Little Buddha


LITTLE BUDDHA
de Bernardo Bertolucci


Les souvenirs des films sont trompeurs, et j'ai souvent peur de revoir ceux que j'ai aimé jeune adulte ou adolescente. Certains survivent mal à mon évolution, et je me trouve encore plus difficile depuis que j'écris sur ce blog. J'avais gardé un souvenir ému de celui-ci et j'avais peur de le revoir. Mais le maître des clés de ce blog, ne l'avait pas vu. Alors on s'est laissé tenté, et j'avoue que la magie a refait son travail. Différemment de la première fois mais elle était toujours là.

Alors qu'il partage son enseignement avec ses jeunes élèves dans un temple au Bhoutan, Lama Norbu apprend que l'on pense avoir trouvé la réincarnation de son maître le Lama Dorje à Seattle. Il s'embarque avec un jeune moine et rejoint un monastère américain et un moine qui a établi le contacte avec la maman de l'enfant. Il se présente dans la magnifique et majestueuse maison dessinée par le père de famille architecte en vogue. Ils se présentent et expliquent aux parents pourquoi ils sont là. Parents qui ne savent pas trop quoi en penser. En partant ils offrent au petitou, Jesse, l'histoire de Siddhartha et de comment il devint Bouddha? A partir de ce moment le film nous raconte le cheminement de Siddhartha et suit Jesse et ses parents pendant la recherche de la réincarnation de Lama Dorje.

Ce film est malin. Je me souviens que la première fois que je l'ai vu je ne connaissais que peu de choses au Bouddhisme et pourtant j'ai toujours été en mesure de comprendre l'histoire. Chaque moment du film est expliqué avec délicatesse et sans jamais être lourd. Lorsque l'on commence, le Lama Norbu explique aux enfants le principe de la réincarnation. Et si c'est une notion familière, on en découvre son origine. Mais plus encore ici c'est la pierre angulaire du scénario. Jesse est-il ou pas la réincarnation de lama Dorje? Et lorsque les moines expliquent pourquoi ils sont là à ses parents, nous les spectateurs y trouvons de la cohérence. Ce qui n'aurait probablement pas été le cas sans la scène qui précède ce passage.
Ce film est beau, mais l'image n'est pas qu'une belle photographie. Elle habille d'un bleu froid tout ce qui se passe à Seattle. Un bleu froid et sombre. Et de couleurs chaudes orange et jaunes tout ce qui touche à l'histoire de Siddhartha. Ce jaune chaud et lumineux. Ces moments s'alternent dans une partition parfaitement équilibrée. Cette succession forme un tableau splendide et complexe, à l'image de ceux des mandalas. Il y a cependant des limites à cet exercice, car si on est attaché au petit Jesse, tous les passages avec ce filtre bleu deviennent rapidement moins intéressants, on développe moins d’empathie avec ces personnages et il nous reste que les actions qui se passent au Bouthan et ceux de la vie de Siddhartha.

Arrêtons nous cinq minutes sur la manière de filmer Siddhartha. Si lorsque vous cherchez des images sur ce film la majorité des occurrences sont des images de ce personnage, ce n'est pas anodin. Ce sont les moments les plus éclatants, lumineux de ce long métrage. Tout ça est du à son traitement. La lumière a son importance, à la fois chaude et éclatante, elle inonde ce film et contraste violemment avec les filtres bleus. les décors et tout ce qui l’entoure, quelques soit le moment du récit sont étudiés pour souligner sa stature et son aura exceptionnelle. L'une des scène avec un cobra alors que lui est totalement immobile en est le plus parfait exemple. Ensuite les choix sur les costumes ont leur importance. Lorsqu'il est un prince ce sont des étoffes et des parures de bijoux sublimes. Les tissus sont riches en couleurs toutes plus chaudes les unes que les autres et l'or scintille autour de son cou, dans ses cheveux, et a ses poignets.. quand il est un ascète cachectique c'est le choix de sa coiffure qui lui donne une allure et son maintien extraordinaire. Quant à la dernière partie, de sa tenue à son visage tout est lumineux. Siddhartha est interprété par un Keanu Reeves, assez méconnaissable, maigre à l’extrême et aux cheveux longs et bouclés. Sa prestation est unique dans sa carrière. Et il joue dans la douceur pendant tout le film, son charisme et son talent le rende pleinement crédible en tant que divinité en devenir


Ce film, en nous plaçant dans les pas de Jesse, nous raconte son histoire; et nous initie aux rudiments du bouddhisme, sans aucun prosélytisme. Et cette notion d'éducation et de transmission est importante ici. La maman est professeur de mathématique, et coincée dans quelque chose d'assez rigide; le moine qui découvre Jesse est professeur de mathématique et d'astronomie car dans cette philosophie l'un ne va pas sans l'autre, les lamas enseignent à des jeunes moines tous assis en tailleur dans une petite pièce. Cette notion de partage est partout, c'est l'image de Lama Norbu qui raconte l'histoire à Jesse. Et ce n'est pas étonnant car c'est Siddhartha qui après être devenu l’éveillé propagera l'enseignent bouddhiste.

La fin se déroule au Bhoutan. Partie du film qui n'a pas besoin de filtres, et s'habille des couleurs magnifiques de Katmandou. Et un parallèle se fait entre l'architecture de Bodnath qui allie l'eau l'air le feu, et le building gigantesque qu'a construit Dean avec son associé et qui ne trouve personne pour vouloir y habiter. Et apparaît le delta entre les deux sociétés, et l'importance de trouver un point d'équilibre, de trouver sa voie du milieu. Cette partie avec un Dean transformé est l'occasion d'aborder différents thème avec douceur bienveillance et légèreté tel que la mort, la volatilité des choses, et l'aptitude que tout un chacun a à évoluer.
Si je vous ai déjà parlé de l'interprétation de Keanu Reeves, le reste du casting est aussi attachant Chris Isaak est le papa de Jesse, le filtre bleu est juste parfaitement de la couleur de ses yeux. Il se départi assez peu de l'expression de visage qui lui est si caractéristique (mi pensive- mi chien battu). Mais il tient bien son rôle, et est crédible. Jesse prend les trais d' alex wiesendanger, une bouille à bisous ce petit, le lama Norbu est interprété par Ruocheng Ying qui est terriblement attachant.

