Volver


Madrid et les quartiers effervescents de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur fortune avec une multitude d'ethnies étrangères.Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites.
Volver – 19 Mai 2006 – Réalisé par Pedro Almodovar

Suite et fin du cycle Almodovar. Bon qu'une chaîne comme Chérie 25 programme des cycles de films est surprenant pour ne pas qu'on les félicite, bon sauf que trois films c'est court. Et ce que l'on retient au final c'est la frustration qu'engendre un cycle qui s’arrête aussi vite, mais j'ai découvert grâce à ça trois films de monsieur Almodovar. Tout d'abord ce fut « Tout sur ma mère », portrait vibrant de femmes; ensuite « Parle avec Elle » ou l'amour fait faire n'importe et surtout le plus dangereux et enfin, celui que j'ai préféré l'intense « Volver » …

Raimunda vit dans les quartiers populaires de Madrid et fait tous ce qu'elle peut pour joindre les deux bouts. Elle a un mari qui travaille Paco et une jeune fille de 14 ans Paula. Un soir après une journée chargée, elle trouve son mari affalée devant un match de foot qui lui dit qu'il à perdu son travail. En colère à cause de sa nonchalance Raimunda part se coucher sans manger. Le lendemain alors qu'elle essaye toute la journée de joindre sa fille, elle la trouve errante à son retour du travail à l’extérieur de la maison pétrifiée de froid par la pluie qui vient de tomber. Raimunda lui demande de s'expliquer et elle ne peut que constater le drame, son mari à essayer de violer Paula et elle s'est défendue, le tuant par accident. Loin de se laisser aller, elle prend les choses en main pour protéger sa fille, elle nettoie consciencieusement le sang au sol et emballe son « ex-mari » avec soin, avant de le transporter dans le restaurant voisin dont elle a les clés, pour le cacher à l’intérieur d'un congélateur. Un engrenage macabre qui va ramener Raimunda dans le passé, sur les traces de ses démons et de sa mère …

« Volver » en plus d’être le titre du film, c'est un verbe en espagnol qui veut dire « revenir » et c'est exactement ce qu'a fait le film avec moi, il m'a fait revenir vers Almodovar, après la découverte du très moyen « Parle avec elle » et de la sacralisation d'un violeur. Ici on se retrouve dans une histoire à la « Tout sur ma mère », ou les souvenirs personnels se mêlent à la fiction la plus formelle, pour un récit plein d'humour, de drame, de tension et de fantastique …

Inspiré pour une grande part de son enfance, Pedro Almodovar conte une histoire touchante qui impacte les femmes d'une même famille sur trois générations, la fille, la mère et la grand-mère. Une intrigue en cascade ou les erreurs des unes se répercutes sur celles des autres, ou les mensonges se succèdent et ou l'on trouve comme fil rouge l'inceste et le viol (+ tentative) dont sont victimes deux des personnages. Un traumatisme qui se répercute visuellement avec la couleur rouge, qu' Almodovar utilise pour habiller certains éléments (vêtement, voiture, bus) qui nous amènent à chaque fois vers cet acte odieux qui a séparé la mère et la fille et qui les hantes chaque jour qui passe. C'est aussi une façon pour Almodovar de nous montrer le courage et le sens du sacrifice qui anime ces femmes face à la vie et leurs tracas, de la résilience de Raimunda qui cache à sa fille l'identité de son père, de sa capacité à surmonter les épreuves, ou encore le dévouement dont sa mère, qu'elle croyait morte fait preuve pour prendre soin d'une tante qui vivait seule dans le village de son enfance.

Une exemplarité qui force l'admiration, surtout face a ce qu'elle subisse, que cela soit les mensonges, la violences, l'inceste ou la mort, elles restent fière et ne laisse pas paraître la douleur qu'elles peuvent ressentir. Une flopée de sentiment qu'Almodovar réussit à illustrer sans que l'on soit submerger, en mixant les genres et en recoupant les faits entre eux pour mieux nous cueillir au final et c'est brillant ! Que cela soit au niveau de l'histoire très juste, mais surtout de la mise en scène qui exploite à merveille les différents lieux, le village c'est le passé, le quartier de Raimunda à Madrid le présent et les différentes aller-retour entre les deux symbolise à merveille la peur des personnages devant le changement qui se trouve devant eux. Un sentiment qui atteint son paroxysme lorsque Penelope Cruz fait un play-back ou l'on entend la voix d'Estrella Morente qui chante la chanson « Volver » et qui pose des mots sur ce qu'elles ressentent toutes, fille comme mère, c'est simple mais tellement beau … Quant au casting, il mérite largement son prix d'interprétation collectif qu'il a eu à Cannes en 2006, car que cela soit Penélope Cruz, Lola Dueñas, Blanca Portillo, Carmen Maura, Yohana Cobo ou Chus Lampreave, elles jouent juste et avec conviction. 

Une vrai merveille


Rogue One : A Star Wars Story


Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.

Rogue One : A Star Wars Story – 14 Décembre 2016 – Réalisé par Gareth Edwards

Lorsque j'ai écrit sur l'épisode 7, j'étais le premier sceptique car « Star Wars » avait fait son temps. Toutefois je l'avoue, j'ai eu tort, mais cela ne m’empêchait pas d’être circonspect devant la volonté de Disney d'exploiter l'univers de Lucas au delà de l'histoire inaugurée il y a plus de quarante ans, car j'avais peur d'une sortie de route un peu violente et de films sans réel intérêt quant à l'enrichissement de la mythologie Star Wars. Parce qu'un « Jar Jar Bings Origin » ou un « Droids Beginning » c'est juste pas possible et bien sur que je grossis le trait, car on est à l'abri de rien. Cependant il semblerait que l'héritage de Lucas soit entre de bonnes mains, n'en déplaisent à certains qui prennent Disney pour l'Antéchrist.

Chronologiquement le film se passe entre l'épisode 3 « La Revanche des Sith » et l'épisode 4 « A New Hope »

Jyn Erso est une enfant née dans un monde chaotique. La république n'est plus et l'Empire à la main mise sur la galaxie. Elle vit cachée avec sa mère et son père, un ancien ingénieur au service de l'ordre impérial sur une lointain planète, passant ainsi pour de simple fermier. Mais on n'échappe pas à l'Empire, car quand le directeur Krennic vient en personne chercher Galen le père pour finir de construire la dernière arme qu'il supervise. Obliger de fuir, Jyn voit sa mère mourir et son père repartir avec Krennic. Elle est alors recueillie par un certain Saw Guerrera qui va la prendre en charge pendant des années, avant de la laisser vivre. Près de quinze ans après avoir une dernière fois vu son père, elle se retrouve sur la route de l'alliance rebelle

qui la sort du convoi cellulaire ou elle se trouvait. Elle se retrouve ainsi sur Yavin IV au près de l'état -major des rebelles, notamment devant Mon Mothma , car elle peut les aider a rentrer en contact avec Saw Guerrera qui à un message de son père qu'un déserteur de l'Empire lui à fait parvenir. Malgré l'accueil peu chaleureux, elle s'attache à accomplir sa mission, mais ce qu'elle apprend sur Jedha est terrifiant, l'arme de l'empire se nomme « L’Étoile de la Mort » qui est capable de détruire des planètes. Il reste malgré tout un espoir, le père de Jyn a caché une faille dans la station qui si elle est attaquée peut entièrement détruire l'arme, mais pour ça, il faut prendre d'assaut une base de l'empire sur la planète Scarif pour voler les plans de l'Etoile de la Mort. Un espoir que Jyn embrasse …
"Poster par Rich Davies"
L'attente ne fut pas celle qui m'a pris pour l'épisode 7, l'excitation ne fut pas du tout la même, mais l'émotion fut au rendez vous et en cela, je considère « Rogue One : A Star Wars Story » comme un film réussi. Un bel en-cas en attendant l'épisode 8 qui se révèle consistant et qui à su dépasser toutes les déplaisantes choses qui se disait sur son dos. De l'annonce de la mise en chantier des spin-off en 2013 au début du tournage de Rogue One à l'été 2015, le film semblait être sur des bons rails. Gareth Edwards le réalisateur de Monster et du contesté «Godzilla » au manette du film, un casting avec une femme en lead et la promesse que cela soit un film de guerre ! Mais en Janvier 2016 on commence à parler de reshoot, puis quelques mois plus tard la presse parle que près de 40 % du film doit être refait.

