Snowden


Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée.
Snowden – 2 Novembre 2016 – Réalisé par Oliver Stone

Oliver Stone n'est pas mon cinéaste favori, mais à chaque fois que je découvre l'un de ses films, il ne cesse de me faire m'interroger sur ce que je viens de voir à l'instant. Sur l'histoire qu'il raconte, sur les images, leurs poids, leurs sens ou leurs utilisations. Car oui Oliver Stone est un cinéaste engagé et c'est « là», la particularité première de son cinéma. Il bouscule, harangue et interroge avec une radicalité qui l'honore, cependant cela ne marche pas toujours, mais c'est le jeu avec lui, soit vous aimez, soit vous détesterez. Il n'y a pas d'entre d'eux et même si le dernier film de bon qu'il est fait à mes yeux date de 2004 avec « Alexandre », il était hors de question que je rate pour autant sa rencontre avec « Snowden »

« Le lanceur d’alerte est une personne qui, dans le contexte de sa relation de travail, signale un fait illégal, illicite et dangereux, touchant à l’intérêt général, aux personnes ou aux instances ayant le pouvoir d’y mettre fin. »

2013. La réalisatrice de documentaire Laura Poitras et le journaliste Glenn Greenwald sont à Hong-Kong pour rencontrer un certain «Edward Snowden ». Cet ancien employé et contractuel de la NSA doit leur faire d'immenses révélations sur divers programmes de surveillance de masse qu'il a put récolté lors de son dernier travail à Hawaï. Mais ils ne le connaissent pas vraiment et ne savent pas l'ampleur de ce qui va arriver. Toutefois, ce n'est pas ça qui va impressionner Laura Poitras et c'est avec bienveillance et tact qu'elle amène Snowden à se confier à eux. Tout commence en 2004 lorsque Edward Joseph Snowden alors agé de 21 ans intègre l'armée américaine, avec des principes pleins la tête. Ce n'est pas de tout repos et il donne tout, hélas le physique ne tient pas et lors d'un exercice anodin il se casse les deux tibias et se retrouve réformé. Pas abattu par ce qui lui arrive, son talent en informatique, son intelligence et son sens de la patrie, lui ouvre les portes des agences de renseignements américaines et très vite, il s'y fait une place de choix. Mais petit à petit, Snowden verra ses convictions bafouées et malmenées par les pratiques plus que douteuses de ces employeurs, jusqu'au ou il ne put plus fermer les yeux dessus …

Est ce qu'on a retrouver le grand Oliver Stone avec ce film ? Celui de l'immense J.F.K ? Malheureusement non. Mais le film n'a cependant pas a rougir du résultat, car d'une c'est un film plus que correct et surtout on retrouve enfin un Oliver Stone critique, qui transmet ce regard acerbe qu'il à sur le monde. De par son sujet, de par les questions qui soulèvent, que cela soit sur le gouvernement américain, sur les agences de renseignements, sur les hommes et femmes qui composent ces agences et sur la liberté dans son sens le plus large, « Snowden » à réussi son pari …

Le scénario est écrit par Oliver Stone et Kieran Fitzgerald. Ils se basent sur les livres « The Snowden Files » de Luke Harding et « Time of the Octupus » d'Anatoli Koutcherena, auquel on peut ajouter l'étroite collaboration d'Edward Snowden, notamment sur le fonctionnement des institutions comme la NSA par exemple. Mais là ou on pouvait s'attendre à apprendre plein de choses sur les révélations de Snowden, l'histoire prend le contre-pied de ça en montrant l'autre face de ce lanceur d'alerte, celle de l'homme derrière la machine, celle du gars qui ne veut que servir son pays. Et dans un premier temps c'est assez surprenant, car il faut se l'avouer ce n'est pas très intéressant, ses classes dans l'armée, sa rencontre avec Lindsey ... Sauf que plus le film avance et plus tout ça prend du sens, on comprend ainsi mieux les motivations du personnage, sa personnalité, son envie de bien faire et surtout de servir des grandes causes. Une composante inamovible de sa personne, qui rentre constamment en conflit avec celle prise par la place de sa chérie; une femme qui est son stricte opposé, idéologiquement comme professionnellement, le miroir d'une vie qu'il n'aura jamais mais qui paradoxalement lui donne l'envie de se battre pour ça. La recherche d'un équilibre constant que Snowden ne trouvera qu'en allant au bout de ces convictions …