Ce film est riche et beau.il y a une volonté de partage qui fait du bien. J'aime l'idée que touchés par le projet des lamas aient joué dans ce film. Je le regarderai encore dans quelques mois car je sais que je n'ai sûrement pas tout appréhender. Il est autant un voyage qu'une expérience.

L'Associé du Diable


Kevin Lomax, jeune et brillant avocat de Floride, va perdre ses illusions quand un grand cabinet de New York va l'approcher et lui confier des affaires. Le patron, Milton, s'intéresse à lui et lui confie les plus gros dossiers.
L'Associé du Diable – 14 Janvier 1998 - Réalisé par Taylor Hackford

« Le Paradis Perdu » est un poème ! Un poème épique qui revient sur deux choses, deux épisodes de la bible, a savoir la rébellion de Satan, Ange déchu, et le péché originel d'Adam et Ève tentés par le serpent dans le jardin d'Eden. Son auteur ? Le poète et pamphlétaire John Milton. Et Milton, c'est aussi le nom d'un des personnages principal de « l'Associé du diable ».
Je vous laisse deviner lequel …

Kevin Lomax est un petit gars de l'Amérique rurale, bien élevé et profondément catholique. Un passé qui ne l'a jamais empêché de devenir ce qu'il souhaite, un brillant avocat, le meilleur de tout le comté. Rien ne lui échappe et ça quelque soit l'affaire qu'il défend, même si moralement c'est parfois difficile. Alors qu'il fête sa dernière victoire avec sa chérie et les membres du cabinet d'avocats ou il exerce, un homme l'interpelle et lui transmet la proposition du plus grand cabinet d'avocat de New-York. Kevin est à la fois surpris et flatté, lui l'homme ambitieux! Et c'est tout naturellement qu'après en avoir parlé avec sa compagne Marie-Ann, il accepte la proposition et part rencontrer le mystérieux et tout puissant John Milton.

"Better to reign in Hell than serve in Heaven"

C'est au final un film assez décevant, pour ne pas dire mauvais! Si cette peinture de la vanité que nous livre Taylor Hackford à le mérite de voir la société comme elle est de nos jours (avec vingt ans d'avance), cela ne peut cacher et sauver un long-métrage bancal du début à la fin. Pourtant c'est un film qui démarrait bien, avec une ambiguïté et un cynisme savamment dosé, des qualités indispensables pour devenir « L'associé du diable » (Titre qui soit y en passant, vous spoile l'intrigue impunément) !

L'histoire écrite par Jonathan Lemkin et Tony Gilroy est tiré du livre éponyme d'Andrew Neiderman. C'est un récit dans le genre « Rise&Fall », avec un jeune avocat plein d'ambitions, qui grimpe au sommet de la chaîne alimentaire, avant d’être déchu de son piédestal. Dans un premier temps c'est bien amené, le cadre est bien définit et la dichotomie entre la campagne et la ville fonctionne admirablement bien (quoique classique), notre personnage principal est un rookie un peu naïf qui se laisse vite dépasser par ses émotions et surtout ses envies. Et c'est la que plus rien ne fonctionne! Car le reste du récit essaye de montrer qu'un être humain est tenté de faire des choses répréhensibles qui vont contre la morale, une répétition du péché originel à la sauce gratte ciel et costumes 3 pièces. Sauf que ça ne fonctionne pas, car on suit un « avocat », une personne qui est amenée à défendre les accusés comme les victimes et qui de facto se doit de mettre sa morale en « veille ». Donc comment peut on prendre un récit comme celui ci au sérieux, quand la profession de Kevin Lomax l’amène naturellement à être « contre la morale » ?

« Eddie Barzoon, regarde-le bien parce qu'il est la figure emblématique des mille prochaines années. Les gens comme lui, c'est pas par hasard qu'ils existent. On aiguise tellement les appétits humains qu'ils pourraient fissionner n'importe quel atome de leur désir acéré. On bâtit des égos de la taille des cathédrales, et la fibre optique relie l'ensemble du monde à chaque pulsion du plus petit ego. On rend bandant les rêves les plus tartes à force de billets verts, de toc, de plaqué, de paillettes, jusqu'à ce que le dernier des humains se prenne pour un empereur et devienne son propre dieu. »

Cet extrait est issue du monologue de John Milton (Al Pacino) qui digresse avec passion sur l'état du genre humain. Une réflexion assez grinçante et surtout criante de vérité, car elle représente aussi tout ce qui ne va pas dans nos sociétés modernes. Des sociétés dans laquelle on exhorte l'individualisme le plus bête, ou les jeunes doivent « rêver » d'être milliardaire, ou la « start-up » est le nouvel eldorado, ou on idolâtre la première personne qui nous fait croire qu'on a besoin d'une chose dont on n'a pas besoin, ou l'on veut protéger la planète en polluant. Bref un monde magnifique pour les vautours, les rapaces et autre charognards, que l'on ne nommera pas car on les connaît tous, ils sont présidents, grands patrons, animateurs, sportifs, star et starlettes de real tv ou encore hommes et femmes politiques ! Les nouvelles stars d'une société du spectacle qui n'en finit pas de s'autodétruire, cachée sous les oripeaux de la bienséance.

Quant à la réalisation de Taylor Hackford, c'est la sécurité avant tout ! Rien ne sort du lot, c'est plat, sans réelle énergie et surtout affreusement kitsch. Malgré ça, l'histoire se déroule sans accroc, notamment dans sa première partie, la narration est fluide et on apprend à connaître le personnage de Kevin Lomax, sauf qu'une fois que l'intrigue se déplace à New-York, le réalisateur verse dans la grandiloquence à outrance. D'un coté je comprend qu'il faille marquer la différence entre la campagne et la ville, le bon et le mauvais, dieu et le diable, mais c'est tellement caricatural dans sa démarche que ça ne prend pas. Toutes les femmes sont des tentatrices, New-York est la nouvelle Babylone prête à pervertir toute nouvelle âme qui s'immisce en elle, Satan qui fait bouillir de l'eau bénite en trempant son doit dedans …

Un mauvais goût qu'on retrouve dans les décors, le bureau de Milton, les statues derrières son bureau, l'appartement du grand patron accusé de meurtre qui n'est autre l'appartement de Donald Trump dans la Trump Tower; mais paradoxalement le travail du décorateur Bruno Rubeo est bon ! On ne peut pas lui reprocher ce qu'il a construit, c'est juste qu'au final ça ne fonctionne pas à l'écran et que ça participe à l'ambiance caricaturale que le réalisateur entretient tout au long du film. Puis que dire des petites touches horrifiques ? Si ce n'est qu'on ne comprend pas pourquoi elles sont là ! Ça manque clairement d'un vrai travail d'atmosphère, alors qu'il réussit parfois sur des idées toutes simples à nous embarquer dans son univers, comme le fait de rendre de plus en plus sombre les costumes du personnage de K.Reeves par exemple ! C'est tout bête, mais ça marque plus que tout ce que Taylor Hackford s'escrime à nous montrer. Le casting est quant à lui de qualité, Al Pacino, Keanu Reeves, Craig T. Nelson ou encore la toute jeune Charlize Theron. Hélas pour moi, comme pour vous, ils sont très mal dirigés, la palme revient a l'immense Al Pacino qui cabotine comme jamais dedans !