Mais si cela a pu jeter un froid sur l'attente des uns et des autres, je peux vous le dire en toute honnêteté, le film ne souffre à aucun moment de ça et n'a pas eu droit à un « Suicide Squad Effect »! Alors si vous êtes plus vigilant que moi, vous verrez qu'il y a des plans qui ne sont pas dans le film et qui étaient présents dans les BA, montrant même parfois des scènes qui n'existent plus en tant que telles, mais Gareth Edwards fait fi de ces modifications et arrive à livrer un film cohérent de bout en bout sans que l'on ne s'en aperçoive (Enfin presque), car cela ne change pas en substance les grandes lignes du film, dont celle de voler les plans de l’Étoile Noire.

Quoiqu'on en dise, le scénario du film est limpide et fait la liaison avec l'épisode 4 de la plus jouissive des manières. L'histoire est scindée en deux, dans l'une on découvre le personnage de Jyn Erso, son passé et sa place dans la rébellion, dans l'autre c'est la mise en œuvre d'une action visant à découvrir et à voler les plans de l'étoile noire. Le scénario fait clairement l'impasse sur le récit classique que l'on trouvait dans les films des deux trilogies, le sept y compris et cela donne ainsi un autre éclairage sur les événements qui se passe dans la galaxie. Dans la trilogie originale, on ne s'attarde pas sur les populations civiles, sur les ravages de l'Empire, alors que là avec un point de vue plus simple, plus humain, le film nous fait ressentir les horreurs de la guerre, les villes occupées, les populations oppressée, les crimes de guerres, les ravages du champs de bataille et les rapports humains éphémère qui peuvent se créer. Gareth Edwards évoque alors pêle-mêle des tas de thèmes. Il évoque le père de la bombe atomique, thématique cohérente qu'Edwards évoque à nouveau après « Godzilla » en 2014, le spectre des désastres nucléaires précédents, l'inaction des grandes puissances devant un péril imminent (l'immobilisme de l'ONU face au conflit Syrien), le totalitarisme, il pousse notre questionnement face au terrorisme assez loin pour une production de ce genre (Le personnage de Saw Gerrera) et enfin par le prisme de Jyn, il parle de faire des choix et de ne pas se cacher quelques soit le passé qui t'accompagne …

"Poster par John Hughes"
Un background qui nourrit le récit que nous conte Edwards et qui est le vecteur de l'émotion que l'on peut ressentir, notamment pendant dernier acte dantesque sur la planète Scarif. L'équipe se construit ainsi de façon fonctionnelle et opportuniste, c'est les combats et les causes qui réunissent tous ces personnages à l'écran qui ont en commun de ne pas aimer l'Empire. Et j'imagine qu'en temps de guerre, il n'en faut pas plus pour que des hommes de divers horizon s'unissent pour combattre l'oppresseur. Alors si l'intensité va crescendo, ce n'est pas pour autant exempt de défaut et c'est a peu près les mêmes que l'on avait pour son Godzilla, à savoir un rythme en dents de scie et « les personnages ». Passer l'introduction, le film se traîne et à du mal à trouver son allure de croisière, bloquer par l'envie de poser comme il se doit les fondations de l'intrigue et de proposer « le » grand spectacle que l'on attend. Si bien que pendant la première demi-heure on se demande clairement ou l'on va, de plus la majorité des personnages auraient demandé une écriture plus soignée et un background bien plus développer pour éviter qu'il ne soit pour certain que de simples personnages « faisant fonction » ! Hormis Jyn Erso qui à le mérite d'avoir la chance d’être un tant soi peu développée ou encore Cassian Andor dont on sent la complexité, mais pour le reste des personnages c'est le néant ! Ce qui est dommage, car ils auraient mérité plus que ça, Chirutt Imwe et Baze Malbus est un bon duo, Krennic un méchant d'un autre genre et Saw Gerrera ? Un personnage considéré comme un extrémiste par la rébellion en personne et au final ils sont tous sous exploités …

Toutefois l'ensemble fonctionne à merveille, l'inéluctabilité de la conclusion qu'on sent peu à peu venir, couplé à l'osmose entre les membres du commando font que l'on s'attache malgré tout à eux, car leur cause est fédératrice et juste. Une émotion qui explose dans le dernier tiers, pendant l'une des plus grosses batailles que la saga est connus ou Gareth Edwards rappelle qu'il est un formidable technicien. Le film de guerre que l'on nous promettait gagne alors ces lettres de noblesses avec une démesure qui frôlerai presque l'indécence. Près de quarante minutes qui condense tout le savoir faire de Edwards et des gens qui l'entourent, de la gestion de la caméra portée en passant par ce jeu astucieux entre les échelles qui nous ramènent constamment à notre condition d'humain, jusqu'au travail de Greig Fraser, ce chef op qui a officié sur Zero Dark Thirty et qui nous transporte à nouveau en pleine zone de guerre ; en passant par l'admirable direction artistique qui à su nous amener ailleurs tout en respectant le travail des films précédents. Quant à la bande originale de Michael Giacchino, elle se révèle à la hauteur et possède 2/3 morceaux marquant.

Le casting est dans son ensemble fabuleux malgré une écriture largement perfectible. Bon ça me fait mal, car je voulais croire en Felicity Jones, mais elle ne m'a pas totalement convaincu. C'est certainement du en parti à son personnage, j'ai trouvé qu'elle manquait de nuance et qu'elle surjouée la badass-attitude à mort. Cependant ça marche par moment, on y croit et on à envie de la suivre, d’être a notre tour « un rebelle ». Diego Luna joue le capitaine Cassian Andor. C'est le personnage le plus ambiguë que l'alliance rebelle nous est donnée, soldat avant tout, il sait ce qu'est de se sacrifier pour une cause et cela même si ce n'est pas forcément moral. Tout en retenue Diego Luna casse l'armure de Cassian pour une rédemption salvatrice. Ben Mendelsohn dans le rôle de Krennic déçoit un peu aussi, car ce n'est pas un « vrai » méchant, c'est plus un officier qui perd le contrôle de son monde et qui essaye de faire ce qu'il faut pour le garder intact. Malgré tout l'acteur en impose sa présence à l'écran est indéniable. Un peu comme les excellents Mads Mikkelsen et Forest Whitaker qui n'ont pas besoin de beaucoup d'apparitions pour composer des personnages mémorables, le premier avec Galen Erso et le second avec Saw Gerrera. Mais les bonnes surprises viennent des seconds rôles, du fraîchement rebelle Bodhi Rook joué par le talentueux Riz Ahmed, l'excellent tandem Baze/Chirrut que Jiang Wen et Donnie Yen rendent le plus attachant aux yeux du public et enfin Alan Tudyk qui prête sa voix au cynique mais attachant K-2SO … 

En attendant l'épisode 8, délectez vous du film de guerre Rogue One

Poster par Jeremy Pailler
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Crimes à Oxford


Une vieille dame est assassinée à Oxford. Son corps est découvert par deux hommes qui se rencontrent à ce moment-là pour la première fois : Arthur Seldom, un grand professeur de mathématique et de logique et Martin, un étudiant qui vient d'arriver dans l'université et qui rêve d'étudier avec Seldom. Rapidement d'autres meurtres ont lieu, tous annoncés par des symboles bien singuliers. Martin et le professeur s'associent pour retrouver les pièces du puzzle. Rien ne sera comme il paraît. L'identité du meurtrier sera une réelle surprise et son motif encore plus.
Crimes à Oxford – 26 Mars 2008 – Réalisé par Alex de la Iglesia

Je ne connais pas assez le cinéma de Alex de la Iglesia, car avec « Crimes à Oxford » cela n'est que le troisième film que je découvre de lui. Mais c'est la qu'il est très fort pour moi, parce qu'il m'a séduit des les premières minutes de son impressionnant « Balada Triste » et que cela à continué avec l'hilarant « Les Sorcières de Zugarramurdi » pour tomber avec curiosité sur un « Crimes à Oxford »

Martin est un jeune étudiant américain qui arrive en Angleterre pour étudier à l'université d'Oxford. Il trouve un logement chez l'habitant qui lui loue une chambre. Mais Martin n'a pas choisi cette maison et Oxford pour rien, car il souhaite que le très réputé Arthur Seldom soit son maître de thèse. Sauf que ce vieil homme à bien changé, il est aigri et ne pense qu'a vendre des livres, ce qui ne décourage pas Martin qui tint à le confronter lors de l'une de ses conférences. Très vite le professeur Seldom s'énerve et humilie en public Martin qui le prend très mal. Vexé il décide de prendre ses affaires et de rentrer aux USA, sauf qu'en rentrant chez lui, il retrouve le professeur Seldom qui connaît bien la propriétaire et tous les deux découvrent le cadavre de Julia Eagleton, la logeuse. Un événement bien malheureux qui va pourtant rapprocher les deux hommes, mais ils vont être très vite préoccuper par bien plus important que des querelles d'égos, un tueur en série sème les cadavres dans Oxford …

Au final c'est assez mitigé … « Crimes à Oxford » me donne l'impression d'un mélange indigeste entre Hercule Poirot, Numbers et la folie de Alex de la Iglesia, prometteur mais carrément brouillon. Avec Jorge Guerricaechevarría l'un de ses plus fidèles collaborateurs, ils adaptent le roman de l'écrivain et mathématicien Guillermo Martinez « Crímenes imperceptibles ». L'histoire sur le papier est intéressante jusque dans les problématiques qu'elle soulèvent comme celle de croire que rien n'est du au hasard et que tout n'est qu'équation mathématique, mais l'intrigue souffre à mon sens de deux choses rédhibitoire.

