campagne d'un lobby pro-armes qui cherche à s'opposer à l'adoption d'une loi qui prévoit d'étendre le contrôle des antécédents psychiatriques des acheteurs à toutes les ventes d'armes à feu. Elle est engagée par la partie adverse pour aider à faire passer cette loi. Et tel un défi personnel, elle mène une bataille contre le lobby des armes que personne d'autre n'a encore gagné …

Avec le recul, ce film m'a déçu! Alors certes « Miss Sloane » m'a diverti et cela malgré l'aspect bavard souvent pointé comme un défaut. De plus l'intrigue n'est pas inintéressante et se placer du coté d'une lobbyiste est assez judicieux; cependant il manque au film de John Madden de la crédibilité et un semblant, un tout petit semblant de personnalité ….

Le scénario du film est écrit par Jonathan Perera. Ce jeune scénariste signe ici son tout premier script, un script qui fut dans la fameuse liste noire des scénarios à Hollywood en 2015 et qui intéressa un temps monsieur Steven Spielberg. L'histoire se concentre sur la lobbyiste « Miss Sloane », une femme qui se consacre uniquement à sa carrière et qui se retrouve à devoir battre l'imbattable, tout en gérant ce que l'on imagine être un lourd passif et certaines addictions contraignantes. Bref rien de bien nouveau à se mettre sous la dent, mais voilà si d'un coté l'intrigue est bien écrite, elle en oublie malgré tout d’être crédible, a cause notamment de son personnage principal bien trop omnipotent pour être tangible. Elle réussit tout ce qu'elle entreprend, elle est plus maligne que quiconque, elle ne se fait jamais prendre à défaut et même ses erreurs n'en sont pas; donc comment ne pas rire quand au dénouement final, à ce tour de passe-passe grandeur nature digne d'un Ocean's Eleven que Frank Underwood n'a jamais réussi …

Et si j'ai nommé ce truculent personnage que Kevin Spacey interprète avec brio, c'est que le film semble plus être un immense « pilote » pour un spin-off de la série « House of Cards » qu'un film qui se suffit à lui même. Vous prenez le lieu de l'action (Washington), le lobbying, les jeux de pouvoirs, les trahisons, le ton ou encore le personnage principal qui est une variante féminine de Underwood et vous y êtes ! C'est tellement flagrant que je n'aurais même pas était choqué si j'avais vu passer Kevin Spacey tant les univers sont proches.

Quant à la réalisation, j'ai vu John Madden beaucoup plus dynamique dans « L'Affaire Rachel Singer » qu'ici ou tout manque de relief. Un peu long, voir laborieux dans sa résolution, seul les scènes de joutes verbales, parfois saignantes ou non, injectent de la vie dans ce long métrage au rythme irrégulier. Cela assure au film son lots de scènes fortes, comme le final ou le débat télévisé. D'un point de vue graphique c'est propre sans être vraiment original malgré le travail soigné de Sebastian Blenkov à la photographie et la direction artistique de Mark Steel.

Ce qui fait vraiment le sel de ce film et son intérêt, c'est le casting qu'a réunit John Madden autour de lui. On trouve des valeurs sures, avec Mark Strong, Michael Stuhlbarg, John Lithgow et Sam Waterston qui incarne avec talent leurs rôles, du patron avenant, au rival pugnace en passant par les anciens qui ne comprennent pas leurs erreurs, ils assurent du début à la fin. Mais ce sont les actrices qui tiennent le haut du pavé, avec Jessica Chastain comme porte étendard qui livre une performance de choix, bien qu'un peu limitée par le personnage qu'elle interprète, ensuite il y a Alison Pill dans le rôle de l'ex assistante de Miss Sloane, discrète mais tenace et efficace. Mais la ou j'ai étais surpris c'est avec Gugu Mbatha-Raw dans le rôle de Esme Manucharian qui s'avère être très forte, talentueuse et surtout touchante, un personnage avec une âme qui contrebalance un peu la froideur de Miss Sloane et qui est à mes yeux la vraie surprise de ce film … 

Oubliable !