Pour la subversion, on repassera, pour le reste aussi ... 

Johnny Mnemonic


JOHNNY MNEMONIC
de Robert Longo

Une légende urbaine raconte, qu'à Los Angeles la ville de tous les possibles, un scénario a été jeté au bord d'une route. Près de là habitait un homme qui l'a ramassé et l'a lu. Il l'a aimé et a voulu joué dans ce film. C'était le scénario de Johnny Mnémonic et c'était Keanu Reeves.

Johnny Mnémonic, évolue dans une dystopie qui par certains égards ressemble à notre société. Il loue son cerveau pour transporter des données. Il s'est fait transplanter une puce en silicium que l'on charge comme on pourrait charger une carte SD. Il y a un code pour les restituer qu'il ne connaît pas, seuls les destinataires le possèdent. Il ne peut donc pas visionner ce qu'il abrite dans sa mémoire. Un jour il se déplace en Chine ou il est missionné. Bien que le dossier soit trop gros pour ses aptitudes, il accepte de le charger contre une grosse rétribution qui lui permettra d’arrêter ses courses et de se faire opérer pour retrouver une parfaite utilisation de son cerveau. Il a trois jours pour livrer ses données sous peine que son cerveau s'auto détruise. Alors que le code est transféré les Yakuza pénètrent dans la chambre et tuent tout le monde. Seul le coursier peut fuir.
Ce film est un cas d'école de ce que l'on attend d'un film cyberpunk. Ce qui est visible tout de suite est son univers sombre et désespéré. Pas une seule scène ne semble se passer pendant la journée. Les décors intérieurs, même les plus luxueux comme ceux des hôtels sont sombres. Quant aux autres lieux, souvent glauques, comme un bar ou un hôpital, tout est gris, noir il n'y a rien de lumineux dans cette histoire. Les lumières lointaines de la ville ne sont pas du tout réconfortantes ou apaisantes. Le seul endroit ou l'on trouve un peu de réconfort c'est à la lumière des Lo Tecks.
Cet endroit ou les gens vivent sur les déchets de la société qu'ils exploitent, fait d'eux un groupe à mi chemin des populations des bidonvilles, de ZADistes upgradés, et de petits génies en informatique. Ils sont l'incarnation de l'esprit punk.
Oubliez les mohawks, l'un des marqueurs les plus fort de cette culture. Ici c'est Ice T qui interprète leur leader, c'est locks de rigueur et ça s'intègre parfaitement bien à cet univers. Mais l'anarchisme il l'a collé à la peau ou plutôt gravé, avec le A caractéristique tatoué au milieu du front. Ce groupe ne pense pas que la société aura un futur si elle continue à évoluer dans les conditions ou elle le fait. Et ce qui est en train de se passer leur donne raison. Une nouvelle épidémie fait rage, les modifications apportées au corps humain on entraînées cette catastrophe sanitaire.
Leurs costumes sont jubilatoires, j'ai adoré leurs cotés steampunks, les chapeaux, les lunettes, le cuir, les petits gilets; ça accentue le coté rock. Leurs armes surdimensionnées complètent leurs looks. Quant aux autres ils sont aussi divers que variés. Un pécheur vêtu avec une cape qui ressemble à une aube, les tenues rococos des gens du bar, les différentes de Jane tout est un plus à leurs personnalités, une débauche visuelle. Quant aux yakuzas si leurs tenues ne sont pas extraordinaires leurs armes le sont. Par leurs tailles, leurs spécificités, on identifie beaucoup les personnages à elles; c'est super inventif. 
Le seul personnage sans gadget ou tenue affriolante c'est notre Johnny, avec son petit costume noir et sa chemise blanche. Il est seul avec son mal de tète. Mais comme tous les héros cyberpunk, il n'en est pas un. Il est désabusé, cynique, et cupide. Pour de l'argent il a sacrifié une partie bien particulière de ses souvenirs, il se fiche de ce qu'il peut bien transporter, il se moque des répercussions, il a besoin d'argent. Pour lui c'est le nerf de la guerre. C'est Keanu reeves qui interprète cet homme sur le point de mourir pour avoir transporté trop de données. Son rôle est un peu monolithique, et lorsqu'il y est plus humain, ou quand une colère éclate on est étonné, car rien n'est amené. 
Il est l'un des hackers de ce film, élément essentiel de ce genre. Visuellement ces moments sont assez sympa. Je m'attendais à ce que ça ait beaucoup vieilli. Mais c'est bien mieux que ce que je croyais. De plus l'idée d'utiliser des outils de la réalité virtuelle, en les détournant c'est assez sympathique. Le réalisateur est avant tout un artiste, et ses choix visuels sont toujours intéressants. Ça concerne également la pyramide d'écrans, ou l'invité surprise qui peut aider notre héros.
Le personnage féminin est difficile à développer, car elle est fluctuante. Elle est badasse, et capable de tuer sans ciller, puis se transforme en une princesse aux cheveux bouclés et malade. Il y a un vrai problème de scénario autour de ce personnage. Ça va de paire avec celui de Takeshi Kitano, qui n'amène rien à l'histoire, dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants, ni son interprétation du reste.
Ce film est un pamphlet contre une société qui s'ampute de ce qui fait d'elle ce qu'elle est dans le but de créer un profit sur le dos d'être humain qu'elle rend malade sans que l'on ne sache pourquoi?