La première c'est que le film brasse énormément de concepts et théories scientifiques comme le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein, les suites logiques (dont la suite de Fibonacci), le principe d'incertitude de Heisenberg, le théorème d'incomplétude de Gödel, le dernier théorème de Fermat et sa preuve par le professeur Wiles d'après la conjecture de Shimura-Taniyama-Weil, qui sont j'en suis certain très intéressant mais qui rendent abscons et complexe une intrigue qui ne l'ai pas. De plus les dialogues entre les deux personnages principaux ou ils parlent de ces différents concepts ont de quoi vous donner la migraine tant c'est incompréhensible pour le commun des mortels.

Ensuite la seconde c'est le style visuel et tout personnel de Alex de la Iglésia qui ne va pas à ce monde là et à cette intrigue là. Je m'explique des le début on sent cette dose d'étrangeté qui sied à merveille à son cinéma, les personnages sont étranges, voir malsain sans que l'on ne sache pourquoi, les couleurs sont jaunies (pas trop) et tranchent avec le cadre rigide d'Oxford. Sauf que là ou on a habituellement des personnages très haut en couleurs et complètement décalqués, ici ce n'est pas le cas. Ils sont intéressant mais plutôt « normal » et ça tombe lamentablement à plat car ce n'est pas cohérent avec ce qu'il veut montrer.

Toutefois je ne peux pas dire que cela soit mal fait ! Si le rythme du film est balbutiant, Alex de la Iglesia nous promène avec élégance dans les ruelles d'Oxford, tournoie autour des interprètes avec fluidité et filme les moments de tensions avec efficacité, nous laissant à chaque fois le soin d'imaginer ce qu'il s'est passait. De plus il peut compter sur une partition éclairée de Roque Banos qui accompagne le film avec soin. Mais là ou je dois reconnaître que de la Iglesia fait fort c'est dans sa façon de diriger John Hurt et Elijah Wood. Tous les deux portent le film sur leurs épaules et livrent par la même occasion un joli numéro de duettiste. L'ancien face au jeune, le cynique face à l'idéaliste, le pragmatique face au rêveur, une opposition de style mémorable ou les deux acteurs se donnent à fond et ou l'on sent que le réalisateur se plaît à mettre en scène leur face à face. 

Oubliable ... 


Zootopie


Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia ! Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque …
Zootopie – 17 Février 2016 – Réalisé par Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush

La satisfaction de l'année 2016 au cinéma, c'est l'animation. Alors bon j'ai fait l'impasse sur « Le Monde de Dory », « Comme des Bêtes » ou encore « Les Trolls », mais je me suis fait énormément plaisir avec trois d'entre eux. L'un est sorti en face du premier spin-off star wars, c'est « La Jeune fille sans mains » réalisé par Sébastien Laudenbach, une revisite des frères Grimm cruelle et poétique ; puis fin novembre c'était au tour de l'excellent « Vaiana : La légende du bout du monde » qui mettait à l'honneur la culture polynésienne, le tout par les réalisateurs d'Aladdin et enfin « Kubo and the two strings » l'admirable conte en stop-motion de Travis Knight. Trois films tous étonnants à leurs manières que j'aurai plaisir à revoir, cependant il en manque un pour être un peu plus exhaustif et c'est « Zootopie » le hit de début d'année du studio Disney. Un film presque unanimement salué qui remet au goût du jour les histoires avec des animaux anthropomorphique …


Judy Hoops est une jeune lapine de neuf ans qui ne rêve que d'une chose « Zootopie ». Cet endroit est la grande ville ou tous peuvent vivre ensemble, proies comme prédateurs. Une envie qu'elle expose lors d'un spectacle à l'école, en même temps qu'elle annonce son souhait de devenir policier. Ces parents qui sont des humbles cultivateurs de carottes espèrent la décourager, mais les convictions sont plus fortes que tout et des qu'elle a pu, elle est rentrée à l'académie de police. Un premier pas dans la vie hésitant, elle n'a pas le même gabarit que tous les autres inscrits, mais avec détermination, ruse et agilité elle finit major de sa promotion et lors de la remise des diplômes, le maire Leodore Lionheart la nomme lieutenant au commissariat central de Zootopie. Judy folle de joie ne quitte pas ses parents sans un léger pincement au cœur et un brin d'angoisse. Malgré ça, la nature enthousiaste de Judy refait vite surface et même si l'accueil qui lui est réservé est glacial, elle s'acquitte de son travail avec sérieux. Sauf qu'elle en veut plus, elle veut mener des enquêtes et être plus utile qu'en dressant des contraventions et c'est par le plus grand des hasards qu'elle acceptent sans l'accord de son chef un dossier sur une disparition. Une enquête qui va la ramener vers un arnaqueur de première, le renard Nick Wilde. Ensemble ce duo atypique va mettre à une énorme machination …

Bref si au final il ne dépassera dans mon cœur « Kubo and the two strings », ce nouveau classique d'animation Disney est vraiment intéressant et surtout d'une grande richesse thématique. Pour mettre cela en œuvre, on trouve aux manettes l'un des co-réalisateurs de « Raiponce » Byron Howard, le réalisateur de « Wreck it Ralph » Rich Moore et enfin Jared Bush qui à travailler sur « Big Hero 6 », sur le scénario de « Moana » et de Zootopie. Si dans un premier temps, le film devait être un film d'espionnage à la James Bond avant de basculer vers le buddy-movie avec un duo ou Nick Wilde aurait été le personnage principal et Hoops son faire-valoir. Mais un an avant ils réalisent que l'intrigue fonctionnerait mieux en inversant les rôles et c'est ainsi que l'on découvre le destin de Judy Hoops dans la magnifique cité de Zootopie. Une décision intelligente qui prend tout son sens vis a vis des thématiques abordées.

Mi policier, mi buddy movie, l'intrigue brasse à merveille les deux genres dont on retrouve les principaux marqueurs. Ceci dit c'est là mon principal reproche que je peux faire au film. Que cela soit au début, ou tout au long du film, on est jamais surpris ou bousculé par ce que l'on suit à l'écran. L'intrigue policière ? Quiconque aura vu plus de deux, trois films de ce genre verra les rebondissements arrivés et la dynamique entre les personnages ne dépaysera pas les habitués du buddy-movie. Si je trouve ça classique et sans surprise, cela ne l’empêche pas d’être bien écrit et au service d'un fond bien plus riche qu'on ne le croit. L'intrigue est à mon sens secondaire, car le but final n'est pas de savoir qui à fait quoi mais bien de décrire d'une façon systémique une société idéale. C'est la que le film se révèle intéressant et profondément actuel. On est loin de l'utopie comme son nom l'indique, mais plus dans une photographie des cités modernes actuelles, avec leurs qualités et leurs défauts.