« De oppresso liber » ou « libéré de l'oppression »

Cette locution latine qui sert de devise au forces spéciales américaines. Une devise que « Snowden » fait siennes et qui témoigne du jusqu'au boutisme de cet homme aux convictions sans failles, qui a choisi l'exil à une vie confortable dans l'archipel d’Hawaï. Un sacrifice qui mets en lumière bien des choses. Un monde toujours scindé en deux, ou les grandes puissances s'affrontent indirectement, ou les intérêts militaires sont toujours prédominant et ou l'on s'assoit sur les libertés fondamentales des citoyens. Un monde ou l'on est faussement libre, ou d'un clic n'importe quelle personne peut se faire espionner, voir sa vie décortiquée, sans que quiconque ne soit au courant, même pas la justice. Tout ça dans le silence coupables des dirigeants de nos nations. Et malgré le regard désabusé d'Oliver Stone, le film est porteur d'espoir, d'un espoir de fou incarner par la personne de Edward Snowden. Un homme qui ne se pose pourtant pas en exemple, car il n'a fait que ce qui lui semblait juste, à savoir rendre le choix et la connaissance aux personnes.

S'il y a deux, trois effets de style dont Stone aurait clairement pu ce passer, le film est globalement bien réalisé. Le réalisateur fait dans la sobriété et illustre son récit sans trop d'éclat, si ce n'est deux séquences dont il a le secret, comme lorsque Snowden explique à Laura Poitras le fonctionnement de la surveillance de la NSA, brillante et effrayante démonstration du pouvoir de ces programmes, ou encore lors d'un face à face saisissant avec son mentor de la CIA. Deux séquences vraiment bonnes et maîtrisées que l'on aurait aimeévoir bien plus souvent, ne serait-ce que pour donner un peu plus de cachet et de rythme à un film qui en manque parfois énormément. Malgré tout cela sied assez bien au message que Stone veut faire passer, avec une dose de bon sentiment, mais surtout beaucoup d'humanité, le final étant là pour toucher et marquer les esprits. D'ailleurs il est bien de saluer la performance du casting dans son ensemble, qui donne ce qu'il faut avec les rôles qu'on leur à attribué. Joseph Gordon-Levitt tient ici son meilleur rôle à ma connaissance, une performance de qualité, pleines de nuances et de justesse qui tient le film de bout en bout. Un dévouement à son rôle qui ira jusqu'à prendre le ton, la diction et l'intonation du vrai Edward Snowden. A ses cotés l'excellente Melissa Leo dans le rôle de Laura Poitras, le très bon Zachary Quinto dans celui de Glenn Greenwald et Tom Wilkinson dans celui de Ewen MacAskill. La jeune actrice Shailene Woodley joue Lindsay Mills, la copine de Snowden et son personnage est tellement réduit à n’être qu'un pion que son jeu s'en ressent, c'est très limité. Puis il y a Nicolas Cage, impeccable en Hank Forrester, Scott Eastwood en Trevor James ou bien sur Timothy Olyphant dans le rôle du cynique Matt Kovar. Mais l'autre grande performance reste celle de Rhys Ifans dans le rôle de Corbin O'Brian, un ponte de la C.I.A qui réserve énormément de surprise …

Un film nécessaire et d'utilité publique ! 

Sequel 2 ou l'exposition qui fait vivre l'imagination


Sequel ! Un bien vilain mot que tout cinéphile appréhende. Car oui faire une suite est tout un art et très souvent, on a droit à des suites de films dont on se serait bien passés. Surtout qu'aujourd'hui c'est devenu le synonyme d'une certaine paresse intellectuelle.

Mais il y a deux ans, une galerie de Los Angeles "Iam8bit" commande à divers artistes les affiches de films qu'ils souhaitent, avec comme seul leitmotiv d'illustrer une suite qui n'a pas encore vu le jour. Un principe fort qui place l'imagination au centre du processus créatif. 

Et c'est ainsi fort du succès de la première édition que des le 30 Novembre, une nouvelle exposition s'ouvre, sobrement intitulée "SEQUEL 2" avec son lots de travaux de qualités.