Film considéré comme un des éléments constitutifs de l'univers cyberpunk à l'égal de Matrix ou Blade Runner. Il n'en a pourtant pas les qualités. Avant tout car il a été remonté par les producteurs pour qu'il soit plus mainstream alors que le scénario a été écrit par l'auteur de la nouvelle adaptée; et avec la vision d'un artiste plasticien qui signait son film unique. Et même si j'aime beaucoup ce film, on sent par moment la discontinuité de l'histoire.

Knock Knock


Un soir d'orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le week-end, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…

Knock Knock – Réalisé par Eli Roth - 23 Septembre 2015

Cette grande aventure qu'est la découverte de la filmographie de Keanu Reeves n'est pas sans danger, certains de ces films sont étranges, voir déroutants ou alors vraiment mauvais. Et ce film là « Knock Knock », au début n'était pas du tout au programme, surtout lorsque le réalisateur se nomme Eli Roth et que son cinéma gore ne me parle absolument pas. Mais la curiosité aidant, on a passé le cap, surtout parce qu'il était vendu comme un thriller et non comme un film sanguinolant.

Evan est un père de famille comme les autres, qui vit dans une belle petite maison cossue ! Avec sa femme, une artiste et ses deux enfants. Un quotidien doré qu'il chérit plus que tout. Lors d'un week-end ou il se retrouve seul, à devoir travailler sur les plans d'un maison qu'on lui a confié, deux jeunes filles viennent taper chez lui. Elles sont seules, perdues et sous la pluie, leurs seuls souhaits ? Pouvoir appeler leur amie, chez qui elles doivent se rendre pour une fête. Evan fait alors une monumentale erreur, il les laisses rentrer chez lui …

Les filles rentrent et à partir de là, ça se barre littéralement en cacahuète ! « Knock Knock » passe du thriller a suspense prometteur, à une intrigue tellement basique que les scénaristes d'Esprits Criminels en rigole encore ! Pourquoi ? Car c'est vulgaire, facile, pas drôle et encore moins subversif, surtout quand part avec une note d'intention qui se veut montrer les dangers des réseaux sociaux.

" ... Les quadragénaires n'ont pas la moindre idée du mal qu'on peut faire sur les réseaux sociaux, car ils n'ont jamais dû se mettre dans cet état d'esprit. De nos jours, les adolescents sont conscients depuis tout petits qu'on peut ruiner la vie de quelqu'un avec une simple photo ou un SMS. Du coup, ils savent parfaitement comment détruire quelqu'un. C'est une faculté qu'un adolescent se doit d'acquérir de nos jours, mais qui est totalement étrangère à l'état d'esprit d'un homme comme Evan …"

C'est louable de vouloir montrer ça, car c'est un vrai problème de société, sauf que quand tu te vautres dans la vulgarité la plus putassière possible, il n'en ressort rien, si ce n'est de transposer à l'écran ses propres fantasmes. A savoir celui de voir arriver chez soi en pleine nuit, deux jeunes filles aux allures de prostitués pour te tenter ! Puis quand on sait que l'une d'elle est la compagne d'Eli Roth, et que la différence d'age à l'écran entre les personnages et sensiblement la même qu'ils ont l'un envers l'autre, c'est assez étrange. Une confusion des genres maladroites qui anéantit toute pertinence. Quant à la réalisation, il n'y a rien de vraiment exceptionnel, c'est propre, plutôt bien éclairé et les acteurs et actrices du film se débrouille bien, sauf qu'au bout d'une heure on a envie d'électrocuter ces deux tentatrices beaucoup trop gentilles pour être honnêtes!

The Gift



THE GIFT
de Sam Raimi

Pour nous répartir les films le maître des clés de ce blog et moi, en général, nous en regardons plusieurs puis nous nous les distribuons. Le plus souvent c'est celui qui a le plus aimé , ou le plus de choses à dire dessus qui prend le titre. Pour intuition de sam raimi on a fait pareil. On l'avait bien aimé tout les deux, et il y a de nombreux films sur lesquels nous avions à écrire. Mais voilà il y a quelques jours qui se sont écoulés et nos sentiments ont décanté. Et si lui au final,il continue a l'aimé énormément; moi clairement moins.

Ce film nous raconte l'histoire d'Annie, maman élevant seule ses trois enfants après la mort dans des circonstances dramatiques de son époux. Pour joindre les deux bouts, elle tire les cartes à ses concitoyens. Elle leur donne des conseils et se retrouve confrontée à leurs problèmes. Mais un jour la fille de l'homme le plus riche de la communauté et fiancée du directeur de l'école disparaît et on lui demande d'aider...

Dans ce film, ce qui me reste le plus ce sont les acteurs et leurs performances assez exceptionnelles. Celui qui emporte tout est Giovanni Ribisi qui interprète Buddy un jeune homme bouffé par son passé. Et c'est une belle prestation, il n'y a pas une de ses apparitions qui ne soit pas formidable. L'affrontement de Buddy avec ses parents ou la confrontation avec Donnie sont des moments marquants de ce film. Le jeu de Giovanni Ribisi, est puissant et quasiment animal. Il vous colle au siège,et vous hypnotise. C'est criant de vérité et bouleversant.
Cate blanchett est Annie. A la fois mère courage et prophétesse, elle fait face avec avec dignité à tout ce qui lui arrive. Les rapports entre elle et ses enfants sont un plus. Les petitoux sont touchants, et lui donne un surplus d'humanité. Elle est lumineuse et son jeu est tout en délicatesse. Et pourtant elle arrive à rendre palpable la force qui lui faut pour avancer. Mais mis en parallèle avec les choix du scénario cette douceur dans les circonstances qu'elle traverse et les choix qu'elle fait, alors qu'elle doit prendre soin de ses enfants font perdre de la cohérence à ce récit.
Keanu Reeves interprète Donnie un «red neck» méchant. Alors soyons clair ici il n'y a que peu voire pas de personnage nuancé. Alors il tape les femmes et trompe son épouse. Ce qui aurait pu suffire pour caractériser un seul homme. Mais non, c'est un abruti fini qui croit qu’Annie est une sorcière, il harcèle les gens, et est même menaçant avec les enfants. Je m'attendais presque à ce qu'il écrase un chaton avec son pick up rouge... mais je vous ai dit que c'était un cliché sur pattes, et donc il conduit un gros pick up rouge. Mais l'acteur arrive à lui donner un coté humain, et à le nuancer voire à donner de l'humanité à son personnage. Il est perpétuellement en colère (ne cherchez pas, vous ne saurez pas pourquoi),mais lors d'un procès il arrive a amené quelque chose et explose son coté monolithique.