On rentre ainsi dans le fameux « vivre ensemble » que les politiques tendent comme une expression magique pour que les gens de différentes communautés vivent en bonne intelligence, mais quand la société perpétue les stéréotypes, le racisme, le sexisme, l'islamophobie, l’antisémitisme, l'homophobie, la transphobie, l'inégalité entre les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres, il ne peut y avoir de société apaisé et juste. Un des points du film rappelle d'ailleurs le traitement médiatique et politique post 13 novembre 2015 en France; [SPOILER] Judy qui a découvert pourquoi des prédateurs disparaissaient, stigmatise auprès des journalistes et cela bien malgré elle tous les prédateurs, ce qui engendra moult tensions et amalgames nauséabond [FIN SPOILER]; un parallèle frappant que l'on a pu constater régulièrement et qui montre les mécanismes de nos sociétés contemporaines, basé uniquement sur la peur. Constat pessimiste mais vrai, ou Judy est un vecteur d'espoir que l'on aimerait tous voir fleurir …

Quant à la réalisation, elle s'adapte à l'intrigue avec beaucoup de finesse et fait également des prouesses en termes d'animations. Car qui dit animaux anthropomorphique, dit poils, fourrures et tout ce qui va avec. Et Disney à du se mettre au niveau, crée de nouveaux outils. Une mue qui au vu du rendu final est on ne peut plus réussi, de Nick Wilde à Judy Hoops, du maire Lionheart à son assistante la brebis, le rendu est d'une grande qualité et cela peut importe ce que font les personnages, qu'ils courent, sautent, ou discutent simplement. C'est dynamique, plein d'imagination et cela sait aussi gérer les temps morts à merveille. Une qualité obligatoire pour mettre en image et faire exister un monde aussi vaste que « Zootopie », d'un coté la vaste métropole avec son jeu d'échelle ou le petit côtoie l'infiniment grand, jusqu'au quartier limitrophe qui reprennent les caractéristiques climatiques dont ont besoin certaines espèces comme les panthères ou les ours polaires pour vivre. C'est lumineux, coloré et avec pleins de clins d’œils aux œuvres de Disney, mais aussi à des œuvres de la pop-culture, comme Breaking Bad par exemple.

Meme si l'intrigue policière est convenue et que l'aspect buddy-movie est sans surprise, ça reste un film d'animation ambitieux. Et c'est avec Moana l'un des Disney les plus réussis que j'ai du voir depuis bien longtemps.

The Witch


1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
The Witch – 15 Juin 2016 – Réalisé par Robert Eggers

Le cinéma d'horreur ce n'est clairement pas mon truc ! Cependant il m'arrive d'apprécier certains sous-genres comme le film de zombies, ou de fantômes, mais c'est assez rare. Surtout que les films qui sortent du lot et qui proposent autre choses que du classique, cela ne court pas les salles de cinémas. C'est donc assez intrigué par « The Witch » qui semble sortir du tout venant tout en séduisant la critique, une donnée rare dans le cinéma d'horreur contemporain qui mérite d’être souligner. De plus c'est aussi le premier film de Robert Eggers …

Soixante ans avant le procès des sorcières de Salem en 1692, des communautés de colons protestants vivaient dans la même région. Un jour la famille de William et Katherine est bannie simplement du village ou ils vivaient car leurs pratiques religieuses n'étaient pas conformes au diktat du village. C'est ainsi que l'ensemble de la famille part avec ceux qu'elle peut pour s'installer en lisière de la foret. Isoler du reste de la communauté, ils vivent une vie pieuse et conformes à leurs croyances. Un jour tout bascule, Thomasin qui surveillait le dernier né de la famille perd un instant de l’œil le bébé et il disparaît. La famille très croyante croit être victime d'esprit malin, mais le père ne s'en laisse pas compter et par chercher l'enfant, qu'il ne trouvera pas. Le début d'une succession d’événements ou se succèdent superstition, paranoïa et drame familial.

Au final, c'est vraiment un bon film et une grande réussite pour Robert Eggers, qui ne se trompe à aucun moment ! Inspiré en partie par la première chasse aux sorcières située 60 ans avant les événements de 1692 à Salem, il tisse une histoire au frontière de la fiction et du documentaire. Car c'est bien là, le point fort de « The Witch », c'est l'ambiance que tient à créer Eggers en privilégiant l'immersion massive des acteurs et des spectateurs dans quelques choses d'anti-spectaculaires au possible. Le tournage c'est tenu loin de toute civilisation, pas de téléphone, ni de wifi sur le plateau; les décors ont été reconstitués en dur et tout le film a été filmé en lumière naturelle. Une belle performance que l'on doit a Jarin Blaschke qui donne un cachet à l'ensemble d'une beauté lugubre à couper le souffle et malgré le ton monochrome des scènes, cela ne manque jamais de contraste, ni de lisibilité.

Le réalisateur quant à lui fédère toutes ses forces autour de lui, pour mettre en scène avec assurance un film qui prend le temps. Le temps de poser son cadre, ses personnages et de laisser la foret étendre son inquiétude sur nous. Ça parle de religion, de féminisme, d'intégrisme ou encore d'une société patriarcale qui ostracise les femmes. Le film ne nous épargne pas avec la symbolique, efficace bien qu''un peu lourde pour ensuite utiliser le hors-champ avec intelligence et stimuler le meilleur allié du spectateur l'imagination. Est ce qu'il y a une sorcière dans la foret ? Est ce que l'enfant à vraiment disparu ? Ou encore est ce que le bouc noir « Black Philippe » est l'incarnation du diable ? Un cinéma de détail qui interroge sans cesse ou Eggers nous laisse face au doute qui nous étreint au fur et a mesure que l'intrigue avance, jusqu'au final en totale rupture de rythme avec le reste du film, à la fois empreint de folie, de drame et d'un mysticisme terrifiant d'effroi …

Quant au casting, il est impeccable ! Anya Taylor-Joy qui était il y a encore peu une inconnue se révèle ici aux yeux du monde. Cette jeune actrice irradie de sa présence tout le film et l'innocence qu'elle dégage contraste avec l'ambiance du film qui attire les personnages dans les ténèbres. Une performance de grande qualité qui électrise l'écran et qui porte littéralement le film sur ses épaules. On a ensuite « la gueule » Ralph Ineson, que l'on a pu voir dans Game of Thrones (Encore un!) qui joue le rôle du père avec conviction et sincérité. Un investissement qui se ressent et qui crédibilise son personnage. La mère vient aussi de Game of thrones et se nomme Kate Dickie. L'actrice se glisse dans les pas de cette mère croyante et discrète qui glisse vers la folie. On trouve aussi Harvey Scrimshaw, Ellie Grainger, Lucas Dawson, un lièvre et plusieurs boucs … 

Brillant exercice de funambule qu'Eggers réussi à merveille.

"The Witch by Vance Kelly" 

Parle avec elle


Benigno, un jeune infirmier, et Marco, un écrivain d'une quarantaine d'années, se rendent, chacun de son côté, à un spectacle de Pina Bausch, Café Müller. Ils sont assis l'un à côté de l'autre. La pièce est si émouvante que Marco éclate en sanglots. Apercevant les larmes de son voisin, Benigno aimerait lui faire part de son émotion, mais il n'ose pas. Quelques mois plus tard, les deux hommes se retrouvent dans d'autres circonstances, à la clinique El Bosque, où travaille Benigno. Lydia, la petite amie de Marco, torero professionnel, est plongée dans un profond coma suite à un accident survenu lors d'une corrida. Benigno, quant à lui, est au chevet d'Alicia, une jeune danseuse également dans le coma. Lorsque Marco passe à côté de la chambre d'Alicia, Benigno, sans hésiter, s'approche de lui. C'est le début d'une grande amitié quelque peu mouvementée.
Parle avec elle – 10 Avril 2002 - Réalisé par Pedro Almodovar

La suite du petit cycle Almodovar de Chérie 25 continue avec « Parle avec Elle ». C'est le film qui succède à « Tout sur ma mère » trois ans après celui-ci et qui a la lourde de tache de faire aussi bien et au moins tout être aussi attachant que ce groupe de femmes exceptionnelles. Trois ans après il semble être la réponse masculine à celui ci, une réponse à la sauce Almodovar, ce qui ne peut être qu'étrangement énergique …

Benigno et Marco sont deux hommes parmi des milliers en Espagne. Ils n'ont pas le même travail, ni le même parcours et pourtant le destin va les réunir. Tout commencera au détour d'un spectacle de Pina Bausch, une représentation de Café Muller ou ils se trouvent cote à cote et ou Bénigno observera un Marco pris par l'émotion. Plusieurs mois après ce spectacle, les voilà face à face dans une chambre de la clinique ou travaille Benigno. Marco viens voir sa chérie, la toréador Lydia victime d'un taureau lors de sa dernière corrida. Légèrement désemparé, il va trouver le soutien de son nouvel ami, l'aide soignant Benigno. Chacun à leur manière ils vont nourrir l'autre, le rendre plus ouvert ou lui remettre les pieds sur terre, bref une amitié hors du commun que la solitude, l'amour et la folie vont mettre à rude épreuve.