Being Jeff Goldblum par Austin James

 Close Encounters 2 par Rich Davies

Dredd 2 par Chris Skinner

 E.T.The Return par Andy Fairhurst
 Egg Shen and the Six Demon Bag par Orlando Arocena

 Furiosa par Nikita Kaun

Monty Python and the Holy Grail 2 par Goncalo Viana

 Porco Rosso 2 par Drew Wise

Purple Rain Encore par Antoine Revoy

Revenge of the Shogun: The Last Dragon 2 par Fred Gago

Son of Scissorhands par Mark Borgions

Speed Racer 2 par Andrew Kolb

 Superman par Doaly

 Tank Girl 2 par Mike Huddleston
The Book of Life 2 par Jorge R.Guttierez et Paul Sullivan


 The Power of the Dark Crystal par Ashton Dame


 "Who Shot Roger Rabbit ? " par Kevin Wilson


Dernier Train pour Busan


Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...
Dernier Train pour Busan – 17 Août 2016 - Sang-Ho Yeon

Cette année, le cinéma coréen se conjugue à la cannoise ! Un tremplin incontournable qui semble avoir portés bonheur à trois de ces films. De l'exigeant « Mademoiselle » de Park Chan-wook qui était en compétition officielle, au mystique « The Strangers » de Na Hong-Jin présent en hors-compétition à l'éprouvant « Dernier Train pour Busan » qui a eu le droit de décoiffer les festivaliers en séance de minuit. Une proposition de cinéma radicale, originale et diversifiée, ou l'on trouve une belle et tendre histoire d'amour saupoudrée d'une dose de policier, un thriller surnaturel dans la campagne coréenne et enfin pour celui qui nous intéresse ici; un film de zombie entre survival horrifique et mélodrame familial.

Seok-woo est un employé dévoué à son travail dans la finance. Si bien qu'il n'est plus marié, que sa fille le rejette et comble du comble, sa mère vit avec lui. Une situation qu'il assume assez bien, sauf par rapport à sa fille. Cependant il sait que c'est de sa faute, il ne fait guère attention à elle, lui offre un cadeau qu'il lui a déjà offert quelques mois plus tôt et il rate des spectacles à son école. C'est ainsi que la petite Soo-an souhaite rentrer chez sa mère, lasse d'un père de plus en plus distant. Le lendemain, il se dirige vers le centre de Séoul pour prendre le train qui les emmènera à Busan, la ou se trouve la mère de Soo-an, l'ex de Seok-woo. Installé confortablement dans le Korean Train Express (KTX) , ils attendent le départ du train, quand une étrange personne monte dans le train. Cette jeune femme, visiblement mal en point se transforme en zombie et attaque un membre du personnel de bord. Très vite, le voyage qui devait s’avérer paisible, se change en un chemin de croix pour la survie. Contre les zombies et le monde des hommes particulièrement malveillant …

Comme les onze millions de spectateurs qui se sont déplacés en Corée pour découvrir « Dernier Train pour Busan », j'ai été cueilli par l'efficacité formelle de ce premier long métrage live de Sang-Ho Yeon. Habitué avant tout au monde de l'animation, dans lequel il a fait ses débuts, notamment avec deux films aux tons sombres et désabusés s'intitulant « The Fake » et « The King of Pigs ». Un style bien particulier qu'il utilise à nouveau pour « Seoul Station ». Un film de zombie propice à la critique acerbe de la société sud-coréenne. Et c'est lors du tournage de ce film que l'idée du « Dernier Train pour Busan » lui est venu. Persuader que traiter son sujet d'une façon plus commerciale et avec une touche de fond, cela serait idéal pour un film en prises de vues réelles. Il est ainsi encouragé par sa société de production pour mettre ses idées à exécution. Une bonne idée vu que le succès du film à supplanter la sortie de « Seoul Station » qui devient par la même occasion, un prequel tout trouvé …

Sang-Ho Yeon qui est aussi scénariste sur son propre film écrit une histoire à la fois claire comme de l'eau de roche et d'une très grande efficacité, que cela soit d'un point de vue dramatique ou purement fonctionnelle. Premier bon point, l'intrigue n'attend pas pour démarrer, on est tout de suite dans l'urgence et la tension vous prend tout de suite au tripes. Je comprend que cela déstabilise, mais cela permet surtout de mieux développer ce que le réalisateur veut nous dire. Ce sont les actes qui définissent les hommes et les femmes, alors quoi de mieux que de les mettre en scène dans un contexte de fin du monde.