Katie Holmes joue la femme qui disparaît, et elle n'est là que pour se balader nue à l'écran et avoir des scènes de sexe. Et quand elle est habillée, elle finit nue. Alors elle est sublime, mais son personnage n'est pas du tout étoffé, elle est juste un prétexte, un prétexte mis à nu. Hillary Swank et Greg Kinnear sont soit sous exploitée pour la première, soit falot pour le second.

Comme vous avez pu le sentir dans cette première partie pour moi le gros bémol est le scénario. Les personnages sont mal écrits, ils sont monolithiques et les choix faits pour eux sont peu cohérents.
Le scénario comme je vous le disais fait prendre des décisions étranges aux personnages. Et du coup la ça lui fait perdre de la crédibilité. Annie qui lance une bombe à buddy, et qui ne comprend pas ce que ça veut dire, alors que nous chers petits spectateurs on comprend très bien; ou qui prend des décisions incohérentes quand on connaît ses visions (et nous les connaissons). Ce film a un petit goût de ceux de kyioshi kurosawa, mais il n'est pas arrivé à me faire paraître comme logique les actions.
Si le thriller n'a eu aucune prise sur moi contrairement au maître des clés de ce blog, c'est que j'ai snipé à un moment clé du film le détail qui «dénonçait» le coupable. Et c'est représentatif des choix fait par la réalisation, d'annoncer à demi mots des choses, qu'on peut ne pas voir comme l'indice que j'ai précédemment cité; ou plus visible par exemple pour le personnage de katie Holmes on nous indique rapidement par une vision ce qui va lui arriver. Tout ça a fait perdre de la puissance à l'histoire chez moi.

Pour le reste c'est joli! les paysages sont beaux, c'est bien filmé, certaines scènes m'ont enchantée (je me souviendrai longtemps de l'intensité de l'échange entre Reeves et Ribisi). Mais je garde le goût aigre-doux des visions d'Annie.

Ce film n'est pas mon préféré. Probablement que je n'ai pas su bien le recevoir car il fourmille de jolies choses j'ai même compris le climax un quart d'heure avant qu'il arrive. Mais il y a cette mère qu'interprète Annie qui aurait mérité d’être plus développée, et un épilogue qui m'a fait pleurer.

Man of Tai Chi


Tiger, un talentueux combattant de Tai Chi, livreur en dehors du ring, se voit offrir des combats excessivement rémunérés par un riche entrepreneur à Hong-Kong. Pour sauver le temple de son maître et faire reconnaître le Tai Chi comme discipline de combat, le jeune Tiger ferme les yeux sur la légalité de ces rencontres et tombe sous le joug de Donaka Mark, son étrange et mystérieux bienfaiteur.
Man of Tai Chi – 30 Avril 2014 - Réalisé par Keanu Reeves

Quand on regarde la filmographie de Keanu Reeves, on s'aperçoit s'en mal que c'est quelqu'un de passionnée, qui à chaque nouveaux projets, s'engage à fond ! Ce qui fait qu'on le retrouve souvent au coté de personnes, avec qui il à déjà jouer. Mais parfois c'est avec certains membre de l'équipe technique comme des cascadeurs, ou un préparateur physique, ce qui est le cas de l'amitié Keanu Reeves/ Tiger Chen ! Tous les deux ce sont rencontrés sur le tournage de Matrix et depuis, ils s'apprécient grandement et ont développé ensemble bien des aspects de ce film, « Man of Tai Chi »

Tiger Chen est un employé comme les autres dans une boite de livraison de Pékin. Il subit la pression d'un travail et les quolibets d'un patron qu'il n'apprécie guère. Mais il peut compter d'un autre coté sur le Tai-Chi qu'il apprend au coté de maître Wang. C'est un élève doué et excessivement travailleur, qui a d'immenses capacités physiques, sauf qu'il n'en maîtrise pas tous les aspects de la discipline, notamment spirituel. Pour parfaire son art il participe à un tournoi et malgré lui, un étrange promoteur de combat le remarque. Donaka Mark qui possède une entreprise de sécurité, voit en Tiger le futur de son petit business. Pour ça, il le convoque à Hong-Kong pour un entretien très particulier, au bout du quel il lui propose contre des espèces sonnantes et trébuchantes d'affronter les meilleurs « guerriers » au monde. Peu à peu, Tiger va devenir un combattant de plus en plus redoutable …

C'est au final un bon petit film d'action à l'ancienne ! Keanu Reeves ne cherche en aucun cas la complexité et mise sur des choses simples, comme le respect des arts martiaux, du tai-chi et des innombrables combats qui ponctuent régulièrement le film.

L'histoire est écrite par Michael G. Cooney et elle se concentre sur le chemin que Tiger Chen emprunte pour arriver à une pleine maîtrise de son Tai chi. Car le film se veut être un plaidoyer pour cet art martial. Une façon de nous montrer que ce n'est pas qu'une pratique de plein air pour personnes âgées, mais bien un art martial complet à tous les niveaux. Que cela soit la force physique ou l'esprit, ce sont ces deux facettes de cet pratique qui sont indissociable l'une de l'autre, deux choses qui forment un tout et que poursuit le personnage principal tout au long du film. C'est dans cette veine la que se situe le cœur du film, l’âme et la passion, coincée entre la modernité qui lui tend les bras et les traditions, fortes et ancestrales que l'on bafoue sans cesse. D’où la nécessité de trouver son équilibre entre les deux. Un point que Tiger atteindra au final.

Parce que d'un autre coté, et je me dois de vous l'avouer, au niveau de l'intrigue pour quelqu'un qui a vu quelques films sur les arts martiaux des années 80/90, il ne trouvera aucune originalité et il ne sera absolument pas surpris ! C'est basique du début à la fin. Mais malgré ça, Keanu Reeves trouve son tempo et raconte son film avec beaucoup d'efficacité et cela même si on connaît à l'avance la ou il veut nous amener. C'est vraiment agréable à suivre, bien rythmé et plutôt riche visuellement. De plus les nombreux combats bénéficient de la science de Yuen Woo-Ping et surtout du talent inouï de Tiger Chen qui se transfigure des qu'il fait parler son art ! Le résultat est alors impeccable, habilement chorégraphié les styles de combattants varient d'une scène à une autre, ce qui apporte de la variation même si c'est parfois un peu trop découper à mon goût.