Des le premier spot tv sur la chaîne, je savais que le film n'allez pas autant me plaire que le précédent et cela n'a pas loupé. « Parle avec Elle » est un mélodrame potentiellement puissant, mais qui n'a à mon sens pas cette générosité qui caractérisait son prédécesseur. L'histoire qui est écrite par Pedro Almodovar en personne, décline une structure narrative proche de « Tout sur ma mère » fait de nombreuses ellipses temporelles et de personnages qui se rejoignent après un drame qui marque l'un d'eux. Mais les comparaisons s’arrêtent là, les deux personnages que sont Marco et Benigno interagissent plus d'une fois ensemble, sauf qu'ils ont tout autant leur moment à eux ou on les découvre tel qu'ils sont ! Des personnes en mal d'amour qui n'assume clairement pas vis à vis de la société et qui s'enferme dans des comportements obsessionnels particulièrement malsains que la solitude alimente sans cesse. Un mal-être dont se sert le réalisateur pour alimenter son récit et nous entraîner avec lui dans cette amitié masculine touchante.

Un récit qui manque parfois de tenu et d’intérêt, toutefois il faut bien reconnaître que la réalisation d'Almodovar est une fois de plus à la hauteur ! Cela ne manque pas de mouvement ni de fluidité, de plus on sent aisément cette volonté d'inscrire ce film dans la continuité du précédent, car on retrouve les mêmes personnes aux décors, au montage et à la direction artistique. Une cohérence qui montre tout l'investissement du réalisateur dans son projet. Seul bémol que je relève en plus d'un certain manque de rythme ? Un personnage ! Benigno et son traitement à l'écran.

[SPOILER] Benigno au début un personnage hautement attachant. Un peu simplet, il passe pour un aide soignant un poil zélé mais entièrement dévoué à son métier. Sauf qu'au fur et à mesure se dessine le comportement d'une personne malsaine qui harcèle peu à peu une danseuse (Alicia) dont il est tombé amoureux. Un amour non réciproque qu'il alimente contre le désir de la personne concernée en s’immisçant de plus en plus dans son intimité, mais comme il à l'air inoffensif, la victime ne se méfie pas. Lorsque elle a un accident de voiture, Benigno s'occupe d'elle à la clinique, le Graal pour lui car il ne peut pas être plus proche. Sauf qu'il va plus loin et il profite de son état (coma) pour la violer ! Et c'est là que pour moi c'est trop, car Pedro Almodovar ne prend jamais acte de ce qu'il a fait, il ne condamne jamais, il n'a que faire de la victime et même si Benigno est en prison, il n'est montre que comme la victime qu'il croit être et personnellement cela m'insupporte. [FIN DES SPOILERS]

Un fait qui annule pour moi tout ce que le réalisateur raconte depuis le début, car si la fin est poignante, je ne peux m'enlever de la tête ce qu'il a montrer ! Quant au casting, il est bon ! Dans les deux rôles principaux on trouve deux acteurs de talents. Pour celui de Benigno, on à l'impeccable Javier Camara qui campe avec sensibilité, subtilité et sincérité un personnage aux multiples facettes. Une interprétation pleine d'énergie et de contraste à l'image des actes de Benigno. Puis il y a Dario Grandinetti qui interprète Marco le journaliste. Aussi perdu que Benigno est dans les nuages, il fend l'armure et livre une performance à mille lieux de ce que son physique renvoie, Une performance pleine de contraste ou ressort une sensibilité à fleur de peau. On trouve aussi à leur coté Leonor Watling, Rosario Flores ou encore Lola Duenas … 

C'était presque bien ...

Vaiana, la légende du bout du monde


Il y a 3 000 ans, les plus grands marins du monde voyagèrent dans le vaste océan Pacifique, à la découverte des innombrables îles de l'Océanie. Mais pendant le millénaire qui suivit, ils cessèrent de voyager. Et personne ne sait pourquoi... Vaiana, la légende du bout du monde raconte l'aventure d'une jeune fille téméraire qui se lance dans un voyage audacieux pour accomplir la quête inachevée de ses ancêtres et sauver son peuple. Au cours de sa traversée du vaste océan, Vaiana va rencontrer Maui, un demi-dieu. Ensemble, ils vont accomplir un voyage épique riche d'action, de rencontres et d'épreuves... En accomplissant la quête inaboutie de ses ancêtres, Vaiana va découvrir la seule chose qu'elle a toujours cherchée : elle-même.
Vaiana, la légende du bout du monde – 30 Novembre 2016 – Réalisé par John Musker et Ron Clements

Depuis que j'apprécie et que je suis le rugby, je suis tombé en admiration devant les équipes de l'hémisphère sud et notamment celles de Polynésie ce sont les équipes nationales de rugby de la Nouvelle-Zélande, les Samoa, les Tonga et les Fidji. Grace à cela j'ai découvert avant toute chose, le fameux Haka, son importance et sa signification, ainsi que la part de spiritualité immense que ça implique. Et lorsque Disney dans une des innombrables messes dont ils ont le secret on annonce la sortie de Moana, j'en étais ravi . La culture polynésienne allez être à l'honneur une fois de plus chez disney et surtout cela donnait à Dwayne Johnson un rôle en or, celui de « Maui »

Le film commence dans une île au milieu du pacifique dans une tribu d'insulaire. Tala la mère du grand chef de la tribu conte les aventures et exploits du demi-dieu « Maui » aux enfants du village. Et Tala fait vivre cela avec passion, quitte a leur faire peur. Seul la jeune Vaiana pleine d'envie et d'admiration reste stoïque devant les gesticulations de sa grand-mère, car malgré son jeune age, l'océan l'intrigue et l'appelle … Hélas son père ne voit pas ça d'un bon œil et il préfère lui rappeler ses futurs devoirs en tant que fille du chef de la tribu. Mais tout ça va voler en éclat quand la nourriture commence à se faire rare sur l’île et dans les eaux qui la bordent, car la seule solution est de retrouver Maui pour qu'il remette le cœur Te Fiti à sa place et rendre enfin la vie à un archipel qui dépérit. Pour ça Vaiana va embraser les traditions éteintes de ses ancêtres et franchir les limites de son île pour partir à la recherche de son cœur …

Enfin, alors que l'année 2016 touche à sa fin, j'ai vu un film qui ne m'a pas déçu et c'est Disney qui me l'offre. Si je dis cela, ce n'est pas pour dire que seul « Vaiana » m'a plu mais qu'il est le seul film à ne pas avoir déçu mes attentes à contrario d'un grand nombre de films cette année. Une réussite qui confirme aussi la vitalité d'un cinéma d'animation qui ne cesse de surprendre tant par la ou les techniques employées que pour les sujets abordés. C'est ainsi qu'après « Lilo et Stitch » en 2002, on redécouvre la Polynésie et une part de ses traditions par le duo Ron Clements/ John Musker qui signe avec « Vaiana » leurs 7 ème « Classiques d'animation Disney ».

Le scénario du film est passé entre de nombreuses mains, de Taika Waititi à Jared Bush au final que l'on retrouve après son travail sur Zootopie en début d'année. C'est un savant mélange entre le récit initiatique classique, la fable écologique et le récit mythologique avec le savoir faire du duo Clements/Musker. Car c'est peut être le seul point faible du film. Le scénario qui est en apparence peu complexe et sans surprise décevra une partie des gens, mais comme tout bon artiste, les réalisateurs connaissent leurs partitions sur le bout des doigts et livre un modèle de récit équilibré à tous les niveaux qui respecte en tout point les principes du monomythe de Joseph Campbell. L'héroine Vaiana est irrémédiablement attirée par l'océan, une aventure qu'elle ne tente pas de tout de suite car sa tribu à besoin d'elle, mais son mentor (La grand-mère) la pousse à y aller. Son décès est l'acte déclencheur à son voyage durant lequel elle subira des épreuves, dépassera son statut initial et trouvera un allié de poids, le demi-dieu Maui, jusqu'à la résolution de sa quête. C'est classique, je le conçois, mais c'est aussi clair, limpide et extrêmement bien exécute et raconté. La spécificité venant alors de la touche mythologique et culturelle que le film ajoute au récit.