Le fil narratif est d'ailleurs très simple. C'est un groupe d'individus qui doit se déplacer d'un point A à un point B, tout en survivant au différentes vagues de zombies. Et c'est la que le réalisateur est malin car il ne va s'appuyer que sur une sommes d'archétypes (personnage comme situation) pour nous faire rentrer en empathie envers ces personnages. Un homme qui protège sa femme, un père qui protège sa fille ou encore des amies qui s'entraident (l'équipe de baseball), puis des que cela se complique, les camps s'opposent, les gens cloîtrés face aux survivants de l'extérieur ou on ne peut que les trouver odieux, ou encore les divers personnages sacrifiés pour que ceux qu'ils aiment survivent (Le père pour sa fille, le futur père pour sa femme). Des ressorts classiques (le mélodrame), mais qui sont d'une efficacité redoutable. A cela on rajoute la réalisation dynamique, claire et parfaitement rythmée de Sang-Ho Yeon et on obtient un gros shoot d'adrénaline de deux heures puissamment anxiogène.

Mais hormis l'action, il ne propose pas que ça. Les interactions sociales entre les divers personnages dépeignent une société sud-coréenne riche mais ou l'individualisme et les inégalités se creusent de plus en plus. C'est ainsi qu'on trouve des enfants, un père accroc à son travail dans la finance, un grand chef d'entreprise, un père en devenir, une femme enceinte, des lycéens, des sœurs qui vivent ensemble, un vagabond et bien d'autre gens qui sont représentatifs des différentes couches de la société sud-coréenne. La tension exacerbe les différences entre les individus, notamment le clivage le plus basique entre Riche et Pauvre. De plus le train est parfait pour cloisonner et séparer les gens. Chaque groupe bloqué dans une rame voit celui qui est en dehors de son semblant d'espace sécuriser comme une menace, il n'y a aucune empathie, aucune solidarité et cela pendant près de deux heures. Un nihilisme désespérant ou seul échappe une femme enceinte et une enfant, deux lumières dans le chaos, deux femmes …

Malgré tout le bien que je pense de « Dernier Train pour Busan », je le trouve assez décevant ! Je ne renie pas ce que j'ai dit plus haut, j'ai passé un excellent moment, j'ai été pris aux tripes et j'ai même énormément pleurer. Cependant je ne peux que regretter la trame sans surprise du film, la simplicité des rapports décrits et les nombreux personnages qui ne sont que des caricatures. L'histoire du film ne propose aucune surprise, aucun rupture inattendue, on est dans un schéma si prédéfini que l'on sait comment le voyage finira et cela malgré l'efficacité relative de l'histoire. Quant aux rapports entres les personnages, c'est manichéen au possible, c'est gentils vs zombies, puis gentils vs méchants vs zombies, avec des méchants qui deviennent gentils et le méchant qui meurt au final, bref cela m’amène au personnage. Des archétypes de tout les cotés, le méchant PDG d'entreprise, le père absent, l'homme fort, le couple d'amoureux, les sœurs et j'en passe. Une pléiade de personnage plus ou moins passionnants qui ne vont hélas pas plus loin (hormis un) que leur condition de départs.

Quant au casting, il se démerde bien et se révèle convaincant, du moins pour une partie. Gong Yoo est celui qui joue le père de Soo-an. Tiré à quatre épingles au début, il incarne bien la rigidité que demande son travail et cela contraste très bien avec le chaos ambiant du film. Détestable au début, il gagnera notre sympathie par les actes et en s'ouvrant aux autres. Puis il y a Kim Soo-an, une jeune actrice au naturel désarmant et à l'émotion à fleur de peau. Ma Dong-seok c'est mon préféré, c'est celui qui joue le mari de la femme enceinte (Jeong Yu-mi). Un colosse au cœur tendre qui ne pense qu'au bonheur futur de son épouse pour laquelle il se sacrifiera. Un acteur touchant de par son rôle, sa fonction dans l'histoire et de par son abnégation qui transpire à l'écran. Jeong Yu-mi qui joue sa femme est très touchante elle aussi, simple et directe, un contrepoids nécessaire et complémentaire à son partenaire à l'écran. Il y a aussi les sympathiques Choi Woo-sik et Ahn So-hee dans le rôle de lycéens, puis pour finir l'insupportable Kim Ee-seong dans le rôle du grand méchant patron. 

Shoot d'adrénaline intense mais terriblement basique dans son écriture.