Le casting est quant à lui plutôt convaincant, même si j'ai eu du mal au début avec l'acteur principal. Tiger Chen au départ ne m'a pas plu, sa coupe, son look et son jeu, tout sonnait faux, mais des qu'on le voit se battre, ce n'est clairement plus le même acteur ! « Tiger » le combattant, le guerrier apparaît et comme cela va crescendo, il est de plus en plus à l'aise et naturel, au point qu'on oublie la personne qui a derrière. Un charisme que je n'aurai jamais soupçonné et qui m'a pleinement convaincu au final. Il y a aussi des seconds rôles qui marquent, comme Karen Mok l'agent de police pugnace, Simon Yam en responsable de la police ou encore Iko Uwais en redoutable combattant. Puis il y a Keanu Reeves qui incarne le méchant du film, un rôle sans surprise mais avec une interprétation convaincante ! 

Un film qui a du cœur !

Exposed


EXPOSED
de Gee Malik Linton a.k.a Declan Dale

Écrire sur ce film, est une expérience autant que de le voir. Il a eu droit à tout: ce long métrage n'a pas de titre définit: Exposed, mais aussi Suspicion ou Daughter of god; à sa sortie il a été vendu pour ce qu'il n'est pas un thriller centré sur un Keanu Reeves, puis son réalisateur qui signait là son premier film à décider de prendre un pseudo; il a été mal reçu et pourtant...
ce film dont je ne savais rien, et un de ceux qui m'a le plus fascinée de cette année. Il livre certains de ses secrets longtemps après son visionnage.

Un dimanche matin, un policier est trouvé poignardé dans le métro. Quelques heures au par avant une jeune fille y était et a vu passer un homme qui lévitait. C'est Scott (le partenaire du policier mort) qui est chargé d’enquêter.

Ce film est trompeur; même les précédentes lignes je ne les trouve pas assez justes. Il y a un univers très cartésien dans ce film. Ce métro vide en pleine nuit, le poste de police qui est celui que l'on voit dans tous les films. Du placement dans la pièce des bureaux, à l'agencement de celui du chef, ou alors la manière dont le supérieur parle avec une bienveillance de façade à Scott. Tout y est, même les sempiternelles couleurs vertes au mur. Un vert que l'on devrait appeler vert des films américains. Tout semble simple et réconfortant. Et par conséquence on anticipe un peu ce qui va se passer comme on le ferait d'une bonne série B.
Le personnage principal qui ne l'est pas vraiment est scott. IL est le "bon flic", et on n'a aucun doute sur ça. mais il semble pouvoir se briser à tout moment. il est malheureux et le meurtre qui doit résoudre, celui de son ami, n'est qu'une embuche de plus sur son chemin de croix.
En face il y a Isabel. Jeune femme qui parle exclusivement espagnol. Enseignante, elle vit avec la famille de son mari qui combat en Irak. La particularité de cette jeune femme est son mysticisme. Elle va de groupes de prières en messes. Et elle a des visions, qu'elle perçoit comme des anges. Les gens qui l’entourent s'interrogent, mais sa conviction les gagnent. La réalisation donne à ses créatures des allures bien particulière et nous le spectateur ne les aurions peut être pas interprétés comme cela. Ces êtres ne parlent pas pendant un long moment du film est du coup, nous sommes tributaires des interprétations d'Isabelle ou de ses peurs.

Ces postulats sont renforcés par plusieurs choses dont le fait que chacun des personnages parle mal, ou ne veut pas parler la langue de l'autre. Ils semblent évoluer dans des univers difficilement perméables aux autres. Il y une vraie création de zones avec des codes et des pratiques différents. C'est le policier qui seul fait le lien entre ces deux mondes. Il n'est jamais à sa place que ce soit dans une partie de la ville ou de l'autre. Ces insertions ne sont jamais sans conséquences et ça devient intéressant. Ça créé un film assez peu bavard, ou l'on échange pas avec n'importe qui. Et pour n'importe quoi.
le sentiment de cloisonnement est accentué par tout ce que l'on ne sait pas. Entre autre pourquoi Isabel ne parle qu'espagnol, pourquoi vit-elle avec sa belle famille, ou qu'est-il arrivé à Scott? À sa femme? Pourquoi cultive t-il sa solitude? Ses relations avec ce coéquipier qui a l'air si différent?Des petites choses qui laisse ce film dans la pénombre. Est-ce un choix de la réalisation ou un choix de studio, je ne saurais pas le dire. Mais ça ne dessert pas l'histoire au contraire.

Ne nous mentons pas ce film brassent de nombreux thèmes, du coup ils sont plus au moins bien développés, mais c'est ambitieux. Il traite des abus policiers et des violences qu'ils commettent. Et cette volonté de cacher ces méfaits presque autant par les coupables que par ceux qui les exécutent.
Il témoigne sur les viols, sur les hommes, sur les femmes, comme sur des enfants, sur l'absence de châtiments des coupables. Et surtout sur le secret qui les entoure.
Isabel prend les trais de la douce et lumineuse Ana De Armas, qui semble si fragile et délicate dans ce film. Spécialement lorsqu'elle est perchée sur des talons aussi fins que ses chevilles. Elle est splendide. Son rôle est compliqué, entre un mysticisme qui est parfois désarmant et une solitude visible à l'écran. Elle emporte notre empathie instantanément. Son jeu est délicat et il me tarde de la revoir dans Blade runner 2049.
Keanu Reeves est un anti héros. Il est l'homme qui n'est pas dans le cadre. Il n'est pas un flic comme les autres. Il semble dans ce film buriné et marqué par la vie. Il porte son rôle avec compassion et délicatesse, et ça lui va bien. Les moments ou il s'énervent nous saisissent toujours.
Mira Sorvino a un petit rôle inutile. C'est pour cela que je m’arrête sur son cas, dans ce film ou chaque personnage amène quelque chose elle apparaît comme un cheveux sur la soupe pour être la milf de service partenaire d'une relation sexuelle pas assumée. J'ai été assez déçue.