Maui le personnage doublé par Dwayne Johnson en version originale est l'une des légendes les plus connues dans la mythologie polynésienne, histoire qui se transmet traditionnellement de façon orale. On le retrouve dans bons nombres d’îles, que cela soit en Polynésie, Micronésie ou encore Mélanésie. Parfois le nom diffère, ou le rôle, mais il a toujours sa place quoi qu'il arrive dans les récits oraux de ces cultures. Celui qui s'en rapproche le plus ici, c'est le Maui décrit dans la culture Maori. Il a était abandonné par sa mère, il a un hameçon, il donne le feu aux hommes et permet un équilibrage du cycle de jour et nuit en capturant le soleil. Et on retrouve ça dans le film grâce aux tatouages de Maui, qui soit y en passant est un art important dans la culture maori, De plus ils complètent de manière détournés la mythologie du personnage en réécrivant « sa mort ».

Il essaye de dérober l'immortalité à Hine-nui-te-po (la déesse de la Nuit et de l'Au-delà ) pour l'offrir aux hommes, mais la déesse s'en aperçoit et le tue. Dans le film de Musker/Clements, la quête est similaire pour lui, il veut dérober le cœur de Te-fiti pour offrir « la création » aux hommes, pour être apprécier mais aussi pour qu'ils puissent faire ce qu'ils désirent, créer à l'infini, car qui dit création, dit donner la vie et accéder ainsi à une forme d'immortalité. Mais cela sera aussi le nœud du problème, parce qu'il bouleversera l'ordre établi et l'équilibre dans le monde.

Le duo Musker/Clements récite leurs gammes avec une aisance qui frôle l'insolence. Si le scénario est certes classiques, la culture polynésienne insuffle ce qu'il faut de nouveauté et de mysticisme pour nous emporter avec eux. Du début à la fin c'est un sans faute en termes de rythmes, de découpages et de montages ou l'on a le tend d'apprécier à leurs justes valeurs les différents personnages (Maui, Vaiana), les péripéties qui les touchent et qui rendent hommage au cinéma, notamment lors de l'assaut des Kakamoras qui dans un élan mad-max fury roadesque livre une excellent scène d'action, qu'un clin d'oeil amoureux à l’œuvre de Miller. L'animation est au top de ce que l'on connaît chez Disney, c'est généreux, fluide et vraiment très beau. Le rendu incroyable est par instant proche du photo-réalisme, tant dans la modélisation de l'eau que des divers paysages qui entourent les protagonistes. La direction artistique et les choix en termes de chara-design sont réussis et totalement assumée. Tout comme le doublage du film qui donne tout le caractère nécessaire aux divers personnages, avec comme figure de proue Auli'i Cravalho et Dwayne Johnson.

A ça il faut ajouter les nombreuses chansons écrites pour le film qui vu les réalisateurs nous rappellent sans forcer leurs plus belles heures. On doit cela à trois personnes, à Mark Mancina, à Opetaia Foa'i du groupe néo-zélandais « Te Vaka » et au populaire Lin Manuel-Miranda, créateur du fameux spectacle de Broadway « Hamilton ». Un regroupement de talent qui fait mouche et qui habille par des belles mélodies l'ensemble du film et les péripéties des personnages. Subtil mélange de chanson en langue anglaise et en langue tokelau (langue polynésienne) pour un résultat des plus dépaysant. Ils n'en oublient pas cependant de marquer les esprits avec quelques morceaux emblématiques comme « You're Welcome » chanté par Dwayne Johnson, « Shiny » écrit et interpréter par Jemaine Clement ou encore « How Far I'll Go » interpréter par Auli'i Cravalho. Une bande originale excellente qui est un véritable plus pour le film.

Si au final le message du film est simple dans le sens ou il ne faut pas renier ce que l'on est au fond de nous, il s'accompagne à mon humble avis d'un sous-texte écologique puissant et de circonstance. Maui en volant le cœur de Te-fiti pour le donner aux hommes, pille en réalité les ressources essentielles pour que les habitants et la terre puisse vivre et se développer. Petit à petit les ressources se tarissent, les cultures pourrissent, les poissons ne sont plus la, bref une façon imagée de voir le réchauffement climatique, ce qui est d'autant plus frappant que ce sont les habitants des îles du pacifique et d'ailleurs qui sont les premières victimes de ça. Mais voilà, la fatalité n'est pas une solution pour les auteurs du film, qui croient que l'on peut encore changer, que l'on peut sauver cette bonne vieille terre et que cela nous appartient à nous de faire les bons choix. Et si pour certain la fin paraît mièvre au possible, elle est un beau message d'espoir …

Un soupçon de mythologie, de poésie et d'aventure pour une quête enivrante 
"YOU'RE WELCOME"

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Green Room


Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents. Alors qu’ils retournent en backstage après leur set, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés à éliminer tout témoin gênant…
Green Room – 27 Avril 2016 – Réalisé par Jérémy Saulnier

J'ai découvert le cinéaste Jérémy Saulnier lors du festival international du film indépendant de Bordeaux en 2014 avec son second long-métrage « Blue Ruin ». Un film de vengeance mou du genou et au final bien trop consensuel pour convaincre, mais le réalisateur avait quand même su me séduire sur certains points, notamment grâce à sa réalisation et à un sens de l'esthétique particulièrement aiguisé. C'est ainsi que je me suis lancé dans le visionnage de « Green Room », avec le folle espoir d'enfin apprécier son travail …

The Ain't Rights est un groupe de punk rock qui est sur le retour après une tournée globalement mauvaise. Ils acceptent un dernier concert au fin fond de l'Amérique profonde, dans l'Oregon. Un club tenu par des skinheads à la l'agressivité latente qui ont le verbe haut et la menace facile. Alors qu'ils sont sur scène et que l'ambiance est électrique, une personne se fait tuer en loge. Une surprise dont le groupe se passerait lors de leur retour en backstage. Très vite tout ça dégénère en une bataille rangée sanglante. Le groupe est tenu à l'écart sur les lieux du crime, pendant que le patron met ces troupes en ordre de bataille, car hors de question qu'il y est un seul témoin. Alors que le groupe ne souhaite que voir la police pour signaler le meurtre, le patron du club quant à lui ne désire que les voir morts, déclenchant une réaction en chaîne des plus désastreuse …

Après l'horreur et le revenge-movie, Jérémy Saulnier revient avec une troisième revisite, celui du survival ! Si je n'ai pas vu son premier film, on retrouve se cadre de l’Amérique rurale que l'on peut voir dans « Blue Ruin » et cet amour assez viscéral des gens en marge de la société. De ce point de vue la, on peut dire qu'il continue d'explorer les mêmes thématiques et surtout qu'il y a de la cohérence d'une œuvre à l'autre. Bref si de ce coté là, on ne peut pas lui enlever les intentions, de l'autre, Saulnier écrit une intrigue qui ne sort pas des sentiers battus et qui se révèle extrêmement pauvre en surprise. Du début à la fin, c'est laborieux et que cela soit lors de la mise en place qui n'en finit ou des que le groupe se trouve coincer dans la boite des skin-head, c'est plat. Là ou on s'attend à ce que le réalisateur joue avec l'espace, avec la sensation d’étouffement, à créer une ambiance d'effroi, il ne marche que par accoue, le groupe sort de la pièce/ un mort, le groupe rentre à nouveau dans la pièce, le groupe sort de la pièce à nouveau/ un mort ….

C'est mal rythmé, monté et c'est d'un point de vue esthétique assez moche, qui parachève un film au final sans saveur que l'on voit arriver une bonne heure avant la fin. Toutefois Saulnier sait s'entourer et trouve ainsi un casting solide ( a défaut d'avoir des personnages bien écrit) ou quelques noms sont susceptible de vous surprendre. Il y a donc Anton Yelchin dans l'un de ces derniers rôles. Une composition toute en subtilité, ou l'on ressent toute la fragilité de cet acteur. C'est ce qui donne se ce contraste à l'écran, entre l'horreur de la situation et le gabarit plutôt frêle de l'interprète. Puis il y a Imogen Poots, Alia Shawkat, Joe Cole, Callum Turner et l'un des habitués de Saulnier, Macon Blair ! Mais celui qui m'a fait tenir une heure trente devant c'est Patrick Stewart. Le sympathique professeur Xavier incarne un skin-head neo-nazi vraiment flippant et c'est le seul personnage réussit ! Chaque apparition ou dialogue glace le sang et dans la façon même qu'a le réalisateur de le filmer, on sent un changement, une envie d'iconiser le personnage et de le rendre mémorable. 