Le Cercle Rouge


Un truand marseillais, un détenu en cavale et un ancien policier mettent au point le hold-up du siècle. Le commissaire Mattei, de la brigade criminelle, leur tend une souricière.
Le Cercle Rouge – 1 Octobre 1970 – Réalisé par Jean-Pierre Melville

« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. » 

Corey est un truand marseillais qui vient de finir de purger une peine de 5 ans d'emprisonnement. Ce détenu modèle et discret semble être apprécié des gardiens. Si bien que l'un de, lui propose l'idée d'un braquage. Mais pour l'instant Corey n'a que sa sortie en tête. Et il s'avère qu'il n'est pas vraiment content, car le milieu la laissé en plan et lorsqu'il sort, il se sert chez son ancien chef en argent, parce qu'il en a envie et qu'il en a besoin. Il s’achète une voiture et file vers Paris. D'un autre coté, le commissaire Mattéi escorte un prisonnier en train, sous bonne garde « Vogel » réussit malgré tout a s'échapper. La police sous l'impulsion du commissaire Mattei lance la traque et quadrille le terrain avec minutie; mais le suspect est intelligent. Il arrive à passer entre les mailles du filet et il trouve refuge dans le coffre d'une voiture, celle de Corey. Une rencontre impromptu ou va naître une amitié franche et singulière.

C'est le deuxième film de Jean-Pierre Melville que je découvre et c'est une fois de plus un très grand film. Un polar dans la droite lignée du film « Le Samourai » qui continue cette plongée dans le monde du grand banditisme. Avec une approche qui va bien au delà du simple constat gentil/méchant que l'on pourrait croire. Melville et son style minimaliste dresse avec minutie le portrait d'homme face à l'inévitable fatalité de la vie.

Le scénario écrit par Jean-Pierre Melville en personne se base principalement sur la citation que l'on trouve au début du film. On a quatre personnages principaux, le truand qui sort de prison (Corey) celui qui est en cavale (Vogel), l'ex policier (Jansen) et le commissaire (Mattei). Quatre « Samourai » qui suivent leurs chemins, avec leurs propres codes. Des règles de vies essentielles pour survivre dans un environnement ou la traîtrise et la lâcheté sont les maîtres mots de ceux qui veulent vous voir à terre. La solitude devient ainsi l'armure la plus efficace pour se préserver, que cela soit pour un policier, un ex-flic ou encore pour deux criminels qui vont collaborer parce que le destin l'a décidé ainsi. Un choix de vie qui cache des hommes bien plus complexes qu'ils en ont l'air, ils sont loin de tout manichéisme, personne n'est ni blanc, ni noir, mais plus une infinité de nuances de gris, ou l'intelligence n'est pas l'apanage du « gentil », ou la cruauté n'est pas forcément réservé au criminel et ou le respect existe entre eux.

Une richesse que le réalisateur cultive et nourrit, notamment par une mise en scène épurée, proche du muet par instant, ou seul les actes comptent, ou les regards parlent autant que mille mots. L'amitié entre Vogel et Corey n'a pas besoin de justification, car elle est naturelle: le sacrifice de Jansen est tout autant un acte de bonté qu'une échappatoire libératrice qui laisse remonter la rancœur d'une mise au placard injuste. Une justesse dans le ton que l'on doit à la mise en scène particulièrement inspirée de Melville qui n'en fait jamais trop, qui a toujours le mouvement de caméra qu'il faut et cela avec un sens de la retenue que je trouve admirable. Le rythme est maîtrisé, l'action c'est avec parcimonie et il n'hésite pas à laisser la place au silence, comme pour la séquence du casse ou pendant 25 minutes il n'y a aucun mots prononcés, juste des actes !

Quant au casting il est excellent de bout en bout ! Premièrement j'ai découvert ici la face plus sombre de Bourvil, qui campe un commissaire plus vrai que nature, avec beaucoup de calme et de réflexion. Un policier qui sort des sentiers battus et qui n'hésite pas à faire preuve d'empathie avec les personnes qu'il traque. On trouve aussi Yves Montand dans le rôle de Jansen, un ex-policier mis au rencard parce qu'il est tombé dans l'alcool, un personnage touchant qui transpire d'humanité. Puis il y a Vogel joué par le surprenant Gian Maria Volonte qui fait du criminel qu'il campe un personnage intelligent, alerte et soucieux de son prochain, comme Corey joué par Alain Delon qui sort ici une nouvelle composition proche de celle qu'il a eu dans « Le Samourai », avec cette fois-ci un soupçon de vie supplémentaire … 

Un grand film !