Ce film a été envisagé comme un drame surréaliste bilingue à le jonction du Labyrinthe de Pan et Irréversible. Et c'est là que l'on voit que la drogue c'est mal. Le film est tout sauf ça, mais il est intéressant, généreux, et pas facile vous comprenez des choses des heures après avoir vu le film. Et c'est de plus en plus rare, pour moi c'est un atout.
Puis c'est efficace. Moi je n'ai rien vu venir, j'ai compris ce qui motivait l'épilogue du film ou ce qui le motivait que quelques secondes avant que ça soit énoncé. C'est une vraie bonne surprise


Paprika


Dans le futur, un nouveau traitement psychothérapeutique nommé PT a été inventé. Grâce à une machine, le DC Mini, il est possible de rentrer dans les rêves des patients, et de les enregistrer afin de sonder les tréfonds de la pensée et de l'inconscient. Alors que le processus est toujours dans sa phase de test, l'un des prototypes du DC Mini est volé, créant un vent de panique au sein des scientifiques ayant développé cette petite révolution. Dans de mauvaises mains, une telle invention pourrait effectivement avoir des résultats dévastateurs. Le Dr. Atsuko Chiba, collègue de l'inventeur du DC Mini, le Dr. Tokita, décide, sous l'apparence de sa délurée alter-ego Paprika, de s'aventurer dans le monde des rêves pour découvrir qui s'est emparé du DC Mini et pour quelle raison. Elle découvre que l'assistant du Dr. Tokita, Himuro, a disparu...

Paprika – 6 Décembre 2006 – Réalisé par Satoshi Kon


C'est un peu par hasard que j'ai découvert le génie de Satoshi Kon. C'était il y a quelques années avec son premier long métrage d'animation « Perfect Blue », un film qui m'avait laissé perplexe et que je n'ai toujours pas revu depuis. Mais entre temps, j'ai vu au cinéma « Inception », l'excellent film de Christopher Nolan que l'on a accusé de plagier l’œuvre « Paprika », puis quelques mois plus tard il y a eu « Black Swan » de Darren Aronofsky qui a bien des égards c'est fortement inspiré du premier long de S.Kon, a un point tel que l'on a aussi accusé le cinéaste de l'avoir plagié! C'était donc évident que j'avais raté des choses essentielles et que Satoshi Kon à eu place bien particulière dans le monde de l'animation.

Le commissaire Konakawa Toshimi est sur la piste d'un suspect. Son enquête l’amène dans un cirque lors d'une représentation et alors qu'il est sur le point de lui tomber dessus, il se retrouve sans comprendre comment, au centre de la piste ! Interloqués plusieurs personnes lui foncent dessus, des personnes qui ont son visage. Il arrive à s'échapper et se retrouve derrière son mystérieux suspect dans un long couloir et quand il s’apprête à tirer après plusieurs sommations, le sol se dérobe sous ses pieds et le couloir s’effondre sur lui même. Ce qui entraîne le réveil du commissaire qui subissait une consultation de Paprika, qui doit l'aider a solutionner un rêve récurrent qui le tourmente. Paprika n'est autre l'alter-égo du docteur Atsuko Chiba, l'une des co-créatrices du DC Mini avec le docteur Kōsaku Tokita, un appareil qui permet d'explorer les rêves et le subconscient des gens. Une invention que ces créateurs testent régulièrement pour en affiner les réglages, même si son usage à des fins thérapeutique n'est pas autorisé. Hélas trois modèle de DC Mini sont volés; sans sécurité leurs usages peut avoir des effets dévastateurs …

Première chose, Christopher Nolan ne plagie pas Satoshi Kon, les deux films sont tellement différent que ça serait indécent d'affirmer le contraire. Et deuxièmement « Paprika », ce film au nom d'épice est une petit bombe surprenante du début à la fin. Un film d'animation comme on en fait peu, qui ose a peu près tout et qui le réussi avec une réussite insolente. Ou se perdre dans les bras d'un film n'a jamais était aussi vrai !

« Paprika » est l'adaptation d'un roman de Yasutaka Tsutsui, un auteur réputé de science-fiction japonais, connu pour son anticonformisme, son humour noir et la satire dont ses œuvres sont remplies. On y retrouve aussi de la psychanalyse et du surréalisme, des thèmes qui furent le sujet central de sa thèse lors de ses études et qu'on retrouve bien évidemment dans son livre « Paprika ». Des sujets qui sont aussi au cœur de l'histoire et du scénario écrit par Satoshi Kon et Seishi Minakami. Si on prend les divers nœuds de l'intrigue et la motivation du méchant, on est en terrain connu, Une personne puissante veut profiter du DC Mini pour contrôler le monde en fusionnant l'univers des rêves et celui du réel. Ce qui est intéressant et qui interroge sans cesse pendant 90 minutes, c'est la manière avec laquelle c'est raconter !

Satoshi Kon l'a bien compris et il écrit une intrigue qui n'a pas de frontière. On passe du rêve au réel sans se poser la moindre question, on navigue comme « Paprika » avec aisance, ou une action qui débute dans un rêve peu finir dans la réalité et vice versa, ou les songes sont les reflets de la personnalité du personnage à l'écran et ou chaque rêve est une allégorie des divers sentiments qu'il peut ressentir. C'est coloré, onirique et riche ! Un univers idéal pour questionner notre rapport à l'image et plus généralement sur la façon dont on surmonte les difficultés que la vie dresse sur notre chemin.

Et rien de tel que l'animation pour transmettre une telle histoire à l'écran ! Un choix que S.Kon s'empare pour nous offrir un long métrage qui fourmille d'idées, de couleurs, un melting pot de culture transcendé par une parade inter-réalité qui donne le tempo de l'intrigue. L'animation est d'une fluidité a toute épreuve, le dessin est toujours soigné, et ça permet de voir des choses qui ne seraient possibles qu'avec un tas d'effets numériques dans un film classique! En soi la fin du film est le plus beau des exemples, on plonge dans une tv pour ressortir par l'objectif d'une caméra, avant de sauter dans une affiche pour une course de jet-ski. Cela donne un aspect ludique a ces couches successives d'intrigues qui permet de surpasser la relative complexité de l'intrigue. On retrouve la très belle partition de Susumu Hirasawa qui complète l'ambiance que le réalisateur dresse des le début, et l'impeccable direction artistique de Nobutaka Ike. 

Brillante mise en abîme d'une société qui ne fait que rêver ... 

The Lake House


THE LAKE HOUSE
d'Alejandro Agresti

The Lake House ou en français Entre deux rives (car oui comme vous l'avez remarqué le traducteur fou a encore frappé) est un film romantique. Il avait donc tout pour que je ne l'aime pas. Mais ça a été tout le contraire, il m'a séduite et m'a fait passer un moment hors du temps.

2006, kate est médecin et doit intégrer un hôpital à Chicago. Elle est obligée d'abandonner sa magnifique maison au bord d'un lac pour un appartement de standing en pleine ville. Elle laisse une lettre dans la boite aux lettres pour le prochain locataire dans laquelle elle dit son amour pour cet endroit et sa nouvelle adresse. Il glisse sa réponse dans la même «mail box» et commence une relation épistolaire surréaliste.

Si ce film est si touchant c'est que le réalisateur arrive à l'ancrer dans une réalité et même dans un quotidien qui peut être le notre, alors que le postulat que j'essaie de ne pas vous dévoiler est impossible. Ce sont des petites choses que le cinéma asiatique sait si bien faire, que ça ne m'a pas étonnée d'apprendre que ce film est l'adaptation américaine du film coréen "Siworae".
Pour s'enraciner dans une certaine réalité, le scénario fait échanger les personnages par lettres. Et si vous avez vécu une relation épistolaire (même si c'est du chat -bonjour, maître des clés de ce blog-), vous allez vous reconnaître. Si vous êtes restés a entendre devant votre boite à lettres ou si vous avez fixé pendant des heures votre écran, vous allez revivre toutes ses émotions. Jusqu'à sursauter lorsqu'un téléphone sonnera, en vous disant «est-ce que c'est bien lui?». Vous retrouverez ce sentiment extraordinaire d'ouvrir son cœur à quelqu'un que l'on ne touche que par les mots.
Le second point fort du scénario est qu'il arrive a reprendre le schéma de la comédie romantique d'en garder le rythme mais de faire fi des poncifs et des choses redondantes. Le film et sa chronologie étant particuliers, ça nous permet de ne jamais être perdu par la narration tout en étant surpris par ce que l'on nous raconte.

L'urbanisme et l'architecture sont utilisés de manière différentes, ils étayent le discours sur l'amour des protagonistes.
D'abord l'architecture qui a pour avantage de rajouter du concret dans notre scénario qui a toujours besoin de s'ancrer dans une réalité, pour crédibiliser l'histoire et que le spectateur se sente confortable face à elle. Ici elle est aussi un témoignage des sentiments d'un père qui ne sait pas parler à ses fils mais qui leur transmet sa passion pour cet art et tout ce qui l’entoure. Elle est leur point de convergence.
Il y a aussi une visite de Chicago très particulière; le réalisateur arrive à mettre nos pas dans ceux de Kate. On partage une expérience des plus séduisante, vous êtes à deux doigts de tomber amoureux de la personne qui l'a imaginée mais avant tout vous avez envie de visiter cette ville!

Quant à la maison du bord du lac, elle est sublime, avec son arbre planté en son milieu. Elle est irréelle et de fait elle a été construite pour ce film et pourtant elle donne en vie d'y vivre dedans. Et sa «mail box» si elle n'est pas virtuelle, est cependant un peu magique. Cette maison parle d'amour. Celle d'un homme pour son épouse. Il lui invente cette maison féerique mais il l'enferme à l’intérieur et finit par la perdre. L'amour d'un fils pour ses parents qui décide de racheter sa maison d'enfance pour réchauffer ses souvenirs. Ou l'amour d'un homme pour une femme qu'il perd. Il l'améliore pour qu'elle ne se sente pas enfermée. Et plus qu'une perspective pour cette maison de verre, c'est l'incarnation de sa vision de l'amour. Il accepte de la laisser partir si c'est ce qu'elle veut, ou de l'attendre, tant que l'amour pour lui est une considération supérieure il peut prendre le temps qu'il s'installe. Jusque dans sa forme elle est la représentation du sentiments amoureux. Elle a des formes épurées, sa transparence et ses couleurs sont belles et simples, elle est protectrice et elle permet à autre chose de fleurir, et on a tous envie de l'essayer.

Il y a une vraie réflexion dans la manière dont s'est filmé. L'image est légèrement dé saturée. Cela donne à l'histoire un coté doux. Les couleurs sont aussi recherchées, il y a en particulier des jolies palettes de vert et de bleu, tout en délicatesse et non sans rappeler les couleurs du lac. Cette recherche se retrouve même dans les tenues des protagonistes. Les éléments vestimentaires se répondent, comme le bleu roi du gilet avec lequel Alex travaille et la tenue bleue de docteur de Kate. Ou encore l'écharpe si particulaire d'Alex en laine rouge et le manteau de Kate dans la dernière partie du film. Un lien ténu entre les deux.
Le réalisateur joue aussi énormément avec la symétrie. Parfois c'est assumé et il matérialise l'axe de symétrie par une colonne ou un arbre ou un virage; d'autres fois c'est invisible mais c'est quand même là, présent dans notre esprit;un mur de verre. Puis lorsque l'histoire s'emballe il utilise ces mêmes particularités pour diviser l'écran et rajouter des actions à une image. Il arrive à le faire en légèreté pas de split screen moches, juste des images très étudiées. Comme lorsqu'il réduit la taille de l'écran en multipliant les éléments architecturaux, se fondant parfaitement dans le paysage et créant une intimité et faisant naître une magie.

Il y a aussi des manières ambitieuses de filmer ses personnages à certain moment, un face caméra de Sandra Bullock qui ne laisse pas la place pour la moindre faiblesse de l'actrice. Ou la manière dont il filme Alex au début du long métrage, légèrement en hauteur, l'habillant d'un mystère assez opportun.
Ce film doit beaucoup à ses acteurs, mais vraiment beaucoup. Car ils sont deux à tenir la baraque, et si les rôles secondaires sont bien, ils n'apportent pas grand chose à l'histoire. Et nos deux personnages doivent illustrer les mots, puis habiller avec finesse ce qu'il se passe.
Kate est incarnée par Sandra Bullock. Elle est subtile, et joue avec délicatesse un petit coté revêche. Elle arrive a donner corps à l'introspection de son personnage.
Alex est interprété par Keanu Reeves il arrive à le faire paraître super touchant et tout aussi solide. Son jeu irradie l'émotion pendant tout le film.

Ce long métrage m'a touchée, comme rarement un film l'a fait. Il est délicat, fort, et plein de convictions sur l'amour, et la vie. Autant de choses que je n'espérais pas trouver ici. C'est une superbe surprise qui peut être va me donner envie de voir d'autres films romantiques