C'est la dernière fois que je regarde l'un de ses films.

POSTER DE HARIJS GRUNDMANIS

Tout sur ma mère


Manuela, infirmière, vit seule avec son fils Esteban, passionné de littérature. Pour l'anniversaire de Manuela, Esteban l'invite au théâtre ou ils vont voir "Un tramway nommé désir". A la sortie, Manuela raconte a son fils qu'elle a interprété cette pièce face a son père dans le rôle de Kowalsky. C'est la première fois qu'Esteban, bouleversé, entend parler de son père. C'est alors qu'il est renversé par une voiture. Folle de douleur, Manuela part à la recherche de l'homme qu'elle a aimé, le père de son fils. 

Tout sur ma mère – 19 Mai 1999 – Réalisé par Pedro Almodovar


Lors de l'arrivée de la T.N.T, on s'est extasié du nombre de chaînes et de l’accès à tous le monde au numérique. Mais force est de reconnaître que la T.N.T à les défauts de ses qualités, à savoir un grand nombre de programmes sans intérêt qui ne sont là que pour le remplissage. Si au début cela fonctionnait, elle a de plus en plus de mal à cacher ses vices. Malgré tout il arrive que quelques chaînes face une place particulière au cinéma, avec des cycles thématiques, comme ce que la chaîne Chérie 25 propose. Le dernier en date ? Celui sur Pedro Almodovar qui à commencer par « Todo sobre mi madre » ou plus simplement « Tout sur ma mère ».

Manuela est une infirmière célibataire qui fait tous ce quel peut pour satisfaire les besoins de son fils Esteban. Un enfant féru de littérature et de cinéma, qui passe son temps à écrire. Un passe temps qui ne masque pas les blessures du passé, dont l'absence d'un père qu'il aimerait tant connaître. Le jour de son anniversaire, Manuela emmène son fils voir « Un tramway nommé désir » et à la sortie il ne souhaite qu'une chose, c'est avoir l'autographe de l'actrice principale. Hélas en tentant de l'avoir, le sort s'acharne et Esteban meurt des suites d'une collision avec une voiture. Ironie cruelle, Manuela qui coordonnait les dons d'organes, accepte que le cœur de son fils soit transplanté et sauve la vie d'une personne. Dévastée, perdue et sans repère, elle quitte tout et décide de revenir sur son passé, à Barcelone, pour reconstruire sa vie et pour retrouver le père d'Esteban. Une nouvelle aventure, ou des amitiés anciennes seront renoués, des nouvelles crées et ou des cœurs perdus seront recollés, par des femmes de caractères ou la solidarité n'est pas un vain mot

Quant a la fin d'un film j'ai envie qu'il continue, c'est plutôt bon signe et « Tout sur ma mère » fait partie de ce genre là. Un film de Pedro Almodovar qui est bien loin de « La Piel que Habito », le dernier film en date du réalisateur que j'ai pu découvrir. Ici point de thriller, point de docteur ivre de vengeance, mais une histoire pleines de vie, pleines de femmes ou Almodovar livre une part de lui.

Le scénario du film est écrit par Pedro Almodovar en personne et il conte l'histoire de Manuela, Huma, Nina, Rosa, Agrado et Lola. Le leitmotiv des personnages ? L'envie de vivre ! Forte, prenante et impalpable, elle est le moteur de l'intrigue qui se densifie rapidement en ajoutant plusieurs personnages d'un coup. On passe ainsi de Manuela éplorée par la mort d'Esteban à un groupe de femmes de tout age et de toute horizon à qui il ne reste que leur inébranlable solidarité pour surmonter les vicissitudes de la vie. Chacune à son tour voit sa vie prend un tour inattendu, Manuela vient reconstruire sa vie et trouve une fille de substitution avec Rosa qui découvre quant à elle, la dureté d'une vie sentimentale impitoyable. Agrado l'amie transsexuelle de Manuela se range auprès de l'immense Huma, comédienne qui a bien du mal avec Nina sa compagne, une toxicomane de plus en plus accroc à la drogue. Et enfin Lola, le père transsexuelle et ex-mari de Manuela (Amant de Rosa) qui revendique le droit de voir ses enfants.

Un éventail de situation qui permet à Almodovar d'explorer (presque) toutes les facettes d'une femme, que cela soit la mère, l'amante ou l'enfant, il livre un portrait complexe sur la vie d'une femme et sur toutes les difficultés qui peuvent se dresser devant elle. Tout cela sans aucun tabou et avec une énergie sans égal qui nous porte au plus près de ces personnages passionnant. Tantôt émouvant, révoltant, désespérant ou encore attachant, il offre un instant d'immortalité ou il rend grâce a la femme en général, mais aussi aux actrices et enfin à sa mère, pendant plus d'une heure ou l'on reste béat devant tant de courage, d'amour et de tolérance.

Un scénario habilement construit que le réalisateur magnifie à merveille. Une mise en scène élégante, très aérienne qui rend à l'écran, la chaleur qu' Almodovar et les interprètes nous donnent tout au long du film. Il profite de la magnificence de Barcelone, pour filmer de magnifique décors, des intérieurs aux tons rouge, orange et jaune à l'esthétique qui semble sortie des années soixante-dix. Un écrin idéal ou les péripéties s’enchaînent sans réel temps mort, avec rythme et efficacité ou l'humour communicatif désamorce les tensions, sans jamais occulter la gravité des sujets abordes. Une justesse que l'on doit autant à Almodovar qu'a ses nombreuses interprètes qui se donnent à 100%. On y trouve l'immense Marisa Paredes qui vous cloue sur place par son talent, Candela Pena qui joue sa chérie ne démérite pas et joue avec intensité; Antonia San Juan qui se trouve derrière le personnage d'Agrado est d'une générosité à toute épreuve, elle fait part d'un naturel désarmant qui en désarçonnera plus d'un; Pénélope Cruz est une sœur au cœur d'or et a la sensibilité exacerbé; Toni Canto quant à lui joue Lola, un personnage mystérieux que l'on voit peu mais qui s'avère attachant et pour finir la magnifique Cecilia Roth qui prend les traits de Manuela, une femme au courage exemplaire et au dévouement sans faille pour les siens ou l'actrice livre une performance de choix, qui lui valut un Goya en 2000.

Une vrai perle ...


Ascenseur pour l'Echafaud


Un homme assassine son patron avec l'aide de sa femme dont il est l'amant. Voulant supprimer un indice compromettant, il se retrouve bloqué dans l'ascenseur qui l'emporte sur les lieux du crime.
Ascenseur pour l’échafaud – 29 Janvier 1958 – Réalisé par Louis Malle

Si l'on met de la volonté chaque dimanche pour découvrir un nouveau film du patrimoine français, il faut quand même un peu plus que ça pour que l'on se tienne devant. Ici cela coulait de source, un pitch savoureux et prometteur, puis un titre qui sonnait bon le thriller. Les voyants étaient donc au vert pour découvrir avec envie « Ascenseur pour l'échafaud », le premier long métrage du tout jeune à l'époque Louis Malle.

Florence Carala est la femme d'un grand patron français et elle a tout pour mener une vie heureuse à l'abri du besoin. Hélas pour son époux, elle est éprise d'un certain Julien Tavernier, un collaborateur de son mari. Un amour réciproque à la force incommensurable, si intense qu'ils décident d'éliminer le mari gênant. Julien est un ancien militaire et imagine tout un stratagème bien ingénieux pour tuer son patron, faire passer cela pour un suicide et enfin s'enfuir. Le jour J tout ce passe comme il le souhaitait, sauf qu'au moment de partir, il a oublié la corde qui lui a permit de passer d'un étage à l'autre. Inquiet il remonte en prenant l'ascenseur quand celui ci se bloque, compromettant ainsi tout ce qu'il avait fait. Florence le croit partir avec la fleuriste en voiture, alors que ce n'est que Louis et la dite fleuriste Véronique qui emprunte pour un temps donnée la voiture de Julien Tavernier. Une virée qui tournera vite au drame et qui aura des répercussions imprévues.

Une fois le film fini je ne peux cacher ma déception. Pas tant que le film soit mauvais, ce qu'il n'est pas, mais il est bien loin de ce que j'avais pu imaginer. Une faute qui m'en incombe, car ce n'est pas la faute au film si il n'est pas à l'image de ce que je croyais, mais bien la faute à ma tète qui s'était déjà fait tout le film à partir du pitch et qui avait imaginer un thriller à suspense, digne d'Alfred Hitchcock. Mais c'est hélas tout le contraire qu'a réalisé Louis Malle; on est sur un film assez lent, voir mélancolique, ou les nombreuses chansons de Miles Davis raisonne dans les cœurs des personnages. Un élément incontournable qui souligne cet amour fou qui les lie, les unis et les qui les amènent irrémédiablement à leur perte. Un romantisme particulier, constamment à fleur de peau qui vient au fur et a mesure que l'intrigue se délie.

Une ambiance extrêmement travaillée qui permet au film de proposer autre chose et de sortir d'un certain modèle pré-définie que le cinéma dicterait au réalisateur. Louis Malle qui signe ici son premier long-métrage, adapte l’œuvre de Noël Calef et réalise un film précis, bien rythmé, du moins c'est en adéquation avec histoire et surtout c'est d'une esthétique irréprochable. Et même si je n'ai pas était complètement séduit, ce que le film nous transmet, ce mélange de film noir et de thriller est d'une efficacité à toute épreuve, ou la composition des plans n'a d'égal que la précision de la bande originale de Miles Davis. Un écrin en noir et blanc magnifique ou des acteurs au talent indéniable se donne la réplique, on voit ainsi Jeanne Moreau en amoureuse éprise, Maurice Ronet en amant diabolique, Georges Poujouly en blouson noir impétueux, Yori Berlin l'ingénue et enfin un certain Lino Ventura dans le rôle de l'imposant commissaire Cherrier.

 Film noir d'une grande élégance et d'un romantisme à fleur de peau.

The Mummy [Trailer V.O.S.T]



Il y a eu la Momie avec Boris Karloff, la Momie avec le duo Arnold Vosloo/Brendan Fraser à ses trousses et maintenant il y a "The Mummy" version 2017, avec Tom Cruise et Sofia Boutella en momie. Un film qui amène sa pierre à l'édifice du "shared universe" entre "Monstres" qu'Universal mets sur pied depuis quelques années. Avec ce film on se trouve loin du mythe habituel, il n'y a pas d'Imhotep ni d'aventureux aventurier prêt à en découdre, juste Tom Cruise en membre de l'armée américaine qui réveille par hasard une momie vieille de plusieurs milliers d'années.

Pour l'instant on en voit trop peu pour être totalement séduit, mais la scène de l'avion à de l'allure et les péripéties s'annoncent dantesque. Bref c'est assez intéressant pour un reboot et c'est toujours prévu pour le 7 Juin 2017.


Bien qu’elle ait été consciencieusement enterrée dans un tombeau au fin fond d’un insondable désert, une princesse de l’ancienne Égypte dont le destin lui a été injustement ravi, revient à la vie, et va déverser sur notre monde des siècles de rancœurs accumulées et de terreur dépassant l’entendement humain. Des sables du Moyen Orient, aux pavés de Londres en passant par les ténébreux labyrinthes d’antiques tombeaux dérobés, LA MOMIE nous transporte dans un monde à la fois terrifiant et merveilleux, peuplé de monstres et de divinités, dépoussiérant au passage un mythe vieux comme le monde.


Z


Un député progressiste est assassiné dans un pays méditerranéen. Le juge d'instruction s'occupant de l'enquête met en évidence, dans ce crime, la participation de l'armée et de la police.

Z – 26 Février 1969 – Réalisé par Costa-Gavras


Parfois il suffit d'un rien pour découvrir un film. Il peut s'agir du réalisateur, des acteurs, du genre ou bien souvent du sujet aborder. Toutefois cela ne se limite pas à ça et c'est le cas ici, car j'ai découvert « Z » de Costa-Gavras en me penchant sur la filmographie de Oliver Stone, qui cite ce film comme inspiration notamment pour son splendide J.F.K. Et comme j'adore le film d'Oliver Stone, que ce fut tout naturel de découvrir « Z », un film éminemment contestataire …

Dans un pays que l'on ne nomme pas, mais que l'on apparente sans forcer à la Grèce est le théâtre d'une contestation nourrie. Elle prend le trait d'un député progressiste qui se nomme « Z » et qui doit donner une conférence contre le nucléaire. Hélas les partisans du député doivent faire face à un gouvernement hostile, qui a autorisé la conférence mais qui fait tout pour l'interdire de manière officieuse. La salle qui devait l'accueillir ne peut plus, les autres se dérobent étrangement et ils se font harceler par des militants de droite qui n'hésitent pas à user de violence. Tout ce climat délétère se dégrade encore plus à l'arrivée du député, mais cela ne lui fait pas peur et il fait en sorte que sa conférence est lieu. Mais ce qui semblait être une tentative d'intimidation classique, tourne au traquenard et le député est victime d'un attentat dans la plus grande des confusions. L’enquête qui suivra aura pour but d'éclairer les zones d'ombres qui entourent le meurtre du député. Très vite, il s'avère que cela remonte jusqu'au plus haute sphère de l'état.

Au final c'est un film d'une extrême intelligence, militant et incroyablement lucide dans les faits qu'il raconte. Une histoire qui permet à Costa-Gavras de livrer un film engager contre les régimes dictatorial, déclarés ou non. C'est ce que le livre éponyme de Vassilis Vassilikos dont le film est l'adaptation parle, notamment par le biais de l’assassinat du député Grigoris Lambrakis.

Ici le réalisateur vise par cet intermédiaire deux périodes bien spécifique dans laquelle la Grèce est, ou a été plongé. Il s'agit de la période comprise entre 1952 et 1963 qui se caractérise par un régime faussement démocratique ou toute opposition est systématiquement réprimée sous couvert de la lutte contre le communisme et de « La dictature des Colonels » entre 1967 et 1974 qui voit l'arrivée au pouvoir de l'armée assortie d'une nouvelle répression. Un climat propice au pire bassesse comme l'assassinat d'un opposant qui déboucha à une mascarade d'une ampleur phénoménale.

C'est la que le film de Costa-Gavras est brillant car il ne se contente pas de nous énumérer les faits et les diverses manœuvres politiques dont le député est victime, il tourne ça à la dérision, voir à la satire. C'est drôle, burlesque et cela ne manque pas de second degré, car ce que l'on voit paraît tellement loin, tellement aberrant pour nous, que cela soit à l'époque en France ou maintenant (Quoique) que le rire vient naturellement pour décompresser. Un ton inattendu qui rend le film à la fois digeste et extrêmement fluide, de plus le fait de ne pas dire ou cela se passe exactement, rend le travail de Costa-Gavras encore d'actualité.

Marginalise t-on des mouvements d'oppositions ? Essaye t-on d'intimider des minorités régulièrement ? La justice est elle vraiment équitable ? La police est elle impartiale ? Couvre t-on les violences policières ? Est ce que les responsables politiques se tiennent du coté des citoyens ? Est ce que l'on vit dans des vrais états démocratiques ? Sommes-nous vraiment libre ? Bref si la liste peut être encore plus dense, cet ensemble de question que le film soulève est toujours aussi pertinent, que cela soit sur les régimes totalitaires en court à l'époque ou bien évidemment sur les dérives autoritaires des gouvernements des « grandes » démocraties.

Quant au casting il est superbe et brillamment dirigé. Parmi cette pléiade d'acteurs et d'actrices, ils sont deux à s'élever au dessus du reste, il s'agit de Yves Montand et de Jean-Louis Trintignant. Le premier avec toute l'élégance qui le caractérise joue le député « Z » (Grigoris Lambrakis), un homme de conviction que rien n’arrête même pas les menaces de mort à son encontre. Montand donne toute la hauteur et l'empathie qu'il faut à cet homme pour que l'on s'attache à lui malgré une certaine distance qu'implique son rôle. Quant au second, il joue le juge d'instruction en charge de l’enquête concernant l'attentat qui à coûté la vie au député. Discret, taiseux et pugnace, Jean-Louis Trintignant dégage beaucoup d'autorité et d'assurance pour mener à bien une enquête semer d’embûches, tout en ne laissant pas la place aux militaires voulant influencer les débats. A leurs cotés, on trouve aussi Irène Papas, Charles Denner, Bernard Fresson, Jean Bouise, Pierre Dux ou encore Jacques Perrin

Un film fort, sur un sujet fort et qui éveille les consciences.