Doctor Strange



DOCTOR STRANGE
Scott Derrickson

Il va y avoir un an que j'écris pour des blogs. J'ai eu beaucoup de chance d'écrire sur des films pour lesquels j'avais des choses à dire. Pour la première fois je me retrouve face à un sur lequel je n'ai rien à dire. Et je trouve que c'est assez signifiant

vu qu'on a beaucoup parlé de Doctor Strange je vais vous résumer rapidement le début. Un neuro chirurgien de génie (bien sure), a un accident de voiture (une lamborghini pas moins), se retrouve dans l'incapacité d’opérer (mais qu'elle surprise!), découvre combien il était peu humain dans sa pratique (snif snif), mais va partir au Népal car là bas quelqu'un peu le soigner (of course)
le maître de ce blog dit que ce film a les qualités de ses défauts et ce n'est pas faux !
Le premier point symbolique de ce sentiment est l'histoire.
Comme le pitch vous laisse le percevoir, elle enfonce beaucoup de portes ouvertes. Il n'y a pas vraiment de surprises, on retrouve les poncifs des comics books. Le personnage charismatique mais avec un caractère difficile. Son amoureuse non avouée mais dévouée, intelligente mais moins que lui. Un élément traumatique qui va le pousser à sortir de sa zone de confort, et au final le faire se transcender. On l'a vu vingt cinq fois, décliné différemment, et on commence à connaître le topo.
Cependant il ouvre un univers nouveau, avec un esthétisme différent auquel je suis plus sensible. Les gadgets on y est habitué, mais ici c'est autre chose, ils ont une personnalité, ils sont même source d'une partie de l'humour de ce film. Car l'humour n'est jamais loin. Le film en est émaillé, des petites touches qui le rendent digeste et lui permette de prendre des libertés avec plein de choses.
Ce que j'aime le plus est le code d'honneur du personnage. Et comment il le mixe avec ce qu'il a appris à kamar Taj. Cette volonté d'éviter la mort et de faire du mal, sa réflexion sur ce qu'on lui apprend. C'est assez rafraîchissant.
Les bons points, ce sont les promesses de ce film. Les portes qui s'ouvrent vers une autre ville, ou des univers différents dont on perçoit juste les possibilités... c’est exactement ce qui rend ce film original, et qui nous fera revenir pour le prochain opus. C'est un peu frustrant de ne pas avoir pu explorer plus de ces possibilités, mais la frustration va de paire avec CBM.
Ensuite le gros dossier de ce film ce sont les effets spéciaux. En moyenne il doit y en avoir toutes les cinq minutes. Le spectateur peut frôler l'overdose. Certains sont bien fait et apportent des choses au film parfois ils sont très drôles, et efficaces. Mais d'autres comme le moment sur fond vert sensé se passer sur l’Everest sont vraiment laids.
Puis il y a le cas des univers parallèles qui se déforment . C'est distorsions sont techniquement bien faites, mais il y en a beaucoup et au sens propre ça piquent les yeux. A force de vouloir casser les repères du spectateur, on le perd.
Mais dans l'ensemble malgré l'abus de sf la photographie reste belle et arrive à créer un univers visuel qui est propre à cet opus marvel. Les personnages ne sont pas surprenants dans leurs formes, on peut deviner assez rapidement quel sera l'acolyte d'aujourd'hui qui deviendra l’ennemi de demain, on n'est pas étonné du twist autour de l'ancien.
Mais que ça fait chaud au cœur de voir un homme qui traverse un drame et qui n'est pas en pleine crise métaphysique, qui ne ressemble pas à un ado trop gâté, et qui n'a pas besoin d'une prescription d'anti dépresseur (alléluia). Stephen Strange tient réellement le film. Il tient l'histoire par sa force et sa légèreté. Il est magnifiquement interprété par le jamais décevant Benedict Cumberbatch. Il bouffe l'écran, et incarne avec une aussi grande facilité la douleur que la légèreté. Le personnage de l'Ancien est très complet, Tylda Swinton est magnétique mais à la base, l'ancien est un homme asiatique. C'est une adaptation et je ne comprends pas pourquoi on a changé ce personnage.

Mon bémol va sur la place de Kaecilius (Mads Mikkelsen) qui a le sort des méchants de CBM, sous exploité alors qu'il a un potentiel énorme.

Je n'en ai pas parlé. Je sais bien que ce film est le premier de l’énième phase que Disney a mis en place pour conquérir l'univers des comic book movies, ou peut être pour conquérir le monde tout court. Mais je m'en fiche! Je ne parle que de ce que j'ai ressenti à la vu de ce film. Et c'est plutôt bon, même pour moi qui n'ai pris vraiment du plaisir que devant ant-man. Mais au point de vue narratif, c'est très